Sarkozy et Mai 1968 : quel est le véritable héritage de ce mouvement étudiant et social aujourd'hui ?

Questions d'actualité · 1er mai 2007 à 15:49

Sarkozy et Mai 1968

Lors de son dernier meeting parisien dimanche, Nicolas Sarkozy a souhaité tourner la page de Mai 1968 avec son élection en déclarant que "Mai 1968 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral" et qu'il fallait "liquider" cet héritage. Si cette déclaration répond à une stratégie électorale qui consiste à incarner une droite sans complexe, qu'en est-il d'un point de vue historique ? Qu'est-ce que Mai 1968 a-t-il apporté ?

Le passif de Mai 1968 selon Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy a déclaré que Mai 1968 avait imposé un relativisme intellectuel et moral. Il oppose souvent l'école de Jules Ferry à celle de Mai 1968. Il est même allé plus loin dans son discours puisqu'il accuse les héritiers de Mai 1968 d'être "responsable de la dérive du capitalisme financier" en ajoutant que "la contestation de tous les repères éthiques a préparé le terrain des parachutes dorés et des patrons voyous".
Au cours de ce meeting, Nicolas Sarkozy a fait de l'idéologie pour des raisons politiques : il s'agissait de se placer dans la lignée du Général de Gaulle pour conforter ses soutiens à droite et montrer du doigt une gauche caricaturée. Pour tenter de faire le tri, Politique.net revient sur les conséquences historiques de Mai 1968.

Les conséquences politiques de Mai 1968

Les forces politiques de gauche ont été dépassées par Mai 1968. Le candidat unique de la gauche à la présidentielle de 1965, François Mitterrand, est passé à côté du mouvement social. On lui a notamment reproché sa déclaration précipitée de candidature à une éventuelle élection présidentielle anticipée.
Un mois après mai 1968, des élections législatives ont eu lieu. La peur d'une révolution a largement profité au mouvement gaulliste rebaptisé pour l'occasion en "Union pour la Défense de la République". Le parti gaulliste l'emporte très largement. D'un point de vue politique, Mai 1968 est donc un échec pour les forces de gauche.

Les conséquences économiques

La grève générale déclenchée en mai 1968 oblige le gouvernement à négocier avec les syndicats. Ceci aboutit aux accords de Grenelle en juin 1968 : augmentation de 10% des salaires, revalorisation du SMIC, baisse du temps de travail (44 heures), reconnaissance du droit syndical dans l'entreprise. Mai 1968 a donc eu des conséquences positives pour les salariés.

Les conséquences sociales et culturelles

C'est dans ce domaine que les conséquences ont été les plus importantes. De nouvelles valeurs apparaissent, centrées sur l'autonomie, l'importance du choix individuel, la libération sexuelle et la défense du droit à l'avortement. Le bouleversement le plus important a lieu dans le domaine scolaire : la pédagogie est profondément renouvelée, l'élève passif écoutant l'enseignant devient un acteur à part entière. La discipline fait place à la participation aux décisions. Désormais, les élèves et les parents d'élèves vont participer à la vie des institutions scolaires notamment aux conseils de classe.

C'est cet aspect de Mai 1968 qui est critiqué par Nicolas Sarkozy. Mais il est assez réducteur de résumer ce mouvement ainsi. Mai 1968 a permis un certain nombre d'avancées sociales, et attribuer les difficultés d'aujourd'hui à Mai 1968 relève de l'idéologie électorale.

*** Liens

Encyclopédie de Politique.net
- Les années De Gaulle : le premier septennat
- L'élection de 1965
- Les événements de mai 1968
- La démission de De Gaulle en 1969

Politique.net, le journal
- Biographie de Nicolas Sarkozy
- Nicolas Sarkozy à l'âge de 20 ans
- Second tour : Nicolas Sarkozy contre Ségolène Royal
- Nicolas Sarkozy quittait la politique en cas d'échec... au 1er tour

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