Zapping radio · 17 jan. 2007 à 15:09
Ce matin sur RTL, Jean-Michel Apathie recevait Ségolène Royal. Plusieurs responsables politiques s'inquiètent du passage à vide, du trou d'air de la campagne de la candidate socialiste. Celle-ci est notamment prise dans la tourmente sur la question des hausses d'impôts proposées par François Hollande. De plus, elle a été contrainte de rendre public sa déclaration fiscale. Peut-on être candidate de la gauche et payer l'ISF ? Elle s'explique.
Plusieurs responsables socialistes s'inquiètent du passage à vide de sa campagne. Ségolène Royal se justifie en précisant qu'elle a choisi de faire campagne différemment. Elle veut partir des préoccupations des Français d'où l'organisation de réunions dans les départements et les régions pour débattre afin de compléter le programme présidentiel élaboré par le Parti Socialiste. Non seulement elle ne veut pas promettre des choses qu'elle ne fera pas, mais elle estime que les Français doivent être associés aux décisions qui les concernent. Elle veut maintenir le rythme de ses réunions et revendique sa façon différente de faire campagne.
Selon elle, cette démarche politique est nouvelle et peut surprendre ceux qui n'ont pas l'habitude de ce type de campagne participative. C'est ce qui expliquerait les interrogations de certains responsables socialistes. En outre, elle déplore que "ce qui se passe dans les départements et les régions ne se voit pas dans le petit milieu parisien"
. Elle a choisi de faire une campagne décentralisée. Selon elle, la France ne se remettra en mouvement que si elle peut s'appuyer sur le dynamisme des régions. Depuis le début de la campagne, plus de 2000 débats participatifs auraient déjà eu lieu. Par respect pour les citoyens qui font l'effort de participer à ces débats, elle ne veut pas précipiter son calendrier. Un bilan sera fait et les premières propositions seront rendues publiques courant février. C'est grâce à cette méthode participative qu'elle entend élaborer un programme présidentiel crédible, qui ne bougera pendant la campagne "au gré du vent ou des humeurs"
.
En outre, elle rappelle que des propositions ont déjà été faites.
Elle s'engage à ce qu'aucun jeune ne reste au chômage plus de six mois. Au bout de six mois, un jeune au chômage doit bénéficier soit d'un emploi tremplin (emploi financé par l'Etat pendant 5 ans, contrat proche des Emplois-Jeunes de Jospin), soit d'une formation rémunérée, soit d'un travail d'utilité collective rémunéré, soit d'une allocation d'autonomie s'il fait des études et qu'il ne peut subvenir à ses besoins. Sur la question du logement, elle rappelle qu'aujourd'hui, un Français sur deux est propriétaire. Elle se fixe comme objectif, si elle est élue, 80% de propriétaires. Elle mettra en place des dispositifs de crédit peu chers pour permettre aux familles d'acquérir leur logement, quel que soit leur niveau de revenu. Elle veut que les locataires d'HLM puissent devenir propriétaires de leur logement au bout de 15 ans.
La semaine dernière, François Hollande a fait des propositions fiscales controversées. Elle n'a été pas consultée et considère cela comme normal car en tant que premier secrétaire du Parti Socialiste, c'est un responsable politique comme un autre, qui peut faire des propositions pour faire avancer le débat. Apathie s'étonne de l'absence de coordination entre Hollande et Royal, mais cette dernière reste sur sa position. Hollande peut s'exprimer mais ses propos n'engagent pas la candidate. Elle considère que la fiscalité doit être un outil au service du développement économique, du progrès social, de la lutte contre les inégalités. Il faut donc d'abord préciser ces objectifs avant d'envisager une politique fiscale.
Jean-Michel Apathie persiste et lui demande si Hollande n'a été un peu maladroit. Mais Ségolène Royal ne tient pas à critiquer son compagnon et confirme que sa réflexion est utile, "c'est un fin connaisseur de ces sujets qui sera précieux pour finaliser le projet présidentiel"
. Et elle enfonce le clou : "A gauche, nous ne sommes pas dans l'illusion de l'unité factice. Ma volonté est de rassembler des personnalités avec leur autonomie, leur originalité"
et c'est cette diversité qui fait la force de la gauche. Une fois le débat passé, il faut une autorité légitime qui tranche toutes les questions. Par exemple, elle entend travailler sur une fiscalité écologique pour que la France s'engage dans la création d'emploi dans le secteur de l'écologie industrielle.
Depuis deux ans, elle paye l'Impôt sur la Fortune. Elle a rendu public sa déclaration d'impôts, à la demande "bizarre"
précise-t-elle, de nombreux journaux et journalistes qui l'ont harcelé depuis 8 jours afin qu'elle rende compte du montant de son patrimoine.
Tous les candidats à l'élection présidentielle doivent faire une déclaration de patrimoine auprès du Conseil constitutionnel, déclaration qui n'est pas publique. Or, depuis plusieurs jours, une polémique lancée sur Internet circule. Ce matin, Ségolène Royal accuse le pouvoir de nuisance de l'UMP puisque c'est un député de ce parti qui a relayé l'information qui circulait sur Internet. Elle confesse d'ailleurs, qu'aujourd'hui, "Internet est un outil assez spectaculaire"
. Mais elle n'a l'intention ni de se laisser faire par ses méthodes d'intimidation, ni de les imiter.
La politique doit être propre et la transparence ne la gêne pas. En outre, elle espère que les organes de presse qui lui ont demandé de rendre public son patrimoine le demanderont aux autres candidats. Son patrimoine est de 355 000 euros.
Jean-Michel Apathie ose la question : "Considérez-vous que vous êtes riche ?"
Elle confirme qu'elle est aisée, et elle trouve normale de payer des impôts et ne supporte pas les insinuations qui ont laissé croire qu'elle fraudait le fisc. Et Apathie d'en rajouter : "Est-ce un problème de vouloir représenter la gauche et d'accepter l'ISF ?"
Elle ne le croit pas et trouve normal de payer l'ISF après 30 années de vie professionnelle. Elle est d'ailleurs fière d'avoir constitué un patrimoine en ne partant de rien.
Ségolène Royal s'est donc justifiée sur les couacs de début de campagne en se montrant offensive. Elle n'a pas éludé les questions embarrassantes. En revanche, il est toujours étonnant de voir la difficulté avec laquelle les responsables politiques n'arrivent pas à reconnaître leurs cafouillages, leurs contradictions. A force de vouloir se montrer infaillibles, les responsables politiques continuent à pratiquer une langue de bois toujours aussi agaçante même s'ils s'en défendent.