Zapping radio · 18 avr. 2007 à 14:54
Affirmer qu'être candidat à l'élection présidentielle ne coûte rien peut paraître provocateur. Et pourtant, c'est ce qu'explique Olivier Duhamel dans sa chronique politique du 12 avril sur France Culture. L'Etat prend en charge la quasi totalité des dépenses des candidats. Explications.
L'Etat prend en charge la campagne officielle : la réalisation des 45 minutes de spots télévisés, l'impression des professions de foi des candidats envoyés par la poste, l'impression des affiches sur les 85 000 panneaux électoraux.
Chaque candidat officiel se voir offrir une avance de 163 000 euros pour régler les premières dépenses. Pour les candidats qui font moins de 5%, l'Etat ajoute une compensation financière de 640 300 euros à condition d'avoir bien dépensé cette somme.
Si le candidat passe la barre des 5%, l'Etat rembourse jusqu'à 8 millions d'euros. Et les candidats qui figurent au second tour se voient remboursés 11 millions d'euros. A chaque fois, il s'agit de la moitié du plafond des dépenses autorisées.
En 2002, Olivier Besancenot avait été prudent car même s'il n'a pas atteint les 5%, il n'a pas dépensé plus que le montant remboursé par l'Etat (soit 163 000 + 640 000 euros pour les candidats de moins de 5%). La campagne de Noël Mamère en 2002 fut plus coûteuse : 4 millions d'euros mais comme il a franchi les 5%, l'Etat a tout remboursé.
Autrement dit, les élections coûtent chers à ceux qui dépensent trop et ont un coût nul pour ceux qui restent dans les fourchettes prévues par l'Etat. En 1995, Philippe de Villiers a dépensé 3 millions d'euros pour sa campagne électorale mais l'Etat n'en a remboursé qu'un million car il n'a obtenu que 4,7%. Financièrement exsangue, de Villiers a renoncé à se présenter en 2002. Jean-Pierre Chevènement également avait trop dépensé. Même s'il a franchi la barre des 5%, il avait dépensé 10 millions d'euros, soit 2 millions de plus que ce qui était remboursé par l'Etat.
Les candidats des grands partis n'ont pas ses problèmes de dépassement des comptes de campagne car ils ont les fonds nécessaire pour combler les déficits. En 2002, le budget de campagne de Lionel Jospin est déficitaire de 5 millions d'euros mais le PS n'a pas eu de mal à combler ce déficit. En effet, les partis politiques reçoivent des financements de l'Etat en fonction de leurs résultats aux élections. Ainsi, le PS a reçu pour l'année 2007, 20 millions d'euros de subventions de l'Etat.
En 2002, les comptes de campagne de Jacques Chirac étaient déficitaires de 9 millions d'euros mais l'UMP n'a pas eu de mal pour renflouer les caisses puisque l'Etat lui apporte de généreuses subventions. Pour l'année 2007, l'UMP a reçu 32 millions d'euros de l'Etat puisque le parti est majoritaire à l'Assemblée nationale.
Par conséquent, pour les candidats prudents et raisonnables, une campagne électorale pour l'élection présidentielle est gratuite. Et pour les candidats des grands partis, les déficits éventuels de leurs comptes de campagne sont comblés par l'argent distribué par l'Etat dans le cadre du financement des partis politiques.
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Sur le web
- Réécoutez les chroniques d'Olivier Duhamel sur la page "Les matins de France Culture"