Baisse de la TVA dans la restauration : le gouvernement gonfle les chiffres des créations d'emplois

breve · 25 juin 2010 à 23:41

Novelli restaure l'emploi

Le gouvernement se congratule des bons résultats de la baisse de la TVA dans la restauration : "L'objectif fixé par les pouvoirs publics de 20 000 créations d'emplois en deux ans en contrepartie de la baisse de la TVA est, en moins d'un an, non seulement atteint mais dépassé", s'est enthousiasmé Hervé Novelli dans un communiqué. D'après le secrétaire d'Etat au Commerce, les statistiques de l'Insee indiquent que 21 700 emplois ont été créés depuis le 1er juillet 2009.


Réjouissons-nous avec lui !



Le problème, d'après Libération, c'est que ces statistiques ne traduisent pas exactement la réalité. En effet, les calculs se sont basés sur les données de l'hôtellerie-restauration et non de la restauration. Le premier secteur représenterait 25% de la part étudiée, ce qui n'est pas négligeable. Or, ce secteur, précisément, de l'hôtellerie-restaurant a connu la crise dès le mois de janvier 2008. 14 000 postes ont ainsi été supprimés depuis cette date. Résultat, lorsque l'on compare les 21 700 postes annoncés par le secrétaire d'État et les 14 000 supprimés, il ne reste que 7 700 postes véritablement créés. On est donc très loin des 20 000 postes supplémentaires promis lors de la signature du « contrat d'avenir » entre les restaurateurs et les pouvoirs publics en échange de la baisse de TVA. Pire, on est encore très loin du chiffre « moyen » de création d'emplois dans le secteur de la restauration. Bercy l'estime à 15 000 emplois par an. Les chiffres réels sont donc décevants puisque aujourd'hui le secteur ne génère que 7 700 nouveaux postes.

Si le gouvernement, et Novelli en particulier, se congratule, il n'est pas le seul : le syndicat des restaurateurs a annoncé triomphalement que la baisse de la TVA avait entrainé 2,6% de baisse des prix sur l'année 2009. Encore une petite erreur. Les prix, dans leur ensemble, n'ont baissé que de 1,2%. Le "contrat d'avenir", lui, exigeait une baisse de 3%. On est bien loin du compte...

Par Anne-Sophie Demonchy


Page Lue dans Libération, 14 juin 2010

Novelli et la restauration

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