Télévision · 27 juin 2007 à 19:03
Après une troisième défaite consécutive à une élection présidentielle et une deuxième défaite consécutive aux législatives, la gauche entame de nouveau cinq années d'opposition. Depuis quelques semaines, les langues se délient au Parti socialiste et certains responsables politiques n'hésitent plus à mettre en cause François Hollande, Premier secrétaire du PS depuis 10 ans, pour ne pas avoir fait un travail de fond. Le projet socialiste était mal préparé, les questions sur la fiscalité ou le financement des retraités n'étaient pas tranchées. Pour éviter une 4eme défaite en 2012, une refondation du PS s'impose mais tout cela prend du temps. Comment l'opposition peut-elle s'adapter au rythme du président ? Comment passer d'une opposition frontale à une opposition constructive ? Les invités d'Yves Calvi à C dans l'air ont répondu à ces questions lors de l'émission du 21 juin. Etaient notamment présents sur le plateau : Christophe Barbier de L'Express et Roland Cayrol de l'institut de sondage CSA.
La situation de l'opposition est extrêmement compliquée car elle doit mener un chantier très lent, qui prend du temps, celui de la reconstruction, de la refondation idéologique. En même temps, l'opposition doit tenter de faire des réponses constructives aux mesures immédiates prises par le président de la République.
La situation est d'autant plus difficile que certains des ministres de Sarkozy sont de gauche. Par ailleurs, à l'Assemblée Nationale, Nicolas Sarkozy a promis de laisser à l'opposition de gauche la présidence de la commission des finances, poste important. Tous ces signes d'ouverture mettent l'opposition en difficulté.
Pour l'instant, la gauche s'oppose sans proposer. Il faut que l'opposition se dote d'un appareil intellectuel capable de produire des contre-propositions à chaque fois. Quand Nicolas Sarkozy évoque la suppression des pré-retraites, l'opposition devrait être capable de répondre sur le fond. Une cellule du PS doit répliquer en donnant des chiffres précis sur le coût des pré-retraites, le nombre de personnes concernées. Pour contrer le gouvernement, il faut travailler un argumentaire, prendre des exemples précis. Or, tout ceci ne s'improvise pas. Il faut donc que l'opposition s'organise.
L'un des problèmes du PS est son positionnement politique. Les dernières élections ont montré que l'Union de la gauche (PS-PC-Verts) était désormais nettement minoritaire dans le pays. C'en faisant ce constat que Ségolène Royal a pratiqué la politique de la main tendue vers François Bayrou pour lui proposer une alliance PS/Centre. Mais au Parti Socialiste, de nombreux responsables ont eu une vision inverse du contexte politique. Selon eux, la gauche perd les élections car elle ne serait pas assez à gauche. Ce serait la ligne défendue par Laurent Fabius ou encore Martine Aubry, qui a déclaré récemment que le PS devait revenir à ses fondamentaux. Tant que le PS n'aura pas tranché entre une ligne social-démocrate avec une alliance PS/MoDem et une ligne beaucoup plus à gauche, l'opposition aura du mal à apporter des réponses cohérentes.
Sur les questions sociales, la gauche peut être le relais politique des revendications syndicales : défense du modèle sociale, dénonciation des inégalités sociales. La gauche va donc pratiquer une politique de harcèlement pour tenter de déstabiliser le pouvoir sur chacun des dossiers. Elle a des chances de gagner, d'être entendu par l'opinion et peut donc s'opposer avec une certaine efficacité. Lors du deuxième tour des législatives, la contestation de la TVA sociale a fait gagner au PS une cinquantaine de sièges de députés. La gauche a donc un fond de commerce sur ces questions sans être obligé de faire des propositions.
En revanche, sur les réformes de structure, la gauche est coincée selon Roland Cayrol. Si le PS s'oppose à ces réformes de structure, les socialistes doivent être capables de faire des contre-propositions car dans le cas contraire, il y aurait un problème de crédibilité. L'opposition n'est efficace que si d'autres propositions crédibles sont présentées. Pendant deux ou trois ans, la gauche va donc peiner pour formuler des réponses crédibles selon lui.
Les réformes du gouvernement Fillon
- La stratégie de la vitesse
- Les réformes fiscales
- Le casse-tête des heures supplémentaires
- La réforme des Universités
- La suppression de la carte scolaire
- Le projet de TVA sociale
L'opposition de gauche
- Ségolène Royal s'isole au sein du Parti Socialiste
- Ségolène Royal juge que son pacte présidentiel n'était pas crédible
- Demi-victoire des socialistes aux législatives
- La stratégie de Ségolène Royal : prendre la place de François Hollande à la tête du PS
- Le coup de bluff de Ségolène Royal : transformer une défaite en victoire