Quelles sont les idées du Parti Radical de Gauche ?

Questions d'actualité · 5 juin 2007 à 22:23

Les idées du Parti Radical de Gauche

Le Parti Radical de gauche est un parti politique relativement marginal. En 2002, le PRG avait présenté une candidate, Christiane Taubira, à l'élection présidentielle. Son score de 2,32% fut jugé à la fois faible et suffisamment élevé pour désigner le PRG comme l'un des responsables de la défaite de Lionel Jospin. En effet, depuis 1997, le PRG faisait partie de ce qu'on appelait à l'époque "la gauche plurielle". Sans la candidature du PRG, Lionel Jospin aurait pu figurer au second tour. En 2007, Christiane Taubira souhaitait de nouveau se présenter mais un accord a été trouvé entre le PS et le PRG, notamment pour les élections législatives. Christiane Taubira est alors devenue conseillère de Ségolène Royal.

Depuis la défaite de Ségolène Royal, la ligne politique du Parti Radical de Gauche est floue. Quand Bernard Tapie a officialisé son ralliement à Nicolas Sarkozy, il a été exclu du PRG. Mais au lendemain de la victoire du candidat de l'UMP, le président des Radicaux de gauche, Jean-Michel Baylet, a rencontré Nicolas Sarkozy et évoqué l'idée d'un rapprochement avec l'autre parti radical de droite dirigé par Jean-Louis Borloo. Aussitôt, le PS a dénoncé ces discussions et sommé le président du PRG de clarifier la situation sous peine de voir remis en cause le pacte d'alliance PS/PRG pour les élections législatives. Depuis, Jean-Michel Baylet a reculé en rappelant que le PRG se situe toujours à gauche, tout en ne fermant pas la porte aux discussions avec le parti radical de droite. Devant toutes ces tergiversations, une question s'impose : quelles sont les idées du Parti Radical de Gauche ?

Histoire du Parti Radical (1901-1972)

Le Parti Radical est créé en 1901. Les Radicaux sont apparus au XIXe siècle pour soutenir la création d'une République. Les premiers radicaux, regroupés autour de Ledru-Rollin, ont soutenu les réformes de la Seconde République en 1848 : suffrage universel masculin, liberté de la presse, abolition de l'esclavage. En 1868, Léon Gambetta devient le leader des radicaux et proclame, deux ans plus tard, la naissance de la IIIe République à Versailles.
En juin 1901, les Radicaux créent leur propre parti politique. Au cours de la IIIe République (1870-1940), le Parti Radical devient l'acteur central des alliances politiques et participent à de nombreuses réformes : loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, création de l'impôt sur le revenu, gratuité de l'enseignement secondaire.
Après la Première Guerre mondiale, le Parti Radical sous la direction d'Edouard Herriot, s'allie avec les autres partis de gauche. Ils participent notamment au gouvernement du Front populaire de Léon Blum en 1936.
Sous la IVe République (1946-1958), le Parti Radical perd une partie de son influence, coincé entre le MRP (nouveau parti centriste) et la SFIO (les socialistes). Malgré la présence de personnalités politiques de premier plan au sein du parti (comme Edgar Faure), les Radicaux se trouvent progressivement marginalisés, notamment en raison de divisions qui apparaissent entre une branche centriste et une branche plus à gauche.
La création de la Ve République achève la marginalisation des Radicaux qui s'étaient opposés au nouveau régime défendu par De Gaulle. Les institutions de la Ve République favorisent la bipolarisation de la vie politique avec un affrontement droite/gauche. La position ambiguë du Parti Radical, tantôt à gauche, tantôt au centre, lui est fatal. Une majorité de radicaux bascule au centre droit.

La scission du Parti radical (1972-2007)

