Enquête sur l’inconstance des politiques (Canal +)

Télévision · 8 jan. 2007 à 22:06

Dimanche plus

Comme souvent lorsqu’il y a une intervention d’un homme politique ou une émission politique à la télévision, l’ensemble des médias traditionnels (presse, télévision, radio) reprennent les mêmes éléments. Dans l’émission de Laurence Ferrari, Dimanche +, hier, Dominique De Villepin a déclaré qu’il s’abstiendrait lors du vote pour désigner le candidat UMP. Tous les médias ont repris cette seule information. Pourtant, l’émission était riche, et une enquête sur l’inconstance des politiques a retenu notre attention…

Les coulisses du ralliement de Jean-Pierre Chevènement

Le 06 novembre 2006, Chevènement se déclare candidat à l’élection présidentielle sur le plateau du 20h de TF1. Il explique qu’il a déjà retenu des locaux de campagne à compter du 1er janvier 2007. S’agissant des propositions institutionnelles du PS, il a même déclaré que « le projet est dangereux ». Finalement, un mois après, le 10 décembre, il annonce qu’il se retire au profit de Ségolène Royal. Chevènement, assure alors, devant les caméras qu’il « n’a rien réclamé en échange » en ajoutant qu’il a eu une « discussion sur le fond ». Pourtant, au détour d’un couloir, le reporter a filmé un échange entre Royal et Chevènement. Alors que Ségolène Royal lui explique qu’elle va faire le tour des capitales européennes, Chevènement propose de se rendre plusieurs fois en Allemagne, pays qu’il connaît bien. Il cherche donc un rôle dans la campagne électorale. Tout en maintenant qu’il n’a rien négocié avec Royal, il reconnaît que les discussions ont eu lieu avec François Hollande, premier secrétaire du PS. Le journaliste précise qu’il a négocié de futurs postes ministériels et un nombre de députés à l’Assemblée nationale.
Ce ralliement apparaît donc surprenant car Chevènement est totalement opposé à Ségolène Royal sur la question de l’Europe. Mais il a préféré assurer ses arrières politiques, pour lui et pour son parti, le Mouvement Républicain et Citoyen. Et quand le journaliste lui demande s’il a privilégié l’ambition politique à ses convictions, Chevènement rétorque, sans se démonter, que « c’est idiot ». Toujours est-il qu’avec ce ralliement et celui des Radicaux de gauche, Ségolène Royal s’est donnée toutes les chances d’arriver au second tour.

Les coulisses du ralliement de Christine Boutin

A droite, il y a également eu des ralliements, notamment celui de Christine Boutin qui était candidate en 2002. Alors qu’elle s’est beaucoup opposée à Nicolas Sarkozy, elle est devenue sa « conseillère politique ». Le passage de l’opposition au conseil s’est fait en moins d’un mois. Elle soutient pourtant qu’elle ne renie rien et que c’est une femme de conviction. Le 5 novembre 2006, sur le plateau de Dimanche + de Laurence Ferrari, elle estimait que Sarkozy était « trop enfermé dans son rôle de ministre de l’intérieur et qu’il ne laissait pas suffisamment apparaître une dimension humaine à l’UMP ». Et d’ajouter qu’elle « ne pense pas que la droite puisse gagner avec ce programme-là. Il faut une dimension sociale qui pour l’instant manque au programme de l’UMP ». Le 2 décembre, moins d’un mois après cette interview, elle renonce à se présenter. Pourquoi ? Le journaliste confirme qu’elle l’a fait en échange d’un futur poste.

Une inconstance qui s’explique, mais une langue de bois qui étonnera toujours

En 2002, il y avait eu 16 candidats, ce qui avait constitué un record à l’époque. En 2007, manifestement, le nombre de candidature sera moindre. Ces ralliements ne sont pas choquants en soi. Certes, sur le fond, l’alliance entre Chevènement et Royal surprend. Ils ont une conception opposée sur beaucoup de choses, et surtout sur l’Europe. Ségolène Royal s’est notamment engagée, si elle est élue, à refaire voter les électeurs sur la constitution européenne, constitution que Chevènement a vivement combattu. Le ralliement répond donc à des préoccupations purement politiques, pour ne pas dire, politiciennes. Finalement, la politique est une activité professionnelle comme une autre, et il faut pouvoir assurer ses arrières en négociant des postes. Même si d’un point de vue des idées, ça peut choquer, en pratique, il n’y a rien d’étonnant. Toutefois, ce qui est marquant dans ce reportage, c’est la difficulté avec laquelle ils ont du mal à reconnaître qu’ils se sont retirés pour des questions de poste. Ils continuent à pratiquer la langue de bois, alors que les citoyens ne sont pas dupes de ces négociations. Manifestement, il y a encore du chemin à parcourir pour mettre un peu plus de sincérité dans la vie politique.

Vous pouvez visionner l’intégralité de l’émission sur le site de canal +. pendant une semaine.

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