Télévision · 30 avr. 2007 à 23:16
A l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, le paysage politique est en train de changer. Le score de François Bayrou bouscule le Parti socialiste. Il y a un recentrage des partis et une révolution politique silencieuse qui est en train de se faire.
Au cours de l'émission C dans l'air du 26 avril 2007 intitulée "Ségo-Bayrou, union libre", les invités d'Yves Calvi ont évoqué les conséquences politiques des résultats du premier tour. Etaient présents sur le plateau : Royal Cayrol de l'institut CSA, Dominique Reynié, politologue et Jean-François Kahn, directeur de Marianne.
Le premier tour de l'élection présidentielle est marqué par l'apparition d'un véritable parti centriste. Depuis des décennies, on ne connaissait pas véritablement le poids politique de l'UDF et notamment s'il existait un électorat centriste puisqu'il y avait des candidatures uniques RPR-UDF. Les électorats étaient mélangés.
En 2007, François Bayrou fait donc 18,5%. Malgré des institutions politiques avec des élections au scrutin majoritaire qui favorisent la bipolarisation, Bayrou a réussi à percer. Aux prochaines législatives, si les candidats du nouveau parti de Bayrou font plus de 12%, ils pourraient se maintenir au second tour pour brouiller la donne et essayer de se faire élire contre un candidat du PS et un candidat de l'UMP. Cela favoriserait donc des triangulaires.
Au Parti Socialiste, Ségolène Royal avait déjà pris des grandes libertés par rapport au projet socialiste, notamment en critiquant les 35 heures ou en se prononçant pour l'encadrement militaire des délinquants. Depuis 30 ans, dans un congrès socialiste, pour recueillir le soutien de la majorité, il fallait se présenter très à gauche et dénoncer le centre qui s'alliait sans cesse avec la droite.
Aujourd'hui, Ségolène Royal pousse le PS vers le centre comme aucun autre responsable politique ne l'avait fait avant elle. Non seulement, elle affirme qu'elle peut nommer des ministres UDF au gouvernement mais elle est même allée jusqu'à laisser entendre qu'elle ne s'interdisait pas de nommer Bayrou Premier ministre. Bayrou est en train de pousser Ségolène Royal vers la social-démocratie.
Dans ce contexte, l'extrême gauche pourrait tirer bénéfice de cette situation. Si le PS se recentre, alors il laisserait un boulevard à l'extrême gauche d'Olivier Besancenot pour couvrir le champ très à gauche du paysage politique.
Ce serait un moyen de révéler la vraie nature sociale-démocrate du PS et permettre ainsi une clarification : un PS social-démocrate et une extrême gauche qui réunit l'ensemble des contestataires du système capitaliste.
Selon Dominique Reynié, ces recompositions politiques qui ont lieu correspondent à ce que les Français ont voulu. Ils ont voté en masse pour les trois principales figures. Les électeurs obligent désormais le PS à se réformer, lui qui n'a jamais fait sa mue idéologique. Le PS est obligé d'aller plus au centre. De la même manière, Nicolas Sarkozy qui a mené une campagne très à droite est obligé de mener une campagne de second tour plus au centre, de modérer son discours. Tout ceci correspond au souhait des électeurs.
Mais le recentrage des partis politiques doit être confirmé aux élections législatives. Si Ségolène Royal perd l'élection présidentielle avec moins de 47% des suffrages et si le nouveau parti de François Bayrou ne parvient pas à faire élire 30 députés pour former un groupe parlementaire à l'Assemblée Nationale, alors le courant social-démocrate qui est en train de naître serait de nouveau enterré.
Articles de Politique.net
- Socialisme et social-démocratie : vers un rapprochement ?
- Bayrou/Royal : un débat de qualité sur des questions de fond
- Bayrou : le troisième homme au second tour