Le Canard enchaîné · 11 oct. 2007 à 17:23
Alors que François Fillon et Xavier Bertrand viennent d'annoncer la réforme des régimes spéciaux de retraite avec notamment l'allongement de la durée de cotisation à 40 annuités, le Canard Enchaîné publie dans son numéro du 10 octobre 2007 un article intitulé : "Le régime très spécial des retraites militaires". La réforme des régimes spéciaux visent principalement les cheminots de la SNCF et de la RATP qui bénéficient de certains avantages par rapport aux autres salariés : départ en retraite à 55 voire 50 ans, 37,5 années de cotisation, calcul de la pension de retraite sur les meilleures années de salaire, etc. Mais on oublie une autre catégorie de la population dite "privilégiée", ce sont les militaires. Pour des raisons politiques et électorales, le gouvernement ne compte pas réformer ce régime très spécial. Pourtant, les militaires bénéficient de conditions avantageuses qui feraient pâlir d'envie les cheminots. Revue de détail.
Le gouvernement s'apprête à réformer les régimes spéciaux de retraite des salariés de la SNCF, de la RATP, d'EDF. Selon le Canard Enchaîné, ces régimes spéciaux concernent 1 100 000 retraités, dont le coût des pensions de retraite s'élève à 5 milliards d'euros par an. Or, la caisse de retraite des militaires avoisine les 8,2 milliards d'euros pour seulement 513 000 pensionnés. Le coût des retraites des militaires est donc beaucoup plus élevé pour un nombre de retraités moitié moins important.
Dans l'armée, un sous-officier peut partir à la retraite au bout de 15 ans. Certes, le montant n'est pas très élevé, à peine plus de 600 euros, voire 900 euros en comptant des bonifications, mais un sous-officier à la retraite peut cumuler sa pension avec un nouvel emploi. Par conséquent, non seulement les retraités militaires travaillent, mais ils touchent un double revenu.
De leur côté, les gradés doivent cotiser 25 ans. Selon les échelons et l'avancée de leur carrière, ils touchent alors entre 1200 et 1600 euros de retraite. Un colonel peut toucher jusqu'à 3000 euros. Etant donné ces montants relativement élevés, ils ne peuvent pas cumuler cette pension avec un autre salaire.
Dans un rapport de 2004, la cour des comptes soulignait que la retraite moyenne des militaires représentait 72% du salaire net des salariés en activité. Au bout de 26 ans de service, un militaire a la même retraite qu'un civil qui a cotisé 33 ans.
Lorsqu'on utilise le terme de "privilèges", les militaires bondissent. Ils affirment que ces conditions de départ en retraite sont totalement justifiées : métier à risque, obligation de maintenir des effectifs jeunes, nécessité d'attirer un public qui se détourne de plus en plus de l'armée. Seulement, l'armée, ce n'est pas que des militaires en service action. Plus de la moitié des fonctionnaires qui ont le statut de militaire travaille en France, dans l'administration ou la maintenance.
Alors que le gouvernement va faire passer à 40 annuités de cotisation l'ensemble des régimes spéciaux de retraite des cheminots, les 25 annuités de cotisation des militaires laissent perplexe. Si l'équilibre des caisses de retraite est en danger, la logique voudrait que l'effort soit partagé par tous.
Encyclopédie
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