L'effondrement de l'extrême droite après l'échec de Jean-Marie Le Pen

Rétrospectives · 10 juil. 2007 à 21:27

L'effondrement de l'extrême droite après l'échec de Jean-Marie Le Pen

Pendant 10 jours, Politique.net propose une petite rétrospective des 6 mois de campagne électorale de l'année 2007 : le départ de Jacques Chirac, la percée d'Olivier Besancenot malgré les divisions de l'extrême gauche, l'échec des écologistes, l'effondrement de Jean-Marie Le Pen, l'échappée solitaire de François Bayrou, les ratés de la campagne de Ségolène Royal, la victoire de Nicolas Sarkozy et le début de sa présidence.

Aujourd'hui, retour sur l'effondrement de l'extrême droite.

La banalisation de la candidature de Jean-Marie Le Pen dans les médias

Il y a quelques années, la venue de Jean-Marie Le Pen dans une émission de télévision ou de radio s'accompagnait de précautions d'usage. Débatteur redoutable, habitué des dérapages verbaux à connotation antisémite et raciste, le leader d'extrême droite se voyait confronter à des journalistes plutôt offensifs qui avaient le souci de ne pas le laisser développer un argumentaire extrémiste. Il exprimait ses idées mais les journalistes lui répondaient lorsqu'il énonçait des contrevérités manifestes. Toute la difficulté était donc de ne pas offrir une tribune libre à un candidat qui n'était pas comme les autres.
Depuis 2002 et son accession au deuxième tour de l'élection présidentielle, le leader d'extrême droite bénéficie d'une curieuse bienveillance : les chiffres fantaisistes qu'il avance ne sont plus contestés, ces mesures comme la préférence nationale qui légaliserait la discrimination ne suscitent plus l'indignation. Voici donc une analyse du lien entre Le Pen et les médias : quand les journalistes deviennent complices d'une banalisation de l'extrémisme.

> Le Pen et les médias : quand les journalistes deviennent complices d'une banalisation de l'extrémisme

Un discours xénophobe et toujours limite

Le 20 février 1997, Envoyé Spécial diffuse un reportage intitulé « Le Pen dans le texte » au cours duquel historiens et sociologues décryptent les propos du président du Front National. Retour sur ces dérapages contrôlés sur l'immigration et l'inégalité des races.

> Le Pen dans le texte : retour sur un reportage, 10 ans après

Mathématiquement, Le Pen ne pouvait pas être au second tour en 2007

Avec une forte participation, Jean-Marie Le Pen ne pouvait être au second tour de l'élection présidentielle. En 2002, il faisait 4 800 000 voix. Avec une participation de l'ordre de 80% en 2007, la barrière de qualification pour le second tour dépasse le seuil des 20%. Par rapport à son score de 2002, il aurait fallu qu'il obtienne 2, voire 3 millions d'électeurs en plus cette année. Faire un bon de 2 millions d'électeurs, c'est impossible. Depuis 20 ans, l'Extrême droite progresse, mais à chaque élection, elle gagne environ 500 000 voix. En 2002, il a pu se qualifier car l'abstention était forte. En 2007, l'équation est impossible.

> Mathématiquement, Le Pen ne peut pas être au second tour en 2007

L'effondrement de Jean-Marie Le Pen avec 10% des voix

Avec une campagne très à droite, Nicolas Sarkozy a littéralement siphonné la réserve de voix du Front National. Jean-Marie Le Pen obtient 10,51%, soit environ 4 millions d'électeurs. Le leader d'Extrême droite a donc perdu plus d'un million de voix par rapport à 2002. Il réalisé son plus mauvais score à l'élection présidentielle depuis 1988. Jean-Marie Le Pen termine donc sa carrière sur un sérieux échec.

> Revue de presse du 23 avril 2007 : analyse politique des résultats du premier tour

Jean-Marie Le Pen ne donne pas de consigne de vote au second tour

Jean-Marie Le Pen a appelé ses électeurs à s'abstenir massivement. Contrairement à ce que certains pouvaient prévoir, il n'a donc pas appelé à faire barrage à la gauche, accusant Nicolas Sarkozy de lui avoir siphonné ses électeurs. Mais ce n'est pas la première fois que Jean-Marie Le Pen appelle ses électeurs à s'abstenir au second tour de l'élection présidentielle : c'était le cas en 1995 et 1988. Et ses électeurs n'avaient pas forcément suivi la consigne.

> Le Pen et l'abstention massive : les précédents de 1995 et 1988

Les comptes du FN sont dans le rouge après les législatives

Jean-Marie Le Pen a réalisé 10% des voix lors de l'élection présidentielle. Mais le Front National a réalisé un score encore inférieur aux élections législatives avec moins de 5% des suffrages. Ce chiffre marque un effondrement sans précédant du mouvement d'extrême droite. Depuis 1986, le Front National a toujours obtenu plus de 10% des voix : 10% (1986), 10,1% (1988), 12,42% (1993), 14,94% (1997), 11,4% (2002). Cet échec va avoir des conséquences directes sur le budget du Front National.

> Le Pen et le Front National : des comptes dans le rouge après les législatives ?

Quelles sont les raisons de la déroute de l'extrême droite ?

L'affront des élections de 2002 a été en partie lavé avec les défaites successives de l'extrême droite lors de l'élection présidentielle et des élections législatives de 2007. Le Front National a chuté et retrouvé son plus bas niveau depuis plus de 20 ans. Comment expliquer cet effondrement si rapide ? Est-ce la fin de l'extrême droite ?

> Elections 2007 : la déroute de l'extrême droite

Un dernier pied-nez de Le Pen avec un passage à l'Elysée fin juin

Jean-Marie Le Pen a été reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy fin juin dans le cadre des consultations pour la préparation du sommet européen. C'est sans précédent. François Mitterrand et Jacques Chirac avaient toujours refusé de rencontrer officiellement Jean-Marie Le Pen, fut-il le président du Front National. Les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy considéraient que le FN n'était pas un parti comme un autre. Jacques Chirac avait même refusé le débat avec Jean-Marie Le Pen pendant le second tour de la présidentielle de 2002 justifiant qu'il n'y avait "pas de débat possible avec l'extrême droite".

> Jean-Marie Le Pen à l'Elysée pour ses 79 ans

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