breve · 21 juil. 2007 à 09:47
La question du jour : Quels sont les fondements de la République française ?
Pendant tout l'été, Politique.net vous fait découvrir le monde politique en 25 questions, de la fabrication du bulletin de vote aux pouvoirs du président de la République, en passant par le palmarès des ministres les plus éphémères. Retrouvez tous les jours une question plus ou moins insolite destinée à mieux vous faire comprendre la politique française.
Si la France a connu cinq Républiques (1792-1799, 1848-1852, 1870-1940, 1946-1958, 1958 à nous jours), les principes de la République restent stables : séparation des pouvoirs, indépendance de la justice, multipartisme, laïcité depuis 1905.
La France est un pays fortement centralisé. L'essentiel du pouvoir est concentré à Paris et la Constitution rappelle que la République est une et indivisible. La République garantit donc l'égalité des droits entre tous les citoyens et l'unité. Le pouvoir central est souvent présenté comme le garant de l'unité de la République. Au nom de l'unité et de l'égalité de traitement de tous les citoyens, le pouvoir central a longtemps résisté à la volonté d'accorder davantage de pouvoir aux collectivités territoriales (communes, départements, régions).
Lorsque les Révolutionnaires ont élaboré la première constitution pour mettre un terme à la monarchie absolue, la première des priorités a été la séparation des pouvoirs entre le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. C'est Montesquieu qui est à l'origine de la séparation des pouvoirs en évoquant cette règle dans L'Esprit des lois, publié en 1748. Le pouvoir exécutif gouverne, le pouvoir législatif vote les lois, le pouvoir judiciaire rend la justice. La démocratie repose sur cette séparation des pouvoirs
Si la séparation des pouvoirs est le fondement de la République, l'indépendance de la justice est le principe le plus souvent remis en cause. Dans la constitution de la Ve République, la justice n'est d'ailleurs pas reconnue comme un pouvoir mais comme une "autorité" (titre VIII de la constitution du 5 octobre 1958). Très régulièrement, le pouvoir exécutif est tenté de remettre en cause le pouvoir des juges et l'indépendance de la justice. Si dans les textes, le président de la République est garant de cette indépendance, dans les faits, le pouvoir politique fait souvent pression sur la justice.
La République française ne peut être une Démocratie que si plusieurs partis participent à la vie politique et présentent des candidats aux différentes élections. C'est ce qu'on appelle le multipartisme et c'est un des fondements de la République. A cet égard, l'article 4 de la constitution de la Ve République garantit ce multipartisme : "Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leurs activités librement. Ils doivent respecter les principes et la souveraineté nationale et de la démocratie". Malgré cet article, le fondateur de la Ve République, Charles de Gaulle, s'en est souvent pris aux partis politiques en dénonçant "le régime des partis".
La séparation de l'Eglise et de l'Etat date de la loi de 1905 et constitue une spécificité française. Durant la IIIe République ainsi que pendant la IVe et le début de la Ve, les luttes ont été vives entre les partisans de l'Eglise et les défenseurs la laïcité. Finalement, c'est le principe de la neutralité de la République qui l'a emporté au début du XXe siècle. Il s'agit d'une particularité française. En Angleterre par exemple, le souverain est également le chef de l'Eglise anglicane. Aux Etats-Unis, le président et les parlementaires américains prêtent serment sur la Bible lors de leur entrée en fonction et les références religieuses sont omniprésentes dans la vie politique américaine.
Tous ces principes énoncés plus haut font donc partie des fondements et des spécificités de la République française.
*** Pour aller plus loin :
Maurice Agulhon, 1848 ou l'apprentissage de la République 1848-1852, Seuil, réédition 2006
La politique en questions
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