Télévision · 7 jan. 2007 à 17:53
Yves Calvi recevait mercredi 3 janvier sur son plateau Christophe Barbier (directeur de l’Express), Roland Cayrol (président de l’institut CSA), Dominique Reynié (politologue et enseignant à Sciences Po) et Eric Giacometti (journaliste au Parisien). Tous quatre étaient invités pour donner leur point de vue sur les vœux de Chirac, leur intérêt et leur évolution via un nouveau média : Internet.
Pour ses douzièmes vœux, Jacques Chirac a voulu montrer une image forte de président de la République, pleinement en exercice : il est apparu derrière un drapeau tricolore et a tenu un discours plus dynamique que les années précédentes. Selon Cayrol, il y a décrit les enjeux de la campagne présidentielle et a tracé, pour les candidats, de droite comme de gauche, un plan de route. Il est apparu comme un président « en forme », plein de projets pour 2007. Mais Barbier n’est pas de cet avis : Chirac est un « personnage à bout de souffle » : « voilà un homme qui a été élu pour réduire la fracture sociale et qui nous dit à cent jours du terme de son mandat qu’il faut réduire la fracture sociale ». C’est un véritable « échec ». Non seulement il n’a pas réduit la fracture sociale mais le chômage n’a pas non plus été enrayé : il était à 8% à son arrivée au gouvernement en 1995, il est monté à 12% pour redescendre actuellement à 8,7%. Son bilan est si catastrophique qu’il a préféré concentrer son discours sur les projets.
Yves Calvi demande si les vœux ont une réelle utilité voire
un impact sur les Français. Pour Giacometti, qui a écrit avec Henri
Vernet, Bonne année mes chers compatriotes
(aux éditions Lattès),
les vœux présidentiels sont un « rituel » mais surtout
« un carcan ». C’est Giscard d’Estaing qui a su innover
en trouvant chaque année une petite idée : une fois, il est venu
présenter ses vœux accompagné de son épouse, une autre
fois, il a énoncé son discours en paraphrasant Paul Fort. Mais dans
l’ensemble, les présidents sont peu originaux. « La prochaine
innovation, c’est sortir de l’Elysée, c’est la démocratie
participative » estime Barbier.
Ce discours de Chirac a de l’importance pour deux raisons : c’est
le dernier (très certainement) d’un président qui a gouverné
pendant douze ans et c’est la première fois, depuis 1974, que ni
le président ni le Premier ministre sortants ne se présentent aux
élections. Ils pourront ainsi travailler jusqu’à la fin de
leur mandat. Chirac d’ailleurs l’a déclaré très
clairement, et ce message vaut aussi pour tous les membres de son gouvernement,
sous-entendu Sarkozy : « L’action d’abord, la campagne ensuite
».
Pour la première fois, les candidats ont fait leurs vœux sur leur
blog. Ségolène Royal a particulièrement réussi son
initiative grâce à une mise en scène maladroite, floue et
faussement amateuriste. Sur Youtube, il existerait déjà une parodie
de ces vœux. Selon les analystes, elle saurait très bien flirter avec
l’air du temps et faire de la « politique spectacle ». 800 000
internautes auraient visionné sa vidéo, ce qui est loin d’être
le cas de celle de Sarkozy. Tandis que son blog est un véritable succès
en comptant des centaines de milliers de visiteurs, celui de son adversaire n’en
compte que des dizaines de milliers. Ségolène Royal mise donc sur
le nouveau média qu’est Internet. A l’avenir, le nouveau président
de la République aura la tâche de trouver une nouvelle façon
de présenter ses vœux. Il devra sortir du carcan qu’est l’Elysée.
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