Zapping radio · 12 fév. 2007 à 11:19
Lionel Jospin intervient peu dans les médias depuis qu'il s'est retiré de la course à l'investiture socialiste. Il avait, lors de l'annonce de son retrait, précisé qu'il interviendrait dans les débats pour apporter son soutien au candidat PS, même si, à l'époque, il ne souhaitait pas que ce fût Ségolène Royal. Jeudi dernier, Lionel Jospin était l'invité de Jean-Michel Apathie sur RTL. Son propos n'a traité que du fond : dénoncer le discours caricatural et mensonger de Nicolas Sarkozy à propos des travailleurs et des 35 heures.
Nicolas Sarkozy, lors de son discours d'investiture à la candidature a cité deux grandes figures de la gauche : Léon Blum et Jean Jaurès. Or, Lionel Jospin rappelle qu'autrefois, on calomniait ces deux hommes comme aujourd'hui le candidat UMP glorifie la gauche d'hier et dénigre celle d'aujourd'hui. Mais, ce qui horripile l'ancien Premier ministre, c'est que Nicolas Sarkozy accuse la gauche de ne pas aimer les travailleurs parce qu'elle défend les statuts et les 35 heures. Pourtant, Ségolène Royal met le travail au coeur de sa campagne et lui-même détiendrait le record de création d'emplois en cinq ans en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Il aurait ainsi créé 400 000 emplois par an et fait baisser le chômage. Enfin, se réclamer de Blum en critiquant les 35 heures est cocasse aux yeux de Lionel Jospin puisque c'est lui qui, au temps du Front populaire, a instauré les 40 heures et les congés payés.
Nicolas Sarkozy est hostile au statut. Pour Lionel Jospin cette position est révélatrice car le statut, dans le secteur public, représente la sécurité. Dans le privé, les salariés sont protégés par un contrat. Mais, le candidat UMP voudrait instaurer le droit progressif en créant un « contrat unique » qui permettrait de licencier un salarié au cours de ses deux premières années d'embauche sans justification. Si on agit ainsi, il n'est pas possible pour un salarié d'évoluer, de « progresser ». Le droit progressiste est donc, pour Lionel Jospin, un leurre. A gauche, au contraire ; on veut valoriser les contrats à durée indéterminée.
Pour les Français, les 35 heures seraient une des deux mesures phares de ces 25 dernières années. 85% des salariés en sont satisfaits. Nicolas Sarkozy encourage le travail et propose de pouvoir faire 230 heures supplémentaires annuelles. Jospin rappelle qu'actuellement, il est possible déjà d'en faire 130. Or, les Français ne font, en moyenne, que 55 heures supplémentaires par an. Enfin, l'ancien Premier ministre dénonce le fait que le candidat UMP n'évoque pas les salaires, ni les conditions de travail ni la précarité. Il a ainsi recours à trois mystifications : d'abord il fait comme si c'était le salarié et non le patron qui décidait de faire des heures supplémentaires. Ensuite, il parle de travail et non d'emploi. Le problème est justement qu'il manque d'emploi en France et qu'il faut en créer. Enfin, il propose de travailler plus sans remettre en cause les salaires. Bref, pour Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy refait le coup de la fracture sociale que nous avait fait Chirac il y a 12 ou 13 ans ».