Sarkozy président : les raisons d'une victoire annoncée

Télévision · 8 mai 2007 à 16:37

Sarkozy président

Depuis novembre 2003, on sait que Nicolas Sarkozy pensait à l'élection présidentielle pas uniquement quand il se rasait. La plupart de ses adversaires à droite estimaient qu'il était parti trop tôt en campagne, qu'il allait s'essouffler ou chuter à son poste si exposé de ministre de l'Intérieur. Favori des sondages dès le début de la campagne début janvier, Nicolas Sarkozy a donc réussi son pari en recueillant 53,03% des voix au second tour de la présidentielle. Mais comment expliquer cette victoire ? Les invités d'Yves Calvi, sur France 5, ont tenté de répondre à cette question au cours de l'émission « C dans l'air » intitulée "Les promesses de Sarko".

Une victoire préparée méthodiquement depuis 2002

Depuis 2002, Nicolas Sarkozy a posé les bases d'une stratégie de conquête du pouvoir pour l'élection de 2007 en montrant l'image d'un homme d'action.
Depuis 5 ans, sa stratégie est claire : il incarne une vraie droite qui entend récupérer les thèmes et les électeurs du Front National. Avec sa fracture sociale, Jacques Chirac avait fait une campagne au centre-droit en 1995. En 2002, le deuxième tour avait opposé un candidat de droite et d'extrême droite. Nicolas Sarkozy a donc fait le pari que l'élection se gagnerait à droite en 2007.
Depuis 2002, Nicolas Sarkozy s'est donc positionné très à droite (comme l'indiquait le second tour de 2002) en déstabilisant la gauche (reprise du thème de la double peine) et en prenant tous les thèmes du Front National : immigration, sécurité.

Les clés de la victoire : positionnement très à droite et professionnalisme

Puisque Nicolas Sarkozy est convaincu que la France est désormais plus à droite qu'il y a 10 ans, il a mené une campagne très à droite, cherchant ouvertement à récupérer les électeurs du Front national : immigration, identité nationale, exaltation des valeurs traditionnelles de la droite (travail, retour à l'ordre), lutte contre l'insécurité. En fin de campagne, il a même repris comme mot d'ordre la liquidation de mai 1968.
Selon Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express, c'est le professionnalisme qui est l'autre élément déterminant de la victoire de Nicolas Sarkozy. Il a montré aux Français qu'il était apte à présider. C'est donc un choix de la raison car Ségolène Royal avait gagné la bataille d'image : plus sereine, plus à l'écoute.
De ce point de vue, le débat Sarkozy/Royal a permis à Nicolas Sarkozy de confirmer qu'il était compétent pour gouverner. Il a par ailleurs pu donner une image apaisée en ne renvoyant pas les coups de la candidate socialiste.

Un vote d'adhésion pour l'un, de rejet pour l'autre

D'habitude, au premier tour, on choisit et au deuxième tour, on élimine. Or, cette fois-ci, selon Pierre Giacometti de l'institut IPSOS, les électeurs de Nicolas Sarkozy ont fait un choix d'adhésion.
La moitié des électeurs de Ségolène Royal ont voté pour barrer la route à Nicolas Sarkozy alors que 70% des électeurs de Nicolas Sarkozy ont fait un vote d'adhésion pour la clarté du discours et la fermeté des positions. Sa victoire marque l'adhésion d'une partie du peuple à des valeurs conservatrices : référence à l'ordre, l'autorité, la discipline, le respect, le travail, la famille.

Un candidat qui rassemble toutes les droites

Selon Roland Cayrol de l'institut CSA, Nicolas Sarkozy est le premier à avoir réussi à rassembler toutes les droites françaises : la droite républicaine et une partie de l'extrême droite au premier tour, et au second tour, toute la droite républicaine, toute l'extrême droite et le centre droit. Autrement dit, il a réussi à faire à droite ce que Mitterrand avait fait à gauche : unir toutes les forces de son camp et empiéter sur les extrêmes. En 1981, Mitterrand avait réuni la gauche et fait baisser le Parti Communiste. En 2007, Nicolas Sarkozy a réuni toute la droite en faisant baisser le Front National.
Sur le plan politique, économique, idéologique et personnel, Roland Cayrol considère que Nicolas Sarkozy a donc fait un sans faute.

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