Revue de presse · 25 juin 2007 à 10:30
En refusant de venir au conseil national du Parti socialiste samedi dernier avec tous les autres dirigeants, Ségolène Royal s'est un peu plus isolée au sein du PS. Elle devait s'y rendre mais y a finalement renoncé à la dernière minute, prétextant des déplacements dans la région Poitou-Charentes dont elle est présidente.
Toute la presse revient sur ce qui s'apparente à un début de rupture. "PS/Royal, le divorce est consommé" titre Libération. "Ségolène Royal perd du terrain dans le parti" à la Une du Monde. Le Parisien précise qu'elle est sur la "défensive".
Ségolène Royal sort d'une semaine difficile. Après l'annonce prématurée de sa séparation avec François Hollande le soir du second tour des Législatives, ses critiques contre le SMIC à 1500 euros et la généralisation des 35 heures, Ségolène Royal a fortement été critiquée par bon nombre de ses amis politiques. Sa stratégie solitaire, confirmée par sa déclaration de candidature "probable" pour les élections de 2012, suscite un certain agacement chez les responsables socialistes.
En déclarant que certaines mesures de son pacte présidentiel n'étaient pas crédibles, elle a jeté un pavé dans la mare. Dans une déclaration faite au journal Le Monde, elle en a même remis une couche en expliquant que ces mesures "n'étaient pas financées, leur application pas claire, et les organisations syndicales n'y avaient pas adhéré". La plupart des responsables socialistes considèrent ces déclarations comme un manque de solidarité à l'égard du Parti.
Comme si ces polémiques ne suffisaient pas, elle a donc décidé de ne pas se rendre au bureau national du PS qui devait faire le bilan de la gauche aux élections et préparer le processus de rénovation. En son absence, c'est François Rebsamen qui était chargé de la représenter et d'exprimer ses exigences.
Le calendrier proposé par François Hollande a été adopté par le conseil national. Fin Août, l'université d'été de la Rochelle sera consacrée au diagnostic de la société française pour faire le point sur les problèmes à résoudre et les enjeux des années à venir. En septembre, trois forums auront lieu sur les questions économiques et fiscales, la question de la solidarité et de son financement, la citoyenneté dans la nation (sécurité, immigration...). Un congrès est prévu en juin 2008 pour renouveler l'équipe dirigeante sur la base d'un nouveau projet socialiste. En outre, François Hollande s'est prononcé pour une désignation du candidat à la présidentielle de 2012 en 2010 pour que le candidat puisse diriger le groupe de travail chargé d'élaborer le programme socialiste.
L'ex-candidate socialiste à la présidentielle souhaitait la tenue d'un congrès anticipé pour s'emparer rapidement du PS et la désignation dans la foulée du candidat pour l'élection présidentielle de 2012. Elle voulait également que le parti organise un vote des militants pour confirmer son statut de leader naturel du PS. Aucune de ces exigences n'a pas été satisfaite.
L'accélération de ce calendrier devait lui permettre de continuer à bénéficier du soutien des nouveaux militants qui avaient bénéficié d'une adhésion promotionnelle à 20 euros. Ces nouveaux militants, qui s'étaient inscrits pour voter pour les primaires socialistes en 2006 et qui l'ont massivement soutenu, ont déjà commencé à partir et n'ont pas renouvelé leur cotisation en 2007.
Isolée au sein de la direction du PS, Ségolène Royal ne peut compter que sur les militants pour prendre la tête du parti, c'est la raison pour laquelle elle souhaitait une nouvelle campagne de recrutement à 20 euros dans la perspective du congrès de 2008. Cette campagne devait débuter le plus rapidement car selon les statuts du PS, un militant ne peut participer au vote qu'au bout de 6 mois d'adhésion.
Finalement, le conseil national ne s'est pas prononcé pour le lancement d'une nouvelle campagne d'adhésion pour ne pas bouleverser les équilibres internes. Officieusement, il s'agit surtout de compliquer la tâche de Ségolène Royal.
Un front TSS (Tout Sauf Ségolène) est donc en train de se former. Mais au lieu d'essayer de rassembler pour le contrer, Ségolène Royal poursuit une stratégie individuelle en jouant les militants contre les dirigeants du parti, quitte à faire l'unanimité des éléphants du PS contre elle.
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