breve · 16 août 2007 à 20:00
La question du jour : Quelle est la durée de vie d'un ministre en politique ?
Pendant tout l'été, Politique.net vous fait découvrir le monde politique en 25 questions, de la fabrication du bulletin de vote aux pouvoirs du président de la République, en passant par le palmarès des ministres les plus éphémères. Retrouvez tous les jours une question plus ou moins insolite destinée à mieux vous faire comprendre la politique française.
La fonction de ministre est éphémère. En moyenne, depuis 1958, un ministre reste à son poste moins de deux ans. Entre les multiples remaniements ministériels, les erreurs de casting, les démissions pour désaccord politique, la durée d'un ministre dans un gouvernement est limitée. Pour autant, certains ont réussi à rester en place pendant près de dix ans quand d'autres ont été remerciés au bout de dix jours. Quelle que soit la durée du bail dans son ministère, un membre du gouvernement perçoit six mois de traitement après sa démission.
Sous De Gaulle, Maurice Couve de Murville a été ministre des Affaires étrangères pendant 10 ans (1958-1968). Pierre Messmer a été ministre des armées pendant 9 ans (1960-1969). Pendant les mandats de De Gaulle et Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing a été en charge de l'économie pendant 11 ans (secrétaire d'Etat de 1959 à 1962, ministre de 1962 à 1966, puis de nouveau ministre de 1969 à 1974). Enfin, sous Mitterrand, Jack Lang a occupé le poste de ministre de la Culture pendant 10 ans de 1981 à 1986 et de 1988 à 1993.
En 1974, Jean-Jacques Servan-Schreiber est nommé ministre des Réformes dans le gouvernement de Jacques Chirac pendant le mandat du président Giscard d'Estaing. Mais il est contraint de démissionner au bout de 15 jours seulement, en raison de ses prises de position contre les essais nucléaires dans le Pacifique.
En 1988, Léon Schwartzenberg, ministre de la santé dans le gouvernement Rocard, a du démissionner au bout de 9 jours seulement suite à ses prises de position sur l'euthanasie. C'est le ministre dont la longévité aura été la plus faible.
Enfin, en 1995, Alain Madelin a démissionné de son poste de ministre de l'Economie et des finances dans le gouvernement Juppé en raison à la fois de la polémique suite à ses propos désobligeants à l'égard des fonctionnaires et aussi parce qu'il reprochait au gouvernement de mener une politique qui ne correspondait pas aux promesses de campagne. Il est resté ministre seulement 3 mois.
- En 1959, André Boulloche, ministre de l'Education nationale, a démissionné du gouvernement de Michel Debré pour contester contre la loi sur l'école trop favorable à l'enseignement privé.
- En 1962, Pierre Sudreau a démissionné car il était contre la tenue d'un référendum pour le choix de l'élection du président de la République au suffrage universel.
- En 1982, Jean-Pierre Cot, ministre de la coopération, a démissionné car il était contre la politique de l'Elysée en Afrique.
- En 1986, Michel Rocard a démissionné pour protester contre l'instauration de la proportionnelle aux législatives, mesure entraînant l'entrée de députés d'extrême droite à l'Assemblée nationale.
- Jean-Pierre Chevènement détient le record de démission. En 1983, il a démissionné du ministère de l'Industrie car il était contre le nouvelle politique économique de rigueur. En 1991, il a démissionné du ministère de la Défense pour protester contre le déclenchement de la guerre en Irak. Enfin, en août 2000, il a démissionné de son poste de ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Jospin pour marquer son désaccord sur la politique en Corse. Suite à ces démissions successives, on lui doit cette phrase restée célèbre : « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ».
Depuis 1992, il existe ce qu'on appelle la "jurisprudence Bérégovoy" qui veut que tout membre du gouvernement qui soit mis en examen par la justice doit automatiquement démissionner. L'objectif est d'éviter de ternir l'image du gouvernement. Cependant, cette règle tacite s'est avérée très souvent injuste car la plupart des ministres qui ont été mis en examen ont bénéficié par la suite de non-lieux alors que la démission avait été perçue comme une sanction.
Ainsi, depuis 1992, de nombreux ministres ont du démissionner en raison de leur mise en examen par la justice : Bernard Tapie (condamné), Alain Carignon (condamné), Gérard Longuet (non-lieu), Dominique Strauss-Kahn (non-lieu). Pierre Bédier (non-lieu) et Renaud Donnedieu de Vabre (non-lieu).
La politique en questions
1. Quelle est la différence entre Démocratie et République ?
2. Quels sont les fondements de la République française ?
3. Pourquoi la Grande Bretagne n'a-t-elle pas de constitution ?
4. Qui a le droit de vote en France ?
5. Pourquoi le droit de vote des femmes a-t-il été aussi tardif en France ?
6. Pourquoi a-t-on tardé en France à instaurer le vote secret ?
7. Qui fabrique le bulletin de vote ?
8. Quel est le parcours du bulletin de vote ?
9. Quels sont les résultats des élections présidentielles en millions de voix depuis 1981 ?
10. Qui sont les 23 présidents de la République française depuis 1848 ?
11. Comment étaient désignés les présidents de la République avant 1965 ?
12. Quelles sont les surprises des élections présidentielles depuis 1981 ?
13. Quelles sont les innovations des portraits présidentiels sous la Ve République ?
14. Quel est le rôle de la "première dame de France" ?
15. Pourquoi la santé des présidents est-elle tabou ?
16. Qui assure la sécurité du chef de l'Etat ?
17. Législatives, quelle est la spécificité du scrutin majoritaire français ?
18. Qu'est-ce que le découpage électoral ?
19. Comment les présidents de la Ve République ont-ils choisi leur Premier ministre ?
20. Quelle est la durée de vie d'un Premier ministre en politique ?
21. Comment le président de la République et le Premier ministre choisissent-ils le nom des ministères ?
Rétrospectives 2007
- Nicolas Sarkozy, six mois pour succéder à Chirac
- Ségolène Royal échoue, mais veut préparer 2012
- L'échappée solitaire de François Bayrou
- L'effondrement de l'extrême droite après l'échec de Jean-Marie Le Pen
- L'échec de Dominique Voynet et des écologistes
- Les divisions de l'extrême gauche et la percée d'Olivier Besancenot
- Jacques Chirac, un retraité rattrapé par la Justice