Questions d'actualité · 3 juil. 2007 à 18:44
Aujourd'hui, François Fillon a prononcé à l'Assemblée nationale son discours de politique générale. L'hyperactivité du président de la République a complètement éclipsé le Premier ministre de la scène politique et médiatique. François Fillon a donc profité de ce discours pour reprendre la main et tenter d'exister. Mais qu'est-ce qu'un discours de politique générale ?
Le discours de politique générale est une tradition de la Ve République. Dès sa prise de fonction, le Premier ministre doit faire un discours présentant les grandes lignes de la politique de son gouvernement. Ce discours de politique générale n'est pas une obligation inscrite dans la constitution, il est simplement spécifié que le Premier ministre doit engager la responsabilité de son gouvernement par un vote d'approbation des députés sur son programme ou "éventuellement sur une déclaration de politique générale".
En réalité, presque tous les Premiers ministres de la Ve République ont prononcé un discours de politique générale, cet exercice ayant valeur de symbole. Par ce discours, le Premier ministre imprime un style et doit se poser en chef de la majorité parlementaire.
Faire un discours de politique générale n'est pas simple. Plusieurs Premiers ministres ont raté ce passage obligé devant les députés. Ainsi, en 1962, le Premier ministre du général De Gaulle, Georges Pompidou, avait raté son discours de politique générale de l'avis des députés. Trop terne, sans souffle, la prestation du Premier ministre avait souffert de la comparaison avec un président de la République charismatique.
L'exercice est difficile car il faut éviter de faire trop long, de faire un catalogue ennuyeux de toutes les mesures. Le Premier ministre doit essayer de surprendre et surtout imposer un style.
Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre de Georges Pompidou, avait fait un coup politique en prononçant un discours de politique générale très percutant. Il avait annoncé la construction d'une "nouvelle société, prospère, jeune, généreuse et libérée" suscitant la grogne de nombreux gaullistes. La teneur du discours relevait davantage d'une intervention de chef d'Etat que d'un discours de politique générale. A la fin de son discours, Georges Pompidou avait fait savoir son profond mécontentement devant ce coup politique.
En 1972, Pierre Messmer fit exactement le contraire de son prédécesseur en rassurant sa majorité et en annonçant quelques mesures concrètes. Pompidou avait félicité son Premier ministre en conseil des ministres, en soulignant l'autorité dont celui-ci avait fait preuve.
Après la démission de Jacques Chirac
, Valéry Giscard d'Estaing avait nommé Raymond Barre Premier ministre pour tenter de résoudre la crise économique dans laquelle la France était plongée depuis le premier choc pétrolier de 1973.
Après sa prise de fonction, Raymond Barre s'était dispensé de prononcer un discours de politique générale. Deux mois après son arrivée à Matignon, il avait engagé la responsabilité de son gouvernement sur un projet de loi finances. Il avait alors prononcé un discours très neutre.
En 1981, Pierre Mauroy avait proposé lors de son discours de politique générale de procéder à des nationales massives et la réduction du temps de travail pour faire face à la crise économique. En 1984, Laurent Fabius, le plus jeune Premier ministre de la Ve République, avait imprimé un nouveau style, plus vif, plus moderne.
En 1988, Michel Rocard avait preuve d'originalité en invoquant le "rêve et le pragmatisme" en politique. En 1992, Edith Cresson s'était faite chahutée par sa propre majorité. Imposée par Mitterrand contre la volonté des socialistes, la première femme chef de gouvernement ne s'est pas relevée de ce mauvais départ. En 1992, pour se faire respecter, Pierre Bérégovoy avait commis l'erreur de menacer la droite de révéler une liste de personnalités politiques corrompues et citées dans de nombreuses affaires. La menace avait fait scandale à l'époque.
Avec une Assemblée nationale composée à 85% de députés de droite, Edouard Balladur avait pu prononcer sereinement son discours de politique générale en évoquant toutes les réformes nécessaires pour relancer l'emploi et lutter contre le chômage. D'une durée de plus de deux heures, le discours de politique générale d'Edouard Balladur est le plus long de l'histoire de la Ve République.
En 1995, Alain Juppé avait un discours très long (1h45) et très ennuyeux car trop complet en détaillant toutes les réformes qu'il entendait mettre en oeuvre. En 2002, le discours de politique générale de Jean-Pierre Raffarin avait été marqué par une succession de petites formules qui avaient été reprises dans les médias : "La route est droite, mais la pente est forte". En 2005, Dominique de Villepin avait joué la surprise. Habitué des envolées lyriques, le nouveau Premier ministre de Jacques Chirac avait fait sobre en consacrant près de la moitié de son temps de parole à sa politique pour l'emploi, notamment en annonçant une mesure surprise : la création du Contrat Nouvelle Embauche.
Les Premiers ministres qui ont prononcé un discours de politique générale ont donc connu des fortunes diverses. Si cet exercice difficile n'est pas décisif, il donne souvent le ton et annonce la manière dont le Premier ministre entend gouverner.
Histoire politiques
- Les années De Gaulle
- Les années Pompidou
- Les années Giscard d'Estaing
Actualités
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Vidéo en ligne
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