Revue de presse · 3 oct. 2007 à 17:03
La polémique se poursuit sur l'utilisation de tests ADN dans le cadre de la politique d'immigration du gouvernement. Depuis quinze jours, la classe politique s'agite autour de cette question. Mercredi 12 septembre 2007, le député UMP, Thierry Mariani, a proposé l'instauration d'un test ADN pour les immigrés qui souhaiteraient bénéficier du regroupement familial. En vérifiant par un test génétique si les individus font bien partie d'une même famille, le député pense pouvoir limiter la fraude. Depuis, la classe politique se déchire autour d'un amendement jugé provocateur et inique. A droite, Jean-Pierre Raffarin et Charles Pasqua se sont prononcés contre cet amendement. Les sénateurs l'ont supprimé en commission la semaine dernière. La gauche a lancé une pétition contre cette proposition. Mais Brice Hortefeux et François Fillon tiennent bon.
Toute la presse revient aujourd'hui sur la polémique à propos de l'amendement Mariani. A la Une de libération : "Tests ADN : le bras de fer s'engage". "Fillon défend les tests ADN" titre Le Figaro. "Brice Hortefeux ne veut pas renoncer aux tests ADN" poursuit Le Monde.
Le député UMP, Thierry Mariani, a proposé l'instauration d'un test ADN pour les immigrés qui souhaiteraient bénéficier du regroupement familial. En vérifiant par un test génétique si les individus font bien partie d'une même famille, le député pense pouvoir limiter la fraude. Ces tests se feraient sur la base du volontariat, ceux qui s'y prêteraient voyant les délais d'obtention de visa raccourcis. En réalité, cet amendement est inutile. Aujourd'hui, si la justice soupçonne un immigré de faire venir des personnes qui ne sont pas de sa famille, un juge peut exiger un test ADN. Mais rendre ce test systématique poserait de multiples problèmes : la filiation est plus compliquée en Afrique (les frères et soeurs n'ont pas forcément le même père ou la même mère), le test ADN nie le principe de l'adoption. Enfin, cette mesure apparaît démagogique et laisse entendre que derrière un immigré, il y a forcément un fraudeur.
En commission, les sénateurs ont supprimé l'amendement Mariani. Certaines personnalités de droite se sont prononcées contre l'instauration de tests ADN. C'est le cas de l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et du sénateur UMP, Charles Pasqua. Ce dernier, pourtant très conservateur sur cette question, a même déclaré :"Le choix des tests ADN n'est pas acceptable (...) Cela rappelle de mauvais souvenirs, à nous gaullistes. On sait l'usage qu'ont fait les nazis de la génétique".
A gauche, une pétition circule contre cet amendement. En moins d'une journée, on comptait plus de 10 000 signatures dont François Hollande, François Bayrou, Bernard-Henri Lévy, Dominique de Villepin, Michel Rocard...
Le ministre de l'immigration a pris position en faveur de cet amendement. Il bénéficie du soutien du Premier ministre. Aujourd'hui, François Fillon a déclaré : "Il s'agit simplement de donner à des demandeurs d'asile qui ne parviennent pas à prouver leur filiation, faute de documents d'état civil, de le faire. Agir autrement, ce serait de la naïveté ou de l'inconséquence et ce serait donc contraire à l'intérêt général".
Le sénat doit examiner cet amendement aujourd'hui. A quelques heures du vote, on s'acheminait vers une version allégée de l'amendement, avec un encadrement juridique stricte. Il n'empêche, le député Thierry Mariani a réussi son coup : banaliser le débat "immigration et génétique" alors que le rapprochement de ces deux termes est lourd de sous-entendus.
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