Zapping radio · 10 oct. 2007 à 23:17
Depuis la naissance de la Ve République, la fonction de président de la République souffre d'une ambivalence : élu au cours d'une élection présidentielle où le soutien d'un parti politique apparaît indispensable, le chef de l'Etat est souvent présenté en position d'arbitre, au-dessus des partis. En réalité, dans les faits, le président de la République a besoin d'être soutenu par une majorité, donc de contrôler le parti majoritaire à l'Assemblée nationale. Tout le problème est donc de faire en sorte de ne plus apparaître comme un chef de clan tout en étant dans les faits le chef du parti majoritaire.
Dans sa chronique sur France Culture, Olivier Duhamel a expliqué comment Nicolas Sarkozy, tout en étant président de la République, tente de rester chef de parti.
Parmi tous les présidents de la République, le général De Gaulle est celui qui avait le plus grand mépris pour les partis politiques. Il se voulait au-dessus des partis et refusait même que le parti gaulliste, l'UDR, ne se réclame de lui. Dans le même temps, il a toujours tout fait pour contrôler l'UDR et éviter qu'un leader vienne lui faire de l'ombre. Pompidou a suivi les pas de De Gaulle.
La stratégie de Valéry Giscard d'Estaing était plus approximative. Il pensait pouvoir "giscardiser" le parti gaulliste en nommant Jacques Chirac. Après la démission de ce dernier et la création du RPR, Giscard d'Estaing a du se résoudre à créer son propre parti politique, l'UDF.
La domination de François Mitterrand était si forte à gauche que les nominations successives des premiers secrétaires du PS n'ont jamais fait de l'ombre au chef de l'Etat.
Jacques Chirac a connu plus de difficultés. Il a lui-même sabordé son propre parti, le RPR, pour en faire un outil à sa convenance, l'UMP, regroupant toutes les familles de droite : gaulliste, centriste, libéraux. Mais il n'a conservé le contrôle du parti que deux ans, Nicolas Sarkozy devenant président de l'UMP en 2004.
Le chef de l'Etat a longtemps espéré pouvoir rester président de son parti, au même titre que les premiers ministres anglais ou espagnols. Mais il y a renoncé car il doit sa légitimité au peuple dans son ensemble et non à son parti. En effet, élu directement, sa légitimité ne vient pas d'élections législatives comme en Espagne ou en Angleterre. De fait, il n'est pas responsable devant le parlement et n'est pas considéré comme le chef de la majorité parlementaire, ce rôle revenant au Premier ministre.
Officiellement, Nicolas Sarkozy a donc du renoncer à diriger l'UMP. Mais dans les faits, il reste le véritable chef. Alors qu'il avait fait de l'élection du président de l'UMP par les militants une condition indispensable de la modernisation de la vie politique, il a fait changer les règles pour imposer une direction collégiale et supprimer le poste de président de l'UMP. Il a même failli se rendre au conseil national du 6 octobre avant de se raviser, de peur qu'on interprète ce geste comme un signe de fébrilité et de reprise en main de sa majorité.
En revanche, l'Elysée a annoncé que le petit déjeuner de la majorité du mardi matin, qui se tenait exclusivement à Matignon jusqu'à présent, aurait désormais lieu tous les mois au palais de l'Elysée. Nicolas Sarkozy entend bien souffler le rôle de chef de la majorité à son Premier ministre, François Fillon.
Le président de la République n'est plus président de l'UMP mais il reste le chef du parti.
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