Revue de presse · 16 oct. 2007 à 19:43
Le système de cycles en libre service est un véritable succès à Paris. Près de deux millions d'usagers ont déjà utilisé Velib. Bertrand Delanoë espère bien capitaliser ce succès pour la campagne des municipales en mars prochain. Si Velib est un succès politique pour Bertrand Delanoë, c'est aussi un succès financier... pour Decaux, l'entreprise qui a remporté l'appel d'offres. Dans son édition du Mercredi 3 octobre 2007, le Canard Enchaîné révèle les chiffres cachés du contrat passé entre Decaux et la mairie de Paris.
L'entreprise Decaux a remporté l'appel d'offre de la mairie de Paris face à son concurrent Clear Channel. Le contrat a été signé pour une exploitation du service pour 10 ans, jusqu'en 2017. Decaux est chargé d'installer et d'entretenir 20 600 vélos et 35 000 bornes d'accrochage dans la capitale. Il doit également verser 3,4 millions d'euros de redevance à la mairie. En échange, Decaux peut exploiter 1280 panneaux publicitaires de 2m² et 348 panneaux de 8m².
L'avantage pour la mairie de Paris est de fournir un service qui ne lui coûte pas un centime, et qui va même lui rapporter environ 25 millions d'euros puisque les recettes du Vélib vont directement dans les caisses de la mairie.
Decaux a obtenu le monopole sur l'exploitation des panneaux publicitaires dans la capitale. Si la mairie de Paris a décidé de supprimer 20% des panneaux pour des questions d'esthétique, des panneaux déroulants ont été ajoutés sur les principaux axes de la capitale. Grâce à ces panneaux à affiches mobiles, Decaux peut vendre quatre fois plus d'espace publicitaire.
Selon Le Canard Enchaîné, le marché est estimé à 60 millions d'euros par an. Entre la redevance payée par Decaux et le coût d'exploitation du service, la mairie de Paris a calculé que le bénéfice de Decaux devrait être d'environ 10 millions d'euros en moyenne par an.
Cependant, dans le contrat signé entre la mairie de Paris et Decaux, le montant de la redevance payée par l'entreprise est fixe. Or, le marché de la publicité estimé à 60 millions d'euros est variable. Si Decaux parvient à vendre ces espaces à un meilleur prix, tous les bénéfices supplémentaires iront exclusivement à l'entreprise.
Autrement dit, la mairie de Paris n'a pas indexé la redevance au marché publicitaire, se privant ainsi de revenus si le marché de la publicité a été sous-évalué.
Les stations Velib ne sont pas modulables. Autrement dit, si les communes limitrophes souhaitent installer un service de vélo compatible avec celui de la capitale, elles devront obligatoirement choisir l'entreprise Decaux. Celle-ci se trouve donc en position de force pour négocier les contrats avec les villes de banlieue. Si celles-ci ne peuvent proposer des panneaux publicitaires bien placées en ville, les communes vont devoir payer le prix fort à Decaux.
Par conséquent, Velib constitue un véritable jackpot pour l'entreprise Decaux. Les coûts pour l'entreprise sont fixes alors que les recettes publicitaires peuvent varier, plutôt à la hausse qu'à la baisse. En outre, son système verrouillé empêche toute concurrence crédible pour l'attribution des services de vélo en libre accès pour les villes de banlieue. Decaux est quasiment assuré d'étendre son service aux autres villes si elles veulent que leur système soit compatible avec celui de capitale. Double jackpot.
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