Enquête · 7 mar. 2011 à 08:00
Changement de style à l'Elysée. Claude Guéant, bras droit de Sarkozy depuis neuf ans, quitte le secrétariat de l'Elysée. Pour le remplacer, un inconnu pour le grand public : Xavier Musca. Alors que Guéant se mêlait de tout, des affaires étrangères aux dossiers de politique intérieure, Musca a un profil essentiellement économique. Autre différence : le nouveau secrétaire général de l'Elysée déteste les médias alors que Guéant suscitait l'agacement de François Fillon à force de communiquer à tout va.
Portrait.
Xavier Musca est originaire de Corse. Ses grands-parents avaient émigré en Tunisie, son père y est né avant de débarquer sur l'île où il devient comme son épouse agent des PTT. Xavier Musca naît en 1960 à Bastia mais grandit à Vico. Il intègre d'abord l'Institut d'études politiques de Paris puis l'ENA et en sort diplômé en 1985. C'est dans ces années que l'on situe la rencontre avec Nicolas Sarkozy. Selon L'Express, les deux hommes auraient noué des liens par le biais de Marie-Dominique Culioli, la première femme de Nicolas Sarkozy, celle-ci étant du même village corse que Xavier Musca : Vico. Depuis Xavier Musca et Nicolas Sarkozy ne se perdent plus de vue.
Xavier Musca commence sa carrière comme chargé de mission auprès du chef de service de l'Inspection générale des finances en 1988. L'année suivante, il est nommé à la direction du Trésor où il devient en 1990 chef du bureau des affaires européennes.
En 1993, il entre dans le cabinet d'Edouard Balladur, alors Premier ministre, en tant que conseiller technique. Il retrouve alors Nicolas Sarkozy qui prépare la campagne présidentielle d'Edouard Balladur.
Après l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, Xavier Musca quitte le gouvernement pour retourner à la direction du Trésor comme chef du bureau des marchés financiers puis sous-directeur Europe en charge des affaires monétaires et internationales où il se spécialise dans la régulation des marchés financiers. En 2002, il est nommé chef du service du financement de l'État et de l'économie. Il fait la connaissance de François Pérol qui est sous-directeur du financement et développement des entreprises à la Direction du Trésor. Ensemble, ils travaillent sur différents dossiers.
En 2002, Xavier Musca est nommé directeur du cabinet de Francis Mer. Il propose alors à François Pérol de le rejoindre à Bercy en tant que directeur adjoint. Pendant deux ans, il dirige le cabinet de Francis Mer au ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Quand Nicolas Sarkozy est nommé ministre des Finances deux ans plus tard, il décide de conserver la direction du cabinet à ses côtés, à savoir Xavier Musca et François Pérol. Ensemble, ils travaillent sur différents dossiers comme le sauvetage d'Alstom, en grande difficulté au moment où il a été coté en bourse.
Mais, en 2004, Xavier Musca quitte le gouvernement pour devenir directeur général du Trésor. Parallèlement, il est élu, par les directeurs du Trésor des pays de l'Union européenne, président du comité économique et financier de l'Union européenne et du Club de Paris, chargé de la restructuration de la dette des États. A Bruxelles, il est chargé de prévoir ce qu'il faut répondre aux différents pays européens concernant la dette. Il collabore en étroite relation avec les ministres et les aiguille dans leur travail.
En février 2009, Nicolas Sarkozy nomme Xavier Musca secrétaire général adjoint de la Présidence de la République, attaché aux affaires économiques. Il remplace François Pérol qui prend la tête de la nouvelle banque née de la fusion des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Xavier Musca accède à ce haut poste grâce à ses liens avec le président de la République, liens tissés depuis une trentaine d'années et surtout pour sa connaissance de la finance et des marchés internationaux. Nicolas Sarkozy compte sur cet homme d'expérience pour trouver des solutions à la crise financière.
Parce qu'il a déjà de nombreuses fois essuyé des crises financières internationales (en Asie notamment en 1997-98), Musca parvient à faire sa place à l'Élysée. En 2009, il défend la note AAA auprès des agences de notation. L'année suivante, il participe à la réforme des retraites en donnant sa préférence au modèle allemand.
Puis, Sarkozy en fait son « sherpa » pour le G20, c'est-à-dire chargé de piloter la présidence française des G8 et G20, qui est considérée par Sarkozy comme la priorité de l'année 2011.
Lors du remaniement du 27 février 2011, Nicolas Sarkozy décide de le nommer secrétaire général de l'Élysée. Homme discret, absent des médias, Musca devrait reléguer la fonction de communiquant à Brice Hortefeux.
« M. Musca se passionne plus pour les relations internationales, l'Europe et l'euro que pour un poste qu'il juge trop politique, explique un blog du Monde.fr. “Musca veut bien gérer les affaires de l'Etat, mais il ne veut pas gérer les affaires politiques”, explique un proche du président. “Il ne veut pas recevoir les députés comme le faisait Claude Guéant, ni être le greffier de tous les entretiens politiques du président.” »
Le choix de ce nouveau secrétaire est stratégique : en vue de la présidentielle, le chef de l'État a voulu placer un proche qui connaisse parfaitement les problématiques économiques, première préoccupation des Français.
Par Anne-Sophie Demonchy
Sources
- Corinne Lhaïk, Xavier Musca, le diplomate de Bercy, L'Express, 13 novembre 2008
- Christine Ollivier, "Xavier Musca : Un Corse à l'Elysée", France-Soir, 1er mars 2011
- Arnaud Leparmentier, "Xavier Musca cumulera les fonctions de secrétaire général de l'Elysée et de sherpa du président pour le G20", Lemonde.fr, 28 février 2011