Quels sont les liens entre le christianisme et la politique en France ?

Questions d'actualité · 18 avr. 2007 à 20:40

Christianisme et politique

En 48 heures, Nicolas Sarkozy a fait deux sorties sur la religion. Lundi 16 avril 2007, il a cité le Pape Jean-Paul II comme personnalité qui l'a le plus marqué après le général De Gaulle, le lendemain, dans une interview, il a déclaré que le christianisme était déterminant dans l'identité nationale. Depuis la publication de son livre en 2004, La République, les religions, l'espérance, Nicolas Sarkozy affiche ses convictions chrétiennes. Mais que vient faire la religion dans un Etat laïc ? Quels sont les liens entre le christianisme et la politique en France ?

Le rapport entre le christianisme et la politique

On pourrait distinguer deux courants dans le christianisme : d'un côté un christianisme libéral qui considère que la religion est du domaine privé, de l'individu et n'a donc pas à intervenir dans le domaine politique ; de l'autre un catholicisme social qui défend une politique sociale respectueuse des citoyens sur les principes des enseignements de l'Eglise. Au sein du Christianisme, il y a donc deux mouvements : un mouvement où la religion est privée et un autre où la religion peut influencer la politique.

Qu'est-ce la Démocratie chrétienne ?

Il s'agit d'un courant politique de droite modérée qui est apparu vers la fin du XIXe siècle en Europe. Il défend l'idée que le pouvoir doit s'inspirer des valeurs véhiculées par l'Eglise : le respect de l'être humain, les droits de l'homme, la fraternité, l'aide aux plus démunis. Concrètement, les démocrates-chrétiens placent l'homme au centre des préoccupations et considèrent que l'Etat doit conserver un pouvoir d'intervention dans la société, notamment dans l'économie.
En Allemagne, la Démocratie chrétienne domine la droite avec le parti de la CDU (Union chrétienne démocrate d'Allemagne). Si les références chrétiennes demeurent, le parti sous l'impulsion d'Angela Merkel, a pris un tournant plus libéral économiquement.

La démocratie chrétienne en France

Contrairement à l'Allemagne, il n'y a jamais eu en France un grand parti démocrate-chrétien en raison de la diversité des sensibilités démocrates-chrétiennes : il y avait des démocrates-chrétiens de gauche et des démocrates-chrétiens de droite. Sous la IVe République, c'est le MRP (Mouvement Républicain Populaire) qui se revendique de la démocratie chrétienne. Acteur essentiel de la IVe République, il perd de son influence avec l'arrivée de De Gaulle au pouvoir en 1958.
A partir de cette date, les partisans de la démocratie chrétienne se sont dispersés et une partie d'entre eux ont rejoint le centre incarné par Jean Lecanuet. Le parti centre démocrate, où l'on retrouve des démocrates chrétiens, rejoint l'UDF en 1978. Aujourd'hui, François Bayrou se revendique en partie de cette démocratie chrétienne.

Les références chrétiennes dans la politique d'aujourd'hui

Il y a toujours eu France des réticences à immiscer la religion dans la politique. Depuis la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, les hommes politiques sont plus enclin à parler de laïcité que de religion. Aujourd'hui, certains catholiques traditionnalistes soutiennent le Front national, Philippe de Villiers défend volontiers ces valeurs chrétiennes. Quant à François Bayrou, fervent catholique, il revendique toujours le passé démocrate-chrétien de l'UDF même s'il prend soin de séparer toujours ses convictions politiques et de ses convictions religieuses.

Nicolas Sarkozy et le christianisme

Avec l'Extrême droite, Nicolas Sarkozy est donc le seul à insister sur ses convictions chrétiennes. En 2004, il a écrit un livre dans lequel il parlait de ses convictions religieuses. Dans son discours d'investiture du 14 janvier 2007, le candidat de l'UMP a fait référence au christianisme en déclarant : "Nous sommes les héritiers de deux mille ans de chrétienté et d'un patrimoine de valeurs spirituelles que la morale laïque a incorporé. (...) Opposer le sentiment religieux à la morale laïque serait absurde". Le lendemain, son premier déplacement en tant que candidat officiel à l'élection présidentielle est effectué au Mont Saint Michel dans le but de célébrer "la spiritualité et le travail des hommes". Alors que François Bayrou se montre plutôt discret sur ses convictions religieuses tout comme Ségolène Royal qui est issue d'une famille catholique, Nicolas Sarkozy semble en faire un argument de campagne afin d'attirer à lui un électorat catholique quitte à jeter le trouble chez les défenseurs de la laïcité.

*** Sources

- Xavier Jardin (sous dir.), Dictionnaire de la droite, Larousse, Paris, 2007
- Hugues Portelli, "De Konrad Adenauer à Edmond Michelet, Politiques et chrétiens", Le Monde, 29 décembre 1987
- Stéphane Le Bars, "Depuis des mois, M. Sarkozy insiste sur ses convictions chrétiennes", Le Monde, 19 avril 2007

*** Liens

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