En 1971, Jean-Jacques Servan-Schreiber, prend la tête du Parti Radical pour tenter de le sortir de la crise. Le principal problème du parti est le flou de sa ligne politique. Une clarification est opérée en 1972 avec la scission du Parti Radical : une minorité décide de s'allier aux socialistes au sein de l'Union de la gauche et une majorité décide de s'ancrer au centre droit.
Mais si cette division a le mérite de la clarification politique, elle jette le trouble un peu plus au sein des militants radicaux. Désormais, et jusqu'à aujourd'hui, les Radicaux sont divisés en deux partis : un parti au centre droit et un parti de centre gauche.
Officiellement, ce sont ceux qui appartiennent au centre droit qui ont gardé l'appellation de Parti Radical. Mais pour éviter toute confusion, on les appelle souvent "Parti Radical Valoisien" en référence au siège national du Parti qui se situe place de Valois à Paris. En 1978, le Parti Radical s'associe à l'UDF, puis rejoint l'UMP en 2002. Le Parti radical est dirigé aujourd'hui par Jean-Louis Borloo et André Rossinot.
L'aile gauche du Parti Radical, minoritaire en 1972, a donc du fonder un nouveau parti dont le nom a très souvent évolué en raison de la querelle avec le Parti Radical valoisien qui refusait que les dissidents prennent le nom de Parti Radical. Les Radicaux de gauche ont donc changé plusieurs fois de nom : Mouvement de la gauche radical-socialiste (1972), Mouvement des radicaux de gauche (1973), Radical puis Parti Radical Socialiste (1994), Parti Radical de Gauche (1998). Depuis 1981, les radicaux de gauche ont été présents dans tous les gouvernements socialistes. En 2007, le Parti Radical de Gauche comptait 8 députés à l'Assemblée Nationale. Pour les élections législatives de juin 2007, le PRG a conclu un accord avec le PS : 36 circonscriptions électorales lui ont été réservées.

Vers une fusion des deux partis radicaux en 2007 ?

Au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, le président du PRG, Jean-Michel Baylet, a rencontré le nouveau président de la République. Il a évoqué l'ouverture de discussions avec le Parti Radical Valoisien de Jean-Louis Borloo pour tenter une réunification de ces deux partis divisés depuis 1972. Quelles sont les différences entre les deux partis ? Les principales différences se situent dans la recherche d'alliance : certains penchent à droite, d'autres à gauche. C'est le problème du centre : le centre pur ne représente rien, il y a toujours eu un centre droit ou un centre gauche. Baylet souhaiterait donc une fusion des deux partis pour créer un mouvement de centre droit, quitte à ce que les derniers républicains de gauche du PRG passent au Parti Socialiste. En 2007, le PRG comptait 8000 adhérents.

Quelles sont les idées du Parti Radical de Gauche ?

Malgré ces retournements d'alliance, les Radicaux défendent les mêmes idées depuis des années :
1. Le renforcement du pouvoir du parlement. Avec un scrutin majoritaire, les "petits" partis politiques ne sont pas ou peu représentés à l'Assemblée Nationale. Les radicaux de gauche ne doivent leur présence à l'Assemblée que grâce à leur alliance avec le PS. Les radicaux souhaitent donc une dose de proportionnelle et un renforcement du pouvoir de contrôle du parlement qui, ces dernières années, est devenu une simple chambre d'enregistrement.
2. Une vision plus sociale de l'entreprise qui doit être davantage au service de l'emploi que du profit. Cette vision sociale est partagée par les radicaux de gauche et les radicaux de droite dont le leader, Jean-Louis Borloo, a montré ses préoccupations sociales en tant que ministre de la Cohésion sociale dans les gouvernements Raffarin et Villepin.
3. Une ouverture sur l'Europe même si le référendum sur la constitution européenne a profondément divisé les radicaux en 2005.
4. La défense des valeurs de la République et notamment la laïcité. Pendant très longtemps, le programme politique des radicaux s'est résumé à cette défense de la République. Les radicaux ont soutenu la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 et sont très attachés à la laïcité.

Les Radicaux de gauche se trouvent donc au centre gauche de l'échiquier politique, mais leurs idées sont très proches de celles du Parti radical Valoisien. La principale différence entre les deux se situe au niveau des alliances électorales. Avec le faible score de la gauche aux élections de 2007 (moins de 40%) et la nécessaire ouverture au centre du PS, notamment vers le MoDem de François Bayrou, les Radicaux de gauche pourraient être tentés de fusionner avec ceux de droite pour éviter de disparaître et pour constituer un pôle radical plus puissant qui participerait à l'ouverture politique prônée par Nicolas Sarkozy.



*** Sources
- Gérard Baal, Histoire du radicalisme, La découverte, Paris, 1994
- Hélène Hatzfeld (sous la direction de), Dictionnaire de la gauche, Larousse, Paris, 2007

*** Liens

Encyclopédie politique
- Histoire de la Ve République
- La naissance du Parti Socialiste
- La création du RPR et de l'UDF
- Qu'est-ce que la bipolarisation ?

Actualités
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