Fillon, Villepin, Raffarin : La France est-elle en faillite ?

Revue de presse · 25 sep. 2007 à 12:00

La France en faillite

Après les propos de François Fillon sur la situation de "faillite" de la France, la polémique continue. De nombreux responsables politiques ont rejeté ce terme et s'en sont pris au Premier ministre. Dominique de Villepin a récusé le terme de faillite en considérant qu'il avait laissé la France dans une situation meilleure qu'aujourd'hui. Jean-Pierre Raffarin a également déploré l'utilisation de ce terme jugé "maladroit et inexact". Lionel Jospin lui-même avait critiqué l'intervention de François Fillon. La polémique a pris une nouvelle dimension avec l'intervention des trois derniers Premiers ministres qu'a connu la France. Reste une question en suspens : la France est-elle en faillite ?

Revue de presse du mardi 25 septembre 2007

Toute la presse revient aujourd'hui sur cette polémique qui dure depuis 3 jours : "Fillon, le thérapeute qui ne mâche pas ses diagnostics" ironise Libération. "Après Villepin, Raffarin déplore l'utilisation du mot faillite" titre Le Figaro. "Henri Guaino assure qu'il n'y a aucun plan caché de rigueur" rapporte Le Monde pour tenter de rassurer l'opinion.

Une situation critique

François Fillon a mis le feu aux poudres en s'inquiétant de la "faillite" de la France et en affirmant sur RTL que la situation économique du pays est "critique". Il a ainsi déclaré : "La France est un pays riche, qui heureusement a des ressources qui lui permettent de faire face à l'avenir, mais l'Etat est dans une situation critique". Selon lui, en effet, la France n'aurait plus voté de budget en équilibre depuis 33 ans ! Il faut donc rééquilibrer le budget rapidement : à la fin 2006, la dette s'élèverait à 1 150 milliards d'euros et le déficit de la Sécurité sociale devrait frôler les 12 milliards d'euros.

La polémique entretenue par 5 Premiers ministres

Vendredi, lors d'une rencontre avec des viticulteurs corses, le Premier ministre avait lâché qu'il déplorait d'être "à la tête d'un état dans une situation de faillite sur le plan financier". Son objectif est donc d'équilibrer les comptes dans les cinq prochaines années. Mais, ses proposé ont déclenché la polémique au sein même de son parti. Selon Jean-Pierre Raffarin, le terme "faillite" est "maladroit". Quant à Dominique de Villepin, il ne supporte pas la critique et affirme avoir "laissé l'Etat dans une situation meilleure qu'aujourd'hui". Néanmoins, Edouard Balladur et Patrick Devedjian sont venus au secours de François Fillon saluant sa sincérité et lui donnant raison. Selon Devedjian, "il a dit la vérité aux Français et je crois que c'est le rôle du Premier ministre que de dire la vérité". Ce n'est pas l'avis de Lionel Jospin, qui a ironisé sur la situation critique de la France, après plusieurs gouvernements de droite.
Mais selon François Fillon, puisque la situation est "critique", elle doit changer en commençant par son état d'esprit et de "son regard sur les finances publiques". Il est donc question désormais de ne plus "cacher la vérité aux Français". La Cour des comptes propose de taxer les stock-options, idée "pertinente" selon le Premier ministre.

Un terme qui passe mal

Cinq premiers ministres sont donc intervenus : Fillon, Villepin, Raffarin, Jospin, Balladur. La question qui agite tout ce petit monde est simple : La France est-elle en faillite ?

Lorsqu'une entreprise est en état de faillite financière, on procède à une liquidation de ses actifs. Cela signifie que l'entreprise ne peut plus emprunter et est dissoute. La France connaît un déficit chronique depuis des décennies. Cependant, l'Etat peut continuer d'emprunter et a toujours la confiance des banques, notamment en raison de recettes garanties comme l'impôt. Autrement dit, la France n'est pas en situation de faillite dans le sens où l'Etat a les capacités d'assurer son mode de fonctionnement. En revanche, le déficit chronique de l'Etat pèse sur les politiques actuelles (baisse des effectifs de la fonction publique, recherche d'économies en diminuant les dépenses sociales) et sur les générations futures qui devront régler la note.

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