Revue de presse · 15 oct. 2007 à 19:20
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy avait débuté sur un rythme effréné. Changement de style, de rythme, moins de solennel, plus d'intervention médiatique, le nouveau chef de l'Etat entendait marquer sa différence avec ses prédécesseurs. Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy en avait promis toujours plus et affichait sa volonté d'aller encore plus vite. Mais la rentrée ne s'est pas passée comme prévu : ralentissement de la croissance, couacs gouvernementaux (rigueur, guerre, faillite, détail), tensions avec François Fillon, déboires d'ordre privé, le chef de l'Etat a connu des semaines moins favorables que prévu. Dans le dernier baromètre LH2, les cotes de popularité de Sarkozy et Fillon ont baissé. Pire, alors que la politique d'ouverture était censée affaiblir définitivement le PS, d'autres opposants sont apparus : Villepin, les adversaires des tests ADN, ceux qui sont hostiles à l'ouverture, les plus libéraux qui veulent un budget moins laxiste. A ces nouveaux opposants s'ajoutent les syndicats qui s'apprêtent à manifester contre la réforme des régimes spéciaux lors d'une journée de grève test jeudi. Tour d'horizon des adversaires de l'exécutif.
"Matignon s'attend à une semaine sociale difficile et à un jeudi noir" titre Le Monde. "François Fillon serein face au jeudi noir des syndicats" ajoute Le Figaro. "Villepin tire tous azimuts contre Sarkozy" précise également le quotidien de droite. Face à ces difficultés, le pouvoir exécutif sert les rangs comme le rappelle le NouvelObs : "l'Elysée réaffirme sa fermeté".
C'est la surprise de la rentrée. Alors que Dominique de Villepin apparaissait comme le grand perdant à droite de la victoire de Nicolas Sarkozy, il s'est refait une santé médiatique en attaquant jour après jour le chef de l'Etat dans l'affaire Clearstream et sur sa politique. Poussé par les ex-chiraquiens qui n'ont toujours pas digéré la victoire du "traître", Villepin incarne l'aile gaulliste de la droite et se permet de tirer à tout va, encouragé par le président du conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, qui ne peut s'exprimer à cause de son devoir de réserve.
La politique d'ouverture de Nicolas Sarkozy suscite également des mécontentements à droite. De nombreux députés ne comprennent pas que le chef de l'Etat préfère nommer des opposants plutôt que des membres de son camp. Localement, il est difficile d'expliquer qu'un opposant de longue date fasse son entrée au gouvernement, comme ce fut le cas de Jean-Marie Bockel, le maire PS de Mulhouse.
En lançant le comité Balladur sur la réforme des institutions, Nicolas Sarkozy ne devait pas se douter de l'ampleur de l'hostilité à toute réforme des institutions au sein de son propre camp. Ce comité s'apprête à proposer un renforcement du pouvoir du président et de l'Assemblée Nationale. Mais certains à droite rejettent toute remise en cause de l'esprit de la constitution du général de Gaulle. Le président du groupe UMP du Sénat, Josselin de Rohan, est le premier adversaire de cette réforme des institutions. Le chef de l'Etat pourrait ne pas obtenir la majorité des 3/5 pour l'adopter.
Nicolas Sarkozy et François Fillon sont formels : il n'y aura pas de politique de rigueur. Alors que Bruxelles s'agace des déficits publics de la France et du non-respect des critères de Maastricht, le gouvernement a présenté un budget 2008 en déséquilibre de 40 milliards d'euros. Même si un fonctionnaire sur trois n'est pas remplacé au moment du départ à la retraite, ce n'est pas suffisant pour inverser la tendance du déficit public qui atteint un niveau record. A droite, les plus libéraux critiquent la prudence de Nicolas Sarkozy et souhaiteraient aller plus loin et plus vite.
L'amendement sur l'usage des tests ADN dans le cadre de la nouvelle politique d'immigration a suscité l'hostilité de nombreuses personnalités politiques à droite, comme à gauche. Ce sujet a monopolisé la Une de la presse pendant plus de deux semaines. Certaines personnalités, réputées pourtant très à droite, se sont même prononcées contre les tests ADN, notamment Charles Pasqua. Avec ce sujet, la gauche s'est refaite une santé en réaffirmant son opposition totale à une mesure jugée douteuse du point de vue de l'éthique.
Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, un président de la République avait rencontré les principaux représentants syndicaux avant même son entrée en fonction officielle. Nicolas Sarkozy a rencontré à plusieurs reprises les syndicats afin de préparer les lois sur le service minimum dans les transports et d'aborder la question du contrat de travail unique. Mais la réforme des régimes spéciaux pourrait marquer la rupture du dialogue entre les syndicats et l'exécutif. Jeudi, une grève dans les transports publics devrait paralyser Paris et la province. Nicolas Sarkozy et François Fillon sont confrontées à leur premier conflit social.
Le pouvoir exécutif doit donc faire face à une multiplication d'opposants, venant souvent de son propre camp. Si l'opposition de gauche apparaît affaiblie par la politique d'ouverture de Nicolas Sarkozy, les mécontents s'accumulent beaucoup plus vite que prévu.
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