Enquête · 10 mai 2007 à 19:36
Aujourd'hui, François Bayrou a réuni les conseillers nationaux de l'UDF pour entériner la création d'un nouveau parti politique, le "Mouvement Démocrate", déjà surnommé le "Modem". Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, fort de plus de 18% des voix, François Bayrou avait annoncé la création de ce nouveau parti. Sauf qu'entre temps, 24 députés UDF sur 29 ont rejoint le camp de Nicolas Sarkozy. Le Mouvement Démocrate, ou comment un nouveau "Modem" connaît déjà des problèmes de réseau. Explications.
Réunis à la salle de la Mutualité à Paris, les conseillers nationaux de l'UDF ont entériné la création d'un nouveau parti : le Mouvement Démocrate, déjà surnommé "Modem". Ce nouveau parti centriste présentera un candidat dans toutes les circonscriptions pour les Législatives, sauf dans celles de députés UDF sortants même si ceux-ci ont rejoint Nicolas Sarkozy. En attendant la création officielle du "Mouvement Démocrate" qui interviendra à l'automne, les partisans de Bayrou se présenteront sous l'étiquette "UDF - Mouvement Démocrate". Depuis une semaine, un formulaire de pré-adhésion au nouveau parti est disponible sur le site internet de François Bayrou. Le nouveau parti aurait déjà recueilli plus de 24 000 demandes d'adhésion.
Seulement 5 députés UDF sortants vont tenter l'aventure avec Bayrou : Gilles Artigues, Anne-Marie Comparini, Jean-Christophe Lagarde, Jean Lassalle (celui qui avait fait la grève de la faim) et Gérard Vignoble. Tous les autres ont rejoint Nicolas Sarkozy et n'auront donc pas à affronter un candidat UMP aux législatives.
Le pari pour François Bayrou est risqué. A moins de 20 députés, le Mouvement Démocrate ne pourrait pas constituer un groupe parlementaire autonome à l'Assemblée Nationale.
En poursuivant sa stratégie de l'autonomie vis-à-vis de l'UMP et celle de la transformation d'un courant de centre-droit en parti social-démocrate, François Bayrou fait un pari sur l'avenir en ayant comme objectif principal l'élection présidentielle de 2012. Il veut garder sa liberté, ne pas rallier Nicolas Sarkozy pour pouvoir se représenter en homme libre à la prochaine élection présidentielle. Mais entre-temps, il lui faudra réussir les élections législatives. En cas d'échec, le Mouvement Démocrate serait mort-né et François Bayrou perdrait un élément essentiel dans la vie politique : un parti.
La règle du financement public des partis politiques est ainsi faite : la subvention donnée par l'Etat pendant 5 ans est calculée en fonction des résultats aux Législatives. Un mauvais score signifie des lendemains difficiles d'un point de vue budgétaire pour un parti politique.
Mais surtout, politiquement, un échec aux législatives viendrait effacer son bon score du premier tour de la présidentielle et isolerait considérablement François Bayrou.
Pour l'instant, les sondages donnent le Mouvement Démocrate aux alentours de 12% des voix, ce qui permettrait à 50 candidats de se maintenir au deuxième tour des Législatives, soit face à un candidat PS, soit face à un candidat UMP, soit dans une triangulaire. Mais le risque est grand que sur ces 50 circonscriptions, le Mouvement Démocrate ne puisse en gagner que 3 ou 4, voire 0.
D'un groupe UDF à 29 députés, François Bayrou passerait à un groupe Mouvement Démocrate à 3 députés, sans avoir la possibilité de constituer un groupe parlementaire autonome. Autant dire qu'en l'espace de trois semaines, François Bayrou est passé du statut d'arbitre à celui de défenseur au bord de l'expulsion du terrain politique.
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