Les Verts, une espèce en voie de disparition

Télévision · 8 juin 2007 à 16:32

les Verts

Rarement l'écologie, le développement durable, la question du réchauffement climatique, la nécessité de faire des économiques d'énergie auront été des questions aussi présentes dans une campagne présidentielle. Certes, ces thèmes restent secondaires et sont souvent relégués en dernière position dans les émissions de débat. Mais le pacte écologique de Nicolas Sarkozy et la pression de ses partisans sur les candidats à la présidentielle ont favorisé la prise de conscience. Nicolas Sarkozy a créé un grand ministère du Développement durable avec à sa tête Alain Juppé, qui a le statut de ministre d'Etat et de numéro 2 du gouvernement.
La prise de conscience de l'urgence écologique est réelle. Et pourtant, le parti des Verts qui a défendu très tôt la cause de l'écologie est en voie de disparaître. Comment expliquer la faiblesse politique des Verts alors que leurs thématiques triomphent aujourd'hui ? Christophe Barbier et Roland Cayrol ont répondu à cette question dans l'émission C dans l'air du lundi 4 juin 2007.

Les Verts : une victoire idéologique mais pas politique

L'écologie politique a vraiment fonctionné au début des années 1990 quand le parti Vert s'est ancré à gauche et est devenu un allié officiel du Parti Socialiste. Ils ont alors profité de cette alliance pour obtenir des élus locaux et nationaux. Snobés par les autres partis politiques, les écologistes ont fini par faire triompher leurs idées : tous les grands partis de gouvernement, que ce soit le PS ou l'UMP, ont repris leurs thématiques. Leurs idées triomphent, les questions écologiques sont désormais prises au sérieux par les citoyens et les responsables politiques. Paradoxalement, la progression de leurs idées s'est accompagnée d'une marginalisation des Verts dans le paysage politique. Cette mise à l'écart et ce déclin sont d'abord liés au problème structurel du parti des Verts.

Un groupuscule fermé, aux statuts complexes

A l'origine, le parti des Verts est né d'une agglomération de petits groupuscules écologistes qui militaient chacun dans leur coin. Pour que ces différents groupuscules cohabitent, des statuts complexes ont été rédigés afin que chaque tendance soit représentée au sein du parti. Ce conglomérat a abouti à une organisation politique très fragmentée, à des débats interminables entre clans. Les Verts n'ont pas su moderniser leur parti et rénover leur mode de fonctionnement. L'appareil politique s'est avéré indirigeable. Le signe de cette incapacité du Parti à fonctionner convenablement apparaît avec la désignation de leur chef. Depuis 2003, d'illustres inconnus occupent le poste de secrétaire nationale pour ne froisser aucune sensibilité : Gilles Lemaire, Yann Wehrling, Cécile Duflot.

Une immaturité politique

Un reportage de C dans l'air montrait des candidats Verts aux législatives à Paris faire campagne avec des glaçons et un déguisement d'ours blanc pour souligner l'urgence de stopper le réchauffement climatique. A la suite de ce reportage, Christophe Barbier, directeur de l'Express, a dénoncé l'immaturité politique des Verts en les qualifiant même de "guignols". Ils souffrent d'un manque de crédibilité. S'ils n'ont pas réussi à percer dans le paysage politique alors que leurs idées triomphent, c'est de leur faute. Cette faiblesse vient de leur incapacité à incarner une tendance politique crédible. En Allemagne, les Verts on réussi à prospérer et à devenir des alliés incontournables à gauche. Le parti des Verts n'a jamais su se réformer pour constituer une force politique efficace. Aujourd'hui, les Verts ont 8 000 adhérents quand l'UMP en compte près de 400 000 adhérents, le PS presque 300 000. Le mouvement n'a pas réussi ou voulu se démocratiser.

La stratégie de l'anonymat

Des personnalités comme Dominique Voynet ou Noël Mamère suscitent la méfiance au sein d'un Parti qui rejette toute personnalisation du pouvoir. Une personnalité comme Dominique Voynet, qui a une forte expérience politique, qui sait la différence entre une revendication et ce qui est possible de faire lorsqu'on est au pouvoir, suscite la méfiance chez les Verts. Une partie des écologistes lui ont saboté la campagne, notamment en soutenant la démarche de Nicolas Hulot. Un député comme Noël Mamère a eu beaucoup de mal à obtenir l'investiture de son parti pour les législatives en raison d'une règle de non cumul inscrit dans les statuts. Tout ceci montre l'immaturité politique, la difficulté des Verts à s'organiser, les luttes de clan qui paralysent le parti et freinent son expansion.

Vers l'éclatement du parti

De nombreux responsables politiques issus des Verts sont en train de quitter le parti, notamment pour rejoindre le Mouvement Démocrate de François Bayrou. C'est le cas notamment de Jean-Luc Bennhamias. Certains quittent le parti avec parfois la moitié de certaines fédérations départementales. Si la direction des Verts considère que ces départs sont marginaux, ils pourraient se poursuivre après les législatives. Des personnalités comme Noël Mamère ou Dominique Voynet pourrait rejoindre un grand parti de gauche et incarner une branche écologiste dans un PS élargi.

Les Verts n'ont pas réussi à conclure un accord avec le Parti Socialiste pour les élections législatives. Les sondages indiquent qu'ils pourraient obtenir au mieux, deux députés à l'Assemblée nationale. Tout laisse à penser que l'avenir des écologistes passe donc par la fusion avec les socialistes dans un grand parti de gauche. Les Verts, en tant que parti politique indépendant, sont en voie de disparition.

*** Liens

Encyclopédie
- Qu'est-ce que le pacte écologique ?
- Biographie de Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle de 2007

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