Revue de presse · 5 juin 2007 à 10:30
Nicolas Sarkozy et le gouvernement ont annoncé quasiment toutes les réformes en même temps pour montrer que le gouvernement est déjà au travail, avant même le résultat des élections législatives. Aujourd'hui, la presse revient sur une réforme annoncée : la suppression de la carte scolaire.
- Le Monde : Carte scolaire : les stratégies des parents des Hauts-de-Seine
- Le Figaro : Carte scolaire: ce qui va changer dès septembre
La carte scolaire a été instituée en 1963 par Christian Fouchet dans le but de gérer le recrutement des collèges et lycées. L'objectif était de réglementer l'affectation des collégiens en fonction de leur lieu de résidence. Chaque collège pouvant accueillir environ 700 élèves, les quartiers ont été sectorisés, les élèves devant être scolarisés dans le collège de leur secteur.
Seulement, chaque année, environ 20% des élèves obtiennent une dérogation pour changer de collège. Ces dérogations sont obtenues la plupart du temps par des fils d'enseignants ou de cadres qui parviennent à contourner le système pour pouvoir mettre leurs enfants dans de meilleurs établissements. Les stratégies de contournement sont multiples : choix d'options rares, fausse déclaration de domicile, recours au privé, certains sont même allés à acheter un garage pour permettre à leur enfant d'être scolarisé dans le collège du bon quartier.
Nicolas Sarkozy a donc décidé de permettre à tous les parents de pouvoir choisir l'établissement de leurs enfants en souhaitant tout simplement supprimer la carte scolaire : n'importe qui pourra scolariser son enfant n'importe où. Mais la suppression de la règle risque d'accroître le fossé entre les établissements difficiles où personne ne voudra envoyer son enfant et les bons établissements qui vont crouler sous les demandes. Le gouvernement veut contourner ce risque en spécialisant chaque établissement scolaire : tel collège sera davantage spécialisé dans telle option. Ainsi, le choix d'un établissement dépendrait davantage des options, de l'orientation que de sa réputation. Mais tout ceci va prendre du temps. Et sans ce travail de fond, la suppression de la carte scolaire va accroître les inégalités entre établissements.
Depuis l'annonce par le président de la République de la suppression prochaine de la carte scolaire, les chefs d'établissement doivent faire face à une multiplication des demandes de scolarisation d'élèves non sectorisés. Ainsi, Le Figaro raconte les demandes souvent irréalistes faites auprès d'établissements parisiens : des parents sont prêts à infliger 1h30 de transport par jour à un enfant de 12 ans pour le scolariser dans un bon collège. Des grands lycées comme celui d'Henry IV ont vu les demandes d'affectation augmentées. Mais comme le précisent tous les chefs d'établissement, ils ne vont pas pouvoir pousser les murs.
Devant ces demandes spontanées alors même que la réforme n'a pas été votée, le ministère de l'Education nationale a du publier des critères pour la rentrée de septembre. En septembre 2007, 20% des demandes de dérogations seront satisfaites avant une suppression totale de la carte scolaire prévue pour 2010. Les parents ont jusqu'au 30 juin pour faire une demande de dérogation auprès de l'Inspection académique. Les élèves boursiers et handicapés seront prioritaires. Enfin, seront prioritaires les cas aberrants d'élèves scolarisés dans un établissement éloigné de plus d'un kilomètre alors qu'il y a un collège plus proche mais qui n'est pas celui du secteur. Mais faute d'une réforme plus approfondie, sur la spécialisation des établissements notamment, le nombre de dérogations acceptées restera marginal.
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