Revue de blogs · 31 mar. 2007 à 20:41
Petit tour d'horizon de la blogosphère politique. Franz-Olivier Giesbert, directeur de la rédaction du Point, se défend de prendre parti pour Nicolas Sarkozy. Christophe Barbier, directeur de L'Express, compare Ségolène Royal à une savonnette. Michel Onfray, philosophe, dénonce l'idée qu'on pourrait travailler toujours plus. C'est la revue de blogs de la semaine.
Cette affirmation peut faire sourire. Et pourtant, le directeur de la rédaction du Point, Franz-Olivier Giesbert affirme sur son blog dans une note intitulée "Réponse à un internaute en forme de petite leçon de journalisme" qu'il ne prend pas parti. Il ne serait "ni Royaliste, ni Sarkozyste, ni Bayrouiste" car son métier est "incompatible avec les prises de position militantes".
Plusieurs remarques s'imposent : on peut être journaliste et avoir une position militante, cela s'appelle un journalisme d'opinion. Le Figaro est de droite, Libération est de gauche et pourtant ce sont bien des journaux faits par des journalistes. Parmi les hebdos, le Nouvel Observateur est de gauche et ça n'empêche pas les journalistes de pouvoir critiquer Ségolène Royal.
Le directeur du Point reconnaît que chaque journaliste a des convictions et qu'on ne peut être neutre sous peine de rédiger des articles s'apparentant à des communiqués officiels du pouvoir. Pour autant, il considère qu'il "roule pour des idées, par pour des personnes". Croyons-le sur parole, mais observons aussi les Unes du Point. Nicolas Sarkozy détient le record absolu de couvertures. Il est évident que ce magazine roule pour Sarkozy et il n'y a rien de honteux, encore faut-il avoir l'honnêteté de le reconnaître. Au fait, savez-vous qui est en Une du Point de cette semaine ?
** Réponse au bas de cet article.
Le directeur de la rédaction de L'express, Christophe Barbier, raconte sur son blog les coulisses de son interview avec Ségolène Royal dans une note intitulée "Royal en plateau". Il explique notamment la difficulté pour les journalistes de déstabiliser Ségolène Royal qui parvient sans cesse à contourner les questions embarrassantes tout en développant son programme. La candidate socialiste est atypique, elle ne fait rien comme tout le monde et revendique sa liberté. La questionner, c'est "pourchasser une savonnette au fond d'une baignoire". Preuve qu'elle veut être libre, elle n'hésite pas à changer de projet éditorial : elle devait rédiger un livre chez Flammarion sur les attentes des Français à l'issu des débats participatifs, elle publie finalement un abécédaire chez Hachette. Ces changements d'avis correspondent à une certaine liberté d'esprit, comme lorsqu'elle décide de reprendre sa liberté par rapport aux éléphants du PS la semaine dernière.
Les journalistes du JDD tiennent un blog quotidien et livrent leur réflexion sur l'actualité. Dans la note intitulée "Dormir moins, travailler plus", Patrice Trapier revient sur l'argument favori de Nicolas Sarkozy pour augmenter le pouvoir d'achat : il faut travailler plus. Cette semaine dans Le Monde, le porte-parole de Sarkozy et ex-ministre de la Santé expliquait qu'il était un bourreau de travail, qu'il se levait tôt et ne dormait que 4h par nuit. Ce n'est pas la première fois qu'on peut lire ce genre de remarques censées valoriser le culte de l'homme politique hyperactif, travaillant trois plus que les autres. Cette image de surhomme, de puissance doit servir d'exemple et étaye un peu plus l'idée qu'il faut travailler toujours plus pour gagner plus, pour réussir.
Mais comme le rappelle Michel Onfray, au cours d'un dialogue avec Nicolas Sarkozy dans Philosophie magazine, le travail des élites, intellectuelles ou politiques, n'a rien avoir avec celui de l'ouvrier. Voici un extrait des propos de Michel onfray : "En ce qui me concerne, il m'arrive de travailler beaucoup, parfois dix ou quinze heures par jour. Mais je me garderais bien d'extrapoler, de prétendre que les autres devraient en faire autant (...) Lire, écrire, faire des conférences, ce n'est pas du travail à proprement parler, plutôt une vocation. (...) Notre activité n'a pas grand-chose à voir avec celle de l'ouvrier qui s'épuise à la chaîne dans des conditions épouvantables, huit heures par jour."
** Couverture du journal Le Point de cette semaine : "Sarkozy, sa botte secrète. Les dessous de sa campagne".
