Enquête · 2 mai 2007 à 17:50
Ce soir a lieu le face-à-face tant attendu entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Le débat devrait être suivi par plus de 20 millions de téléspectateurs. Au regard des derniers sondages, ce débat s'avère sans doute décisif. Ségolène Royal n'a rien à perdre, ce qui n'est pas le cas de Nicolas Sarkozy. Comment se sont déroulées les négociations pour l'organisation de ce débat ? Comment se sont-ils préparés pour ce duel tant attendu ?
Le Parisien raconte la manière dont ils ont abordé la préparation du débat. Ségolène Royal a travaillé avec sa conseillère spéciale Nathalie Rastoin, elle a demandé des fiches à ses deux directeurs de campagne notamment sur les faiblesses de Sarkozy. Enfin, elle a réclamé à quelques élus des questions qui pourraient embarrasser le candidat de l'UMP. Par conséquent, la candidate socialiste aborde cette confrontation de manière offensive.
Du côté de Nicolas Sarkozy, la préparation du débat a été méthodique : son staff a visionné toutes les prestations de Ségolène Royal notamment les débats des primaires socialistes, Eric Besson (transfuge du PS) et Bernard Tapie ont conseillé le candidat de l'UMP. Plusieurs réunions de travail ont lieu pour faire le point sur toutes les questions. Son objectif est de montrer qu'il a la stature d'un président.
Ségolène Royal n'a rien à perdre. Elle va sans doute essayer de bousculer Nicolas Sarkozy. On peut s'attendre à une réplique comme « Vous provoquez la haine M. Sarkozy, vous faites peur ». Lui doit rester calme et montrer qu'il peut aussi être à l'écoute : « Vous n'avez pas le monopole du coeur » pourrait-il dire. Officiellement, les deux candidats affirment ne pas préparer ce genre de petites phrases. Mais en privé, ils les craignent et ont déjà préparé des réparties toutes faites pour les contrer.
Fini, les débats réalisés sur des fonds gris ou marron. Le débat de ce soir a été conçu comme une véritable émission de télévision avec pour commencer un décor moderne. C'est Philippe Désert qui a été chargé de l'élaborer : des anneaux empilés, un plateau blanc et noir installé dans un studio de 1000 m² de la SFP à Boulogne. 12 caméras filmeront.
Les candidats n'ont pas souhaité de débat à l'américaine, debout, mais d'un face-à-face autour d'une table. Celle-ci est recouverte d'un plexiglas silencieux pour amortir les bruits des coups sur la table. Une moquette grise a été posée, suffisamment épaisse pour ne pas entendre le bruit des battements pieds, comme en 1988 quand l'équipe technique avait du baisser le son du micro de Jacques Chirac dont les mouvements nerveux de jambes résonnait sur la table.
C'est Jérôme Revon qui est chargé de la réalisation. Le cahier des charges est sensiblement identique aux précédents débats : la principale règle est l'absence de plan de coupe. On ne verra à l'écran que le candidat qui a la parole, l'autre ne sera pas filmé pour ne pas dénaturer par l'image le propos du candidat. Mitterrand s'était d'ailleurs servi de cette règle pour déstabiliser Jacques Chirac en 1988 : quand le candidat de droite parlait, Mitterrand regardait ailleurs sachant qu'il n'était pas filmé.
Par ailleurs, on les filmera à hauteur de table. On ne verra donc pas si Nicolas Sarkozy retirera ses chaussures comme aux 20 heures de TF1 la semaine dernière.
Jérôme Revon ne sera pas seul aux manettes. Il sera entouré d'un conseiller de l'UMP et d'un conseiller du PS pour veiller à ce que le cahier des charges soit bien tenu.
Le tirage au sort a décidé du placement des candidats. Ségolène Royal sera à gauche de l'écran et Nicolas Sarkozy à droite.
Les chaînes TF1 et France 2 ont proposé le nom de deux journalistes pour animer ce débat : Patrick Poivre d'Arvor pour TF1 et Arlette Chabot pour France 2. Pour la première fois depuis 1974, le choix de ces journalistes a été validé du premier coup par les deux équipes de campagne.
On estime qu'il pourrait y avoir entre 20 et 25 millions de téléspectateurs devant leur écran. En 1995, lors du débat Chirac-Jospin, il y avait eu 16,8 millions de téléspectateurs.
D'ordinaire, le débat est organisé le jeudi. Mais les deux candidats ont préféré qu'il ait lieu le mercredi pour tenter de se rattraper en cas de mauvaise prestation. Ainsi, le lendemain et le surlendemain, les deux candidats apparaîtront de nouveau à la télévision puisque France 3 a invité les deux candidats le 3 et le 4 mai pour deux éditions spéciales du 19/20.
*** Sources
- Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, Sarkozy-Royal, le plateau télé, Le Monde, 2 mai 2007
- Guillaume Fraissard, Débat sous haute surveillance, Le Monde, 2 mai 2007
- François Vignolle, Les dessous d'un face-à-face très médiatique, Le Parisien, 2 mai 2007
Deux personnalité s'affrontent
- Biographie de Ségolène Royal
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