breve · 12 juin 2007 à 15:45
La défaite de la gauche aux élections législatives était prévisible. Avec 24,5% des voix, le PS aurait pu s'en sortir plus mal : Fabius et Hollande ont raté de peu leur réélection dès le premier tour. Mais il n'en est pas de même pour les proches de Ségolène Royal. Hasard ou coïncidence malheureuse, les plus proches collaborateurs de Ségolène Royal qui participaient aux élections législatives se trouvent dans une situation difficile pour le second tour. Revue de détails.
Depuis 1997, Arnaud Montebourg est député de la 6ème circonscription de Saône-et-Loire. En 2002, malgré la victoire de l'UMP à l'échelle nationale, il avait réussi à se faire réélire. Cette fois-ci, les choses s'avèrent plus compliquer. Avec 41,37% des voix au premier tour, il est devancé de plus de deux points (43,95%) par un inconnu, Arnaud Danjean, qui participe pour la première fois à une élection législative sous les couleurs de l'UMP. Si Arnaud Montebourg peut compter sur un bon report de voix à gauche (4,9% pour le PCF, la LCR, LO et les Verts), cela ne suffira pas pour faire la différence puisque le candidat de l'UMP peut compter sur un report de voix équivalent à l'extrême droite (4,3%). Finalement, c'est le candidat du MoDem qui est en position d'arbitre avec 4,58% des voix. Quoi qu'il en soit, tout va se jouer serrer. En cas de défaite, Arnaud Montebourg a déclaré en mai 2007 qu'il quitterait la vie politique. Il devait penser que sa réélection serait une formalité. L'ancien porte-parole de Ségolène Royal joue donc sa carrière dimanche.
Jean-Louis Bianco, ancien secrétaire général de l'Elysée du temps de Mitterrand, s'était mis au service de Ségolène Royal pour la campagne électorale de 2007. En qualité de directeur de campagne, il a été véritablement en première ligne pendant toute la présidentielle. Manifestement, cela ne lui a pas porté chance puisqu'il est en ballotage défavorable dans sa circonscription des Alpes-de-Haute-Provence. Avec 36,40% des voix, il est devancé par la candidate UMP qui a obtenu 38,6%. Le second tour s'annonce donc très tendu.
Jean-Pierre Chevènement était désigné par de nombreux dirigeants socialistes comme le principal responsable de la défaite de Lionel Jospin en 2002. Alors qu'il avait annoncé une nouvelle candidature à la présidentielle de 2007, il a finalement renoncé à se présenter pour apporter son soutien à Ségolène Royal. Pendant la campagne, la candidate socialiste a pu bénéficier de son expérience et vantait régulièrement les qualités de l'ancien ministre de l'Intérieur de Jospin. Retour en grâce réussit.
Mais les résultats du premier tour des élections législatives ne sont pas à la hauteur des espérances de Jean-Pierre Chevènement. En 2002, il avait perdu son poste de député au profit de l'UMP. Cinq ans plus tard, la récupération de sa circonscription du Territoire-de-Belfort semble compromise. Avec seulement 26,03% des voix, il arrive loin derrière le candidat UMP qui a recueilli 43,15% des suffrages. Pire, il réalise un score relativement faible dans la ville de Belfort dont il est maire. Ce nouvel échec pourrait avoir des conséquences sur les prochaines élections municipales en 2008.
Julien Dray, porte-parole officiel du Parti Socialiste, est un proche de François Hollande et de Ségolène Royal. En 2006, il se rapproche de la candidate et se met à son service. Durant la campagne électorale, il l'a beaucoup soutenue, quitte parfois à affronter François Hollande qui se plaignait de la mise à l'écart du PS.
Dans sa circonscription de l'Essonne, Julien Dray est en ballotage défavorable avec 32,86% des voix contre 36,12% pour la candidate de l'UMP. Son sort électoral dépendra de l'attitude du candidat communiste qui a obtenu 10% des suffrages.
Alors que Ségolène Royal a prôné, en début de semaine, une alliance entre le PS et le MoDem de Bayrou pour l'emporter, Julien Dray devra, au contraire, reconstituer l'ancienne Union de la gauche avec les communistes pour espérer conserver son siège de député.
Finalement, de tous les proches de Ségolène Royal pendant la campagne, c'est le maire de Dijon qui s'en sort le mieux. François Rebsamen, numéro 2 du Parti Socialiste, était un des plus fidèles soutiens à Ségolène Royal et a occupé à ce titre le poste de co-directeur de campagne avec Jean-Louis Borloo. Or, dans sa ville de Dijon, le PS est devancé par l'UMP. Mais l'ancien directeur de campagne évite la défaite puisqu'il avait pris la sage décision... de ne pas se présenter aux législatives.