Enquête · 4 sep. 2007 à 22:21
La semaine dernière, l'Elysée expliquait que Cécilia Sarkozy ne répondrait pas favorablement à une demande d'audition de la part de la commission d'enquête sur la libération des infirmières bulgares en Libye. Cette commission a pour but d'éclaircir les points de négociations et les concessions accordées par la France à la Libye pour qu'elle libère les infirmières. La femme de Nicolas Sarkozy s'était elle-même rendue sur place avec le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, pour négocier avec Kadhafi.
Pour éviter à Cécilia Sarkozy une audition publique, l'Elysée avait sorti un argument constitutionnel. Puisque Nicolas Sarkozy ne peut pas témoigner auprès de cette commission au nom de la séparation du pouvoir (exécutif et législatif), par extension, sa femme ne le peut pas non plus. Ainsi, le porte-parole avait expliqué que "le président est soucieux de communiquer toutes les informations qu'il a eues et qu'il a en sa possession (...) pour autant il paraît inconstitutionnel qu'il puisse répondre à une commission d'enquête parlementaire. Ce serait une entorse au principe de séparation des pouvoirs. (...) Par extension, Mme Sarkozy, puisqu'elle était son envoyée personnelle, tombe sous la même règle". Plusieurs constitutionnalistes s'étaient élevés contre cet argument jugé irrecevable car créant une sorte d'immunité totale de la femme du président. Si Nicolas Sarkozy a été élu par le peuple, sa femme n'a en revanche aucune fonction officielle issue d'un vote démocratique. La séparation des pouvoirs ne peut donc être invoquée quand la constitution ne reconnaît strictement aucun pouvoir à la femme du président de la République.
Finalement, la femme de Nicolas Sarkozy est revenue sur les raisons de son refus de témoigner auprès de la commission dans une interview accordée à "l'Est Républicain". Selon elle, sa présence en Libye était guidée par des considérations humanitaires et non politiques. Elle n'a pas participé à des négociations politiques et affirme que seules des considérations humanitaires (amélioration des hôpitaux libyens) ont été prises en compte dans les négociations, réfutant les promesses de vente d'arme à la Libye en échange de la libération des otages.
"Je suis choquée que certains médias utilisent ainsi un drame humain et exploitent la souffrance de femmes, d'enfants et des familles. Ce qui s'est passé lors de ma mission n'a rien à voir avec des polémiques droite-gauche".
"A mon niveau, il ne s'est agi que de contreparties d'ordre médical".
Et quand on évoque sa possible audition par la commission, elle affirme "Ça n'est pas ma place [mais] je tiens cependant à faire la lumière sur mon rôle dans cette affaire, voilà pourquoi j'ai accepté de vous parler".
En réalité, les socialistes qui cherchent depuis plusieurs mois un angle d'attaque contre Nicolas Sarkozy tentent de le mettre en difficulté en s'en prenant à son point faible : Cécilia Sarkozy. Cette dernière n'étant pas une femme politique, elle serait mise facilement en difficulté lors d'une audition devant la commission. Voilà pourquoi elle refuse de s'y rendre. En outre, les commentateurs s'accordent à penser qu'elle n'a joué qu'un rôle symbolique, les vraies discussions ayant lieu entre les diplomates libyens et français. Toutefois, cette affaire relance le débat sur l'idée d'un statut de l'épouse du chef d'Etat pour que son action s'inscrive dans le cadre de la loi.