Télévision · 9 mai 2007 à 22:05
Mercredi prochain aura lieu la passation de pouvoir entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Après 40 ans de vie publique, le chef de l'Etat tire sa révérence, contraint et forcé car il n'avait pas envisagé de passer la main en 2007. Les circonstances politiques en ont décidé autrement. Mais que va faire Jacques Chirac ?
Au cours d'une émission intitulée "Chirac, la quille", Yves Calvi avait invité entre autres Thierry Desjardins, ancien rédacteur en chef du Figaro, Nicolas Domenach, directeur adjoint de la rédaction de Marianne, François D'Orcival, ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles. Tous ont répondu aux questions du journaliste de France 5.
Jacques Chirac a pensé à se représenter, rien n'était impossible. Il ne voulait pas que Nicolas Sarkozy l'emporte. Thierry Desjardins appuie sa réflexion sur le déménagement précipité de Jacques Chirac, qui n'a même pas encore trouvé un appartement définitif. Si ce dernier avait prévu de quitter l'Elysée depuis un an, il aurait déjà trouvé un appartement. Il n'a donc pas préparé son départ depuis si longtemps. Il n'avait pas du tout envie de partir.
Depuis 40 ans, Jacques Chirac a toujours travaillé. S'arrêter, c'est mourir pour lui. Il a vraisemblablement mal vécu cette campagne électorale car il en a été totalement absent. S'il est resté silencieux, il n'a pas hésité à condamner en privé la manière dont Nicolas Sarkozy a fait campagne, notamment sur les questions d'immigration et sur la stratégie de récupération des électeurs et des idées du Front National, lui qui s'est toujours refusé à s'allier avec le FN.
Non seulement, il n'a donc pas souhaité sa retraite, mais il n'a pas supporté d'être spectateur d'une campagne dont il n'a pas cautionné la ligne politique de son camp.
L'année prochaine, il y a 1/3 des sénateurs qui remettent leur mandat. Parmi eux, il y a un sénateur de Corrèze qui ne va pas se représenter. Le bruit court que Jacques Chirac pourrait se présenter aux élections sénatoriales pour ensuite briguer la présidence du Sénat.
En son temps, Valéry Giscard d'Estaing était retourné à l'Assemblée nationale après sa défaite à la présidentielle de 1981 et il avait même présidé la région.
Selon François d'Orcival, Bernadette Chirac a envisagé de se présenter aux sénatoriales mais Jacques Chirac l'en aurait dissuadé. Une retraite de la vie politique active reste donc l'hypothèse la plus plausible. D'ailleurs, selon Nicolas Domenach, Jacques Chirac ne pense qu'à une carrière diplomatique, à parcourir la planète pour défendre sa vision du monde, le dialogue des cultures, une politique de développement durable.
A l'automne, Jacques Chirac prendra la tête d'une fondation, appelée "Fondation Jacques Chirac pour le développement durable et le dialogue des cultures". Michel Camdessus, ancien président du FMI, en prendra la présidence. Les statuts de l'association ont été déposés mercredi 9 mai.
Cette fondation est un outil pour permettre à Jacques Chirac de défendre ses idées sur la paix, l'écologie, en tenant des conférences à travers le monde. A terme, l'idée serait de créer un cercle d'ancien chef d'Etat ou du moins d'organiser des rencontres avec Bill Clinton, Tony Blair ou encore Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU pour défendre des valeurs, une certaine vision du monde. Cette fondation est un instrument médiatique qui permettra à Jacques Chirac de rester un peu sur la scène médiatique.
Depuis 1995, Jacques Chirac n'a jamais digéré ce qu'il considère comme la traitrise de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci a choisi de soutenir Edouard Balladur pour l'élection présidentielle.
Depuis cette date, une relation de défiance s'est installée entre les deux hommes. Mais Jacques Chirac est un pragmatique et Nicolas Sarkozy sait se rendre incontournable. C'est la raison pour laquelle, tout en ne le nommant pas Premier ministre, Jacques Chirac s'est résolu à faire entrer Nicolas Sarkozy dans son gouvernement en 2002.
Dans ce combat politique entre les deux hommes, officialisé avec le thème de "la rupture" de Nicolas Sarkozy, une personne a toujours fait le lien entre eux, c'est Bernardette Chirac. Alors qu'en 1995, elle tenait des mots très durs à l'égard du "traître", elle a basculé en 2004 en s'affichant au côté de Nicolas Sarkozy lors de la campagne des régionales avec cette phrase glissée à Nicolas Sarkozy lors d'un meeting "heureusement qu'on vous a".
Les deux hommes ont donc du respect mutuel mais ne sont pas en bons termes, Nicolas Sarkozy ayant tout de même poussé Jacques Chirac à une retraite forcée. Mais Bernadette Chirac a toujours maintenu le lien entre deux hommes, qui aujourd'hui, sont tous deux devenus "président de la République".
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