Questions d'actualité · 24 jan. 2007 à 19:14
Les commentateurs politiques sont formels. Après l'élection présidentielle de 2002 et l'élimination du candidat de la gauche au profit du candidat d'Extrême droite, les électeurs souhaitent un affrontement gauche/droite en 2007. Pour éviter l'éparpillement des voix au 1er tour, les leaders du Parti socialiste (PS) et de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) préconisent le "vote utile". Mais concrètement, qu'est-ce que le vote utile ?
En 2002, la gauche plurielle qui avait gouverné pendant cinq ans avec Lionel Jospin s'est présentée en ordre dispersé : Lionel Jospin était candidat pour le PS, Noël Mamère était candidat pour les Verts, Robert Hue l'était pour le Parti Communiste, Jean-Pierre Chevènement s'était présenté au nom du Mouvement des Citoyens et Christiane Taubira représentait les Radicaux de gauche. Autrement dit, la majorité sortante de gauche a présenté 5 candidats... sans compter les candidats d'extrême gauche : Olivier Besancenot pour la LCR, Arlette Laguiller pour FO.
La multiplication de ces candidatures a eu pour conséquence directe un éparpillement des voix :
Lionel Jospin : 4 610 113 voix
Jean-Pierre Chevènement : 1 518 528 voix
Noël Mamère : 1 495 724 voix
Robert Hue : 960 480 voix
Christiane Taubira : 660 447 voix
(source : Conseil constitutionnel)
Or, c'est Jean-Marie Le Pen qui est arrivé second avec 4 804 713 voix, contre 4 610 113 pour Lionel Jospin. Il manquait donc à Lionel Jospin 194 600 voix. Par conséquent, s'il n'y avait pas eu cet éparpillement des voix à gauche, Lionel Jospin aurait été largement qualifié pour le second tour.
Depuis cette élection de 2002, les hommes et les femmes politiques des deux plus grands partis de France (PS et UMP) préconisent ce qu'ils appellent le vote utile. En clair, voter utile, ce serait voter pour le candidat qui a des chances de remporter l'élection. Ce raisonnement conduit à pousser les électeurs à voter pour les deux partis qui dominent la politique française : le PS à gauche, et l'UMP à droite. Le principe du "vote utile" est donc directement lié à la bipolarisation de la vie politique.
Ce principe du vote utile a pour but d'éliminer les autres candidats, c'est-à-dire ceux qui n'appartiennent pas aux deux grands partis. Par exemple, lorsque les Verts présentent un candidat à l'élection présidentielle, ils savent très bien que le candidat n'obtiendra pas les voix suffisantes pour devenir président de la République et qu'au deuxième tour, puisque les Verts sont de gauche, il faudra voter pour le candidat le mieux placé à gauche, c'est-à-dire le candidat socialiste. Le raisonnement de ceux qui sont pour le vote utile est donc le suivant : pour éviter que le candidat de gauche qui a des chances de l'emporter ne soit éliminé dès le premier tour comme Lionel Jospin, il faut directement voter pour lui dès le premier tour. Voter utile, c'est donc voter pour le candidat qui a des chances de gagner l'élection.