En raison de la mort soudaine de Pompidou, la campagne est très courte et les déclarations de candidature se font dans la plus grande confusion. A gauche, Mitterrand est le candidat unique. A droite, Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d'Estaing se présentent. Au cours de la campagne, Jacques Chaban-Delmas ne cesse de baisser dans les sondages, tandis que François Mitterrand est certain d'arriver en tête au premier tour. Au second tour, Mitterrand et Giscard d'Estaing, au coude à coude, s'affrontent lors d'un débat télévisé. Finalement, Giscard finit par l'emporter de peu, avec 424 000 voix d'avance.
Les premières années de la présidence de Giscard d'Estaing sont marquées par des réformes symboliques : la majorité est abaissée à 18 ans au lieu de 21 ans, l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est légalisée, le divorce est facilité, l'audiovisuel est libéralisé avec l'éclatement de l'ORTF en plusieurs sociétés. Dans l'Education, la loi Haby crée le collège unique. Enfin, une réforme du Conseil constitutionnel rend sa saisine plus facile puisque désormais, 60 députés peuvent saisir le Conseil constitutionnel pour vérifier la validité d'une loi. Par conséquent, la plupart des réformes importantes de Giscard ont concerné des sujets de société.
Issu des Républicains Indépendants, Valéry Giscard d'Estaing doit choisir un premier ministre gaulliste, l'UDR étant majoritaire à l'Assemblée Nationale. Son choix s'est donc porté sur Jacques Chirac dont la jeunesse et la carrière rapide en font une personnalité compétente qui marque un renouvellement des générations. Bien qu'ayant nommé un premier ministre gaulliste, le gouvernement reste toutefois composé de non-gaullistes, manière de signifier à l'UDR que le président entend mener sa propre politique. Lors des premiers mois du gouvernement Chirac, un plan pour lutter contre la crise économique est voté mais sans réel succès sur la conjoncture.
Les rivalités entre Giscard d'Estaing et Chirac n'ont cessé de grandir. Le premier ministre avait peu de marge de manoeuvre, Giscard d'Estaing s'impliquant dans chaque dossier. Le président est partout dans les médias et laisse peu d'espace à son premier ministre. A l'Assemblée Nationale, les divisions entre les gaullistes de l'UDR et les Républicains Indépendants sont de plus en plus fortes dans la mesure où il y avait un décalage entre la politique conservatrice demandée par les gaullistes et la politique plus centriste de Valéry Giscard d'Estaing. Toutes ces divisions aboutissent à la démission de Jacques Chirac le 25 Août 1976.
Le jour même de la démission de Jacques Chirac, Raymond Barre était nommé premier ministre. Peu connu du grand public, il n'appartient ni à l'UDF, ni au RPR. Choisi pour ses compétences en économie, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le premier ministre va occuper également le poste de ministre de l'Economie. En cumulant les deux fonctions, Raymond Barre affiche son ambition et la priorité de son gouvernement : la lutte contre la crise économique. Le plan Barre de 1976 vise à combattre l'inflation, maintenir la stabilité monétaire et lutter contre la hausse du chômage.
Les années 1976 et 1978 sont marquées par la recomposition du paysage politique à droite. Alors que les institutions imaginées par le général De Gaulle devaient favoriser la bipolarisation de la vie politique, c'est-à-dire l'opposition entre un grand parti de droite et un grand parti de gauche, la création à droite de deux mouvements différents bouleversent la donne. En novembre 1976, Jacques Chirac crée le Rassemblement pour la République (RPR) réunissant tous les gaullistes autour de sa personnalité. En 1978, Valéry Giscard d'Estaing parvient à réunir plusieurs partis centristes et libéraux au sein d'une confédération appelée l'Union pour la Démocratie Française (UDF). Les rivalités entre les deux camps apparaissent notamment lors des élections municipales à Paris en 1977.
Les élections législatives de 1978 s'avèrent difficiles. L'année précédente, l'Union de la gauche avait remporté les élections municipales, la droite perdant une cinquantaine de villes de plus de 30 000 habitants. Mais un événement va remettre en cause la victoire annoncée de la gauche : à l'initiative du Parti Communiste qui a fait monter les enchères aurpès des socialistes pour modifier le programme commun, l'Union de la gauche a éclaté. Dans le même temps, l'UDF et le RPR sont parvenus à s'entendre sur quelques candidatures communes. Résultat, la droite et en particulier l'UDF remportent une majorité de siège à l'Assemblée Nationale.
Au lendemain de la victoire de la droite, la politique économique connaît un tournant libéral avec comme axe principal la défense de la libre concurrence et la libération des prix, bloqués depuis quelques années en raison des risques d'inflation. Mais le deuxième choc pétrolier, en 1979, ruine les espoirs d'une sortie de crise économique. Malgré une victoire de l'UDF aux élections européennes de 1979, Valéry Giscard d'Estaing doit faire face à une accumulation de difficultés à la fin de son mandat. Les affaires politiques se multiplient et lui-même est pris dans la tourmente de l'affaire dite « des diamants de Bokassa ». A la veille de l'élection présidentielle de 1981, le pouvoir en place semble donc s'essouffler.
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