Revue de presse · 6 sep. 2007 à 10:49
Avec l'ouverture politique, la gauche est sans voix. De nombreux responsables socialistes ont rejoint les rangs de la droite, soit en participant au gouvernement, soit en étant membre d'une commission. Cette stratégie politique qui consiste à étouffer l'adversaire en en pillant une partie de ces troupes permet à Nicolas Sarkozy de bénéficier d'un Etat de grâce. Mais, depuis quelques jours, les interventions de Dominique de Villepin viennent perturber l'hégémonie médiatique de l'hyper-président Sarkozy. Profitant de la sortie d'un livre sur Napoléon, l'ancien Premier ministre multiple les flèches contre le président. Et si l'opposition au chef de l'Etat venait de son propre camp ?
Toute la presse revient sur les multiples sorties de Dominique de Villepin à propos des premiers mois de présidence Sarkozy. "Villepin attaque Sarkozy en défendant son Napoléon" titre Le Figaro. Outre la critique politique, il dénonce également son rôle dans l'affaire Clearstream et l'ambigüité de sa position, à la fois garant de la justice et partie civile dans une affaire judiciaire. "Villepin laisse entendre que Sarkozy a pu impressionner la justice" poursuit Le Figaro. "Villepin poursuit l'offensive contre Sarkozy" confirme L'Express.
Jusqu'en 2006, les deux hommes étaient en compétition pour briguer l'investiture de l'UMP pour la candidature à l'élection présidentielle. Le Premier ministre bénéficiait d'une bonne côte de popularité tandis que le ministre de l'Intérieur devait gérer les suites d'une crise des banlieues qui a failli lui être fatale. Mais après l'épisode du CPE, l'enquête Clearstream pour dénonciation calomnieuse, Dominique de Villepin a dévissé dans les sondages. On connaît la suite.
Toutefois, avec la retraite politique de Jacques Chirac, Dominique de Villepin pourrait être tenté de prendre le rôle de leader de la tendance chiraco-gaulliste de l'UMP et incarner la droite traditionnelle.
Entre son interview à France Inter, sa présence sur Canal + ou encore son invitation au 20h de TF1, Dominique de Villepin est partout depuis plusieurs jours. Et ses propos sont ambigüités, en voici quelques extraits :
"Ce n'est pas quand vous êtes entourés de béni-oui-oui, de cire-pompes et de courtisans que vous faites avancer un pays"
"Sur la politique étrangère, il y a des dossiers sur lesquels nous pouvons faire mieux"
"Quand on dit qu'on veut pendre quelqu'un à un croc de boucher et qu'on est ministre d'État, ministre de la sécurité ou président de la République, on impressionne d'une façon ou d'une autre la justice".
"Je pose une question : est-ce que si on se contente d'appliquer toutes les promesses de Nicolas Sarkozy, la France ira mieux ? Et je dis : c'est pas sûr".
Si la rivalité entre les deux hommes a toujours existé, c'est surtout l'affaire Clearstream qui explique l'offensive de Dominique de Villepin. L'ancien Premier ministre pourrait être mis en examen pour dénonciation calomnieuse, suite à des rumeurs mensongères sur un compte en banque secret de Nicolas Sarkozy. En attaquant le chef de l'Etat, l'ancien Premier ministre tente de mettre la pression sur l'Elysée pour que la justice cesse ce que Dominique de Villepin appelle un acharnement. Toutes ces critiques sont une manière de dire qu'en cas de condamnation, Dominique de Villepin promet de perturber le quinquennat de Nicolas Sarkozy. On assiste donc à un véritable chantage médiatique et tout laisse à penser que ça ne fait que commencer.
- Qu'est-ce que l'affaire Clearstream ?
- Qu'est-ce que la Cour de Justice de la République ?
- Dominique de Villepin dans la tourmente Clearstream
- Justice : Jacques Chirac et ses 9 affaires
- Justice : une enquête vise Claude Chirac