Quelles sont les différences idéologiques au sein du Parti Socialiste ?

Zapping radio · 27 août 2007 à 23:04

Les gauches

Derrière la dénomination "la gauche" se cache en réalité une multitude de courants idéologiques qui s'affrontent. Il n'y a pas une gauche, mais des gauches. Si les différences entre l'extrême-gauche qui rejette la société capitaliste et les socialistes qui ne souhaitent que la réformer sont visibles, les divisions idéologiques peuvent surprendre lorsqu'elles sont présentes au sein d'un même parti. C'est ce qui se passe au Parti socialiste ou plusieurs courants s'affrontent depuis des années mais de manière plus virulente depuis la défaite de Ségolène Royal à l'élection présidentielle. Tous veulent incarner la rénovation à gauche. Mais quelle gauche ? N'y a-t-il pas plusieurs gauches ? Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ? Dans sa chronique sur France Culture, Olivier Duhamel a tenté de définir les différentes gauches.

La dénomination des gauches

Selon que l'on appartienne à un courant ou à un autre, la dénomination des différents courants change. Les sociaux-démocrates (Royal, Strauss-Kahn) se considèrent comme la nouvelle gauche par opposition à la vieille gauche qui serait celle des socialistes traditionnels qui se réfèrent aux premières années de Mitterrand. Du point de vue des socialistes traditionnels, on désigne le courant rival par le terme de centre gauche par opposition à la vraie gauche pour souligner la dérive droitière de ce courant. Quelles que soient les dénominations adoptées, ces différences d'appellation désignent bien des différences idéologiques.

La gauche social-démocrate ou social-libérale

Pendant la campagne présidentielle, un groupe de hauts fonctionnaires et d'intellectuels, qui s'est donné le nom de "Gracques", a lancé un appel pour une alliance entre les socialistes et les centristes de Bayrou. Ces personnalités de gauche prônent un socialisme réformiste : l'adaptation de la société capitaliste passe d'abord par le compromis et la négociation entre les partenaires sociaux pour les questions d'emploi par exemple.

La gauche traditionnelle, égalitariste

Au Parti Socialiste, des personnalités comme Laurent Fabius et Jean-Luc Mélenchon incarnent la gauche traditionnelle, plus étatiste, plus soucieuse de l'égalité de traitement. La justice sociale passe avant l'efficacité économique. L'égalité est la valeur de référence. La fraternité prédomine dans la vision de la politique de l'immigration. La sécurité passe d'abord par la prévention, la répression étant un thème laissé à la droite.

Un rapport de force déséquilibré entre ces deux gauches

Pour analyser le rapport de force entre ces deux gauches, Olivier Duhamel s'appuie sur une enquête parue dans le Nouvel Observateur. Un sondage auprès de tous les Français indique que les idées de la gauche social-libérale dominent. Cette domination est normale puisque l'échantillon des personnes interrogées comprend tous les Français, de droite, du centre et de gauche. En revanche, le même sondage réalisé auprès des sympathisants de gauche indique le contraire, la gauche traditionnelle l'emporte nettement. Par exemple, les 2/3 des sympathisants de gauche approuvent le SMIC à 1500 euros alors même que Ségolène Royal avait jugé que cette proposition qui figurait dans son pacte présidentiel n'était pas crédible.

Ces divisions reflètent les contradictions des Français

En réalité, l'opposition entre ces deux gauches reflète les contradictions de l'opinion. Ainsi, les Français savent que la réduction des déficits publics est indispensable (gauche social-démocrate) mais dans le même temps, ils refusent qu'on diminue le nombre de fonctionnaires pour maintenir un service public de qualité (gauche traditionnelle). De même, les Français s'inquiètent des déficits de la sécurité sociale mais ils contestent l'allongement de la durée du travail pour financer les retraites. Ils acceptent l'économie de marché mais ils craignent la mondialisation.

Une équation difficile à résoudre

La rénovation au Parti Socialiste passe par le choix entre ces deux gauches. Mais ces oppositions font écho aux priorités contradictoires sans cesse exprimées par les Français. De fait, la victoire d'une gauche sur l'autre entraînerait une clarification idéologique salutaire, mais dans le même temps, elle couperait le parti de toute une frange du peuple de gauche.
Malgré cela, les vainqueurs du prochain congrès du PS devront résoudre ce dilemme pour pouvoir espérer l'emporter en 2012, l'absence de choix idéologique clair entre 2002 et 2007 expliquant en partie la défaite de la candidate socialiste.



*** Source
Olivier Duhamel, "Les gauches", chronique sur France Culture, Lundi 27 Août 2007, 8h30

*** Liens

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