Enquête · 19 sep. 2007 à 18:43
Le ministre de l'immigration présente en ce moment son projet de loi sur l'immigration. Dans ce projet de loi figure notamment le durcissement du regroupement familial, principe qui permet à un immigré entré légalement sur le territoire de faire rapatrier sa famille en France pour pouvoir vivre avec femme et enfants. Mais la présentation de ce projet de loi a été perturbée par l'amendement de Thierry Mariani. Ce dernier a proposé l'instauration d'un test ADN pour les immigrés qui souhaiteraient bénéficier du regroupement familial. En vérifiant par un test génétique si les individus font bien partie d'une même famille, le député pense pouvoir limiter la fraude. Brice Hortefeux n'a pas rejeté cette proposition et laisse le soin aux députés UMP de trancher la question. Et voilà comment par un simple amendement, un lien douteux a été fait entre immigration et génétique.
Depuis 2002, Nicolas Sarkozy a fait de l'immigration son sujet de prédilection, reprenant cette thématique laissée pendant des années au Front National. Pour mettre en place sa politique d'immigration choisie, le président de la République a nommé un proche, Brice Hortefeux. Portrait du ministre de l'immigration.
Brice Hortefeux est né le 11 mai 1958, à Neuilly-sur-Seine. Il est issu d'une famille aisée. Son père était banquier et sa mère professeur d'histoire-géographie. Il fait des études de droit privé et obtient en 1984 une maîtrise. Il entre à l'Institut d'études politiques de Paris. Avant de finir ce cursus, il est reçu au concours externe d'Administrateur territorial en 1986.
Il s'implante depuis 1986 en Auvergne où il exerce la fonction d'administrateur régional jusqu'en 1993. En 1992, il débute sa carrière politique et devient membre du Conseil régional d'Auvergne. Il a été conseiller régional, président de la commission des finances et rapporteur du budget du Conseil régional. En 2004, aux élections européennes, il est chef de la liste obtenant le meilleur score national de l'UMP (20% des suffrages). Il espère ainsi aux prochaines élections municipales briguer la mairie de Clermont-Ferrand, bastion de la gauche.
Dès 1976, il fait la connaissance de Nicolas Sarkozy, lors d'une réunion publique, au Palais des congrès à la porte Maillot. Depuis, leur amitié semble indéfectible. Brice Hortefeux fut le témoin du premier mariage du président de la République et parrain de l'un de ses fils. Seul bémol à ce lien : Cécilia Sarkozy qui ne semble pas l'apprécier autant que son mari.
Depuis le début, Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, que l'on dit travailleur, méthodique et très rigoureux, préparent ensemble toutes les campagnes électorales et surmontent les échecs. Entre 1993 et 1995, quand il est ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, Nicolas Sarkozy propose le poste de chef de cabinet à son ami. Ensemble, ils essuient la défaite de leur candidat à l'élection présidentielle, Edouard Balladur.
En 1995, Brice Hortefeux est nommé préfet, chargé d'une mission de service public relevant du gouvernement. Par la suite, il est chargé de mission au cabinet du président du Sénat entre 1998 et 1999. Quand Nicolas Sarkozy revient de nouveau au gouvernement en 2002, en tant que ministre de l'Intérieur, il collabore avec Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales. En 2003, celui-ci publie un livre, Jardin à la française, dans lequel il propose différentes mesures pour réformer l'Etat, notamment en simplifiant l'administration et en réduisant à 12 le nombre de ministères. Nicolas Sarkozy semble avoir entendu ce conseil puisque le gouvernement de François Fillon est constitué de 15 ministères.
Tandis que Brice Hortefeux était persuadé d'accéder au ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy préfère lui donner un poste à hauts risques et qui a créé de vives polémiques au cours de la campagne électorale : celui de ministre de l'Immigration. Le président de la République, selon son ami Jean-François Copé, « compte sur lui pour incarner la dimension nouvelle et originale de son gouvernement ». Pour parvenir à mettre en place les différentes mesures et en particulier la restriction du regroupement familial, l'augmentation des reconduites aux frontières et le développement de l'immigration économique. Les débuts ont été particulièrement houleux. Le ministre a dû faire face à plusieurs résistances : les historiens de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration ont démissionné de façon collective, certains membres du personnel d'Air France ont refusé l'embarquement de sans-papiers. Pour mener à bien une politique ambitieuse, Nicolas Sarkozy lui a demandé de communiquer davantage sur les projets notamment ceux relevant du co-développement.
Encyclopédie
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- Quelle est la durée de vie d'un ministre en politique ?
Le gouvernement Fillon
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- Le difficile redécoupage ministériel entre Kouchner, Hortefeux et Alliot-Marie