Lors de cette élection présidentielle, on assiste à une multiplication des candidatures. A droite, Georges Pompidou et Alain Poher se portent candidat. A gauche, Mitterrand ne parvient pas à réunir toute la gauche autour d'une candidature unique comme en 1965. Par conséquent, il renonce à être candidat et 3 autres se présentent : Gaston Deferre, Michel Rocard et Alain Krivine pour l'Extrême-gauche. La gauche s'effondre au premier tour, laissant la place aux deux candidats de droite qui s'affrontent au deuxième tour. Pompidou est élu président de la République avec 57% des voix.
Les premières décisions de Pompidou sont dans la lignée de celle de De Gaulle. Il maintient la politique extérieure en défendant l'indépendance de la France sur la scène internationale. En politique économique, il poursuit la politique de modernisation qu'il avait entamé en tant que premier ministre de De Gaulle. Mais dès les premiers jours, quelques dissenssions apparaîssent entre le président et le premier ministre. Lors de son discours de politique générale, Jacques Chaban-Delmas développe le concept de « nouvelle société » et trace les lignes de sa politique. Le ton du discours en fait davantage un discours de président que de premier ministre. Chaban-Delmas entend mener une politique plus au centre que prévu.
Les premiers mois de la présidence de Pompidou sont très favorables pour la majorité de droite. La gauche est encore sous le choc de son échec aux élections présidentielles et les cotes de popularité de Pompidou et de Chaban-Delmas sont élevées. Pourtant, la mésentente du couple de l'exécutif est à l'origine des premières difficultés pour la droite. Chaban-Delmas mène une politique au centre alors que Pompidou est davantage conservateur. Les gaullistes dénoncent notamment le concept de « nouvelle société » par Chaban-Delmas, perçu comme une critique de la politique de De Gaulle. Par ailleurs, la droite est désormais divisée en deux camps : les gaullistes et les Républicains Indépendants de Giscard d'Estaing.
Après 1968, la gauche est divisée. L'élection présidentielle de 1969 où 3 candidats de gauche se sont présentés montrent les effets désastreux de cette division : aucun de ses candidats n'arrive à se qualifier pour le second tour. Dès lors, le regroupement s'avère nécessaire si la gauche souhaite remporter des élections. L'événement marquant de ces années de recomposition à gauche est la naissance du Parti Socialiste au congrès d'Epinay sur Seine en 1971. Déjouant les pronostics, François Mitterrand devient premier secrétaire du Parti Socialiste grâce à son habileté tactique. L'objectif affiché de Mitterrand est de mener les socialistes à la conquête du pouvoir.
A droite, les tensions entre Georges Pompidou et Jacques Chaban-Delmas sont de plus en plus vives. L'année 1972 est décisive : en janvier, le premier ministre doit d'abord affronter un scandale médiatique. Le Canard Enchaîné révèle que le premier ministre n'a pas payé d'impôts entre 1966 et 1969 grâce à des exonérations fiscales. Même s'il n'y a rien d'illégal, l'image de Chaban-Delmas s'en trouve ternie. Par ailleurs, en avril, un référendum est organisé par Pompidou pour tenter de relégitimer son pouvoir mais le peu de participation est un semi-échec pour le pouvoir. Sentant sa place menacée, le premier ministre tente alors de faire pression sur le président en faisant voter un vote de confiance à l'Assemblée Nationale. Ne pouvant accepter ce coup de force, Pompidou demande à Chaban-Delmas de démissionner le 5 juillet 1972.
La nomination de Pierre Messmer au poste de premier ministre est un gage de sécurité pour Pompidou. Militaire de carrière, Pierre Messmer a le sens de la hiérarchie et ne remettrait pas en cause l'autorité du président. Son arrivée à la tête du gouvernement coïncide avec le retour d'une politique conservatrice avec notamment la création d'un ministère de l'Information, comme sous De Gaulle. En 1973, des élections législatives ont lieu et voient la victoire de la droite grâce au soutien des centristes. Mais la majorité est de plus en plus divisée, les rivalités entre les gaullistes de l'UDR et les Républicains Indépendants de Giscard d'Estaing étant de plus en plus fortes.
Les derniers mois de la présidence de Pompidou se déroulent dans un climat de fin de règne. La politique du gouvernement semble de plus en plus confuse. Pompidou apparaît absent. Atteint d'une forme de leucémie, il est de plus en plus fatigué.
Le 2 avril 1974, les médias annoncent sa mort. Alain Poher assure l'intérim et de nouvelles élections sont prévues un mois plus tard. Avec la mort de Pompidou, une page de l'histoire se tourne. Héritier du général De Gaulle, sa disparition coïncide avec le début de la crise économique et les bouleversements sociaux qui en résultent.
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