Télévision · 22 mai 2007 à 10:26
En ne se représentant pas aux élections législatives, Ségolène Royal se prive d'une tribune médiatique à l'échelle nationale. Elle ne cumulera pas les mandats et restera présidente de la région Poitou-Charentes. Mais dans une perspective de candidature en 2012, la prise de la direction du Parti Socialiste apparaît indispensable.
Yves Calvi consacre toutes ses émissions de C dans l'air sur France 5 à l'actualité politique ces dernières semaines. Lors de l'émission intitulée "Ségolène, la panthère rose", ses invités sont revenus sur la stratégie politique de Ségolène Royal et sur la nécessité pour elle de prendre la place de François Hollande à la tête du PS. Explications.
Ségolène Royal, si elle veut gagner l'élection présidentielle, doit contrôler le Parti Socialiste et prendre la place de François Hollande. Aujourd'hui, l'avance de Ségolène Royal vis-à-vis des militants est préservée par rapport à Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Elle tente donc d'accélérer le calendrier en se déclarant favorable à la désignation rapide du candidat PS de 2012.
Elle doit donc s'affirmer rapidement avant que la vague qu'il l'a portée durant la campagne présidentielle ne retombe. En ce sens, elle doit suivre la stratégie de Nicolas Sarkozy qui a compris assez vite qu'il devait contrôler le parti pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle.
Quoi qu'il arrive, François Hollande doit passer la main après 10 années au poste de Premier secrétaire. Depuis le 21 avril 2002, François Hollande n'avait qu'une seule stratégie : s'imposer en tant que premier secrétaire comme candidat légitime pour 2007 en écartant Laurent Fabius, d'où le référendum interne en 2004 sur l'Europe, qui s'est avéré négatif pour le PS par la suite. Il a donc cherché à s'imposer et n'a pas voulu procéder à une rénovation idéologique du PS. François Hollande s'est spécialisée dans la conclusion d'accords consensuels pour ne fâcher personne et garder son poste. Mais suite à la défaite de la gauche en 2007, François Hollande risque d'être sacrifié. Ségolène Royal est protégée par sa popularité. François Hollande est apprécié par les militants mais il n'est pas populaire. Autrement dit, c'est lui qui va devoir assumer la défaite car il n'a pas rénové le parti.
Pendant la campagne, François Hollande a fait beaucoup de meeting pour Ségolène Royal. Et en même temps, il a fait beaucoup d'interventions médiatiques qui ont gêné la candidate socialiste.[br}
Les déclarations de François Hollande sur la fiscalité ont mis Ségolène Royal en difficulté. Il a fait aussi des lapsus. Raphaëlle Bacqué, journaliste au Monde, raconte que le jour de l'investiture de Ségolène Royal comme candidate du PS, il a déclaré qu'ensemble, ils conduiront "la gauche à la défaite".
Il y a eu sans arrêt des mésententes, des désaccords politiques. Ainsi, lorsque Ségolène Royal annonce dans l'entre deux tours que François Bayrou pourrait être son Premier ministre, François Hollande intervient aussitôt pour affirmer que le Premier ministre sera socialiste. Ces désaccords ont certainement pesé dans la campagne.
Dès le début de la campagne interne au PS en 2006, Ségolène Royal a récupéré les principaux conseillers de François Hollande. Julien Dray et François Rebsamen ont quitté le Premier secrétaire pour rejoindre l'équipe de Ségolène Royal. D'ailleurs, selon Raphaëlle Bacqué, les propos les plus durs sur François Hollande sont venus d'eux. Cette conquête du parti s'est donc faite au détriment de François Hollande.
Aujourd'hui, Ségolène Royal doit accélérer le calendrier internet du PS pour s'emparer de la direction du parti. Mais si François Hollande veut rester en place, il doit temporiser et maintenir le congrès du PS à 2008. Il y a 6 mois, il avait déclaré que, quelle que soit l'issue du scrutin, il ne serait plus Premier secrétaire du Parti Socialiste. Mais il a changé d'avis pendant la campagne.
François Hollande va essayer de gagner du temps comme en 2002. Mais ce sera plus difficile car Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn font pression sur lui. En tout état de cause, on en saura un peu plus après les élections législatives.
Articles de Politique.net
- Ségolène Royal, les 4 conditions qui étaient nécessaires pour gagner
- Déclaration de Ségolène Royal le soir du 6 mai (vidéo)
- Le rôle des médias dans la perception du débat Sarkozy/Royal
- Débat Sarkozy/Royal : le clash (vidéo)
- Bayrou/Royal : la construction d'un courant social-démocrate
- Bayrou/Royal : un débat de qualité sur des questions de fond
- Les traitres : Eric Besson, Claude Allègre
- La bourde sur les sous-marins (vidéo)
- Ségolène Royal et la fiscalité
- Le coût du programme du PS
- Ségolène Royal : les profs et les 35 heures(vidéo)
Sur le web
- C dans l'air sur le site de France 5
