Revue de presse · 17 oct. 2007 à 21:50
Depuis deux mois, Dominique de Villepin est passé à l'offensive. Mis en examen dans l'affaire Clearstream, il est accusé de dénonciation calomnieuse. En effet, en 2004, un faux listing de comtes bancaires est remis à la justice. Dans ce fichier figurent plusieurs noms d'hommes politiques dont celui de Nicolas Sarkozy. Rapidement, ces listings sont identifiés comme des faux et la manoeuvre apparaît bien comme une tentative de déstabilisation de celui qui se prépare à prendre la tête de l'UMP. Dès le début, Dominique de Villepin est mis au courant de l'existence de ces listings. Pour vérifier l'authenticité de ces comptes bancaires, il ordonne deux enquêtes. La justice lui reproche aujourd'hui d'avoir laissé trainer l'affaire afin de nuire à la réputation de Nicolas Sarkozy.
L'ancien Premier ministre nie toute tentative de dénonciation calomnieuse et tente de prouver son innocence. Après avoir espéré faire reculer Nicolas Sarkozy en l'incitant à retirer sa plainte, Dominique de Villepin vient de changer de stratégie en exerçant une forme de chantage sur Jacques Chirac selon le Canard Enchainé dans son édition du Mercredi 17 octobre 2007.
Signe que l'ancien chef de l'Etat n'est pas serein, Jacques Chirac a tenté de plaider la cause de Dominique de Villepin auprès de Nicolas Sarkozy début septembre. En substance, l'ancien président aurait expliqué au nouveau que Villepin se serait "emporté par son caractère fougueux", mais en politique, "on doit pardonner quand on a gagné". Traduction : Villepin a peut être essayé de nuire à Nicolas Sarkozy avec l'affaire Clearstream, mais il faut cesser toute cabale judiciaire contre l'ancien Premier ministre.
Non seulement Nicolas Sarkozy a maintenu sa plainte, mais Dominique de Villepin apparaît de surcroit complètement isolé. Sa capacité de nuisance médiatique est bien réelle et il ne manque pas une occasion pour critiquer la politique de Nicolas Sarkozy. Mais l'exercice a ses limites. Dominique de Villepin mène avant tout un combat solitaire. Il lui reste bien quelques députés toujours là pour le soutenir, mais l'ancien Premier ministre estime qu'il n'est pas assez soutenu par Jacques Chirac. Ce dernier n'a jamais eu un seul mot de soutien en public et se borne à répéter qu'il n'a pas l'intention de dire quoi que ce soit sur l'affaire Clearstream au nom de la séparation des pouvoirs justice/exécutif, Jacques Chirac étant président au moment des faits.
Entendu pour la 4ème fois par les juges chargés de l'enquête Clearstream, Dominique de Villepin a fourni un rapport de 52 pages dans lequel il tente de démonter l'argumentation de ses détracteurs. Considérant que Chirac n'a pas fait tout ce qu'il fallait pour faire pression sur Sarkozy afin qu'il retire sa plainte, il a commencé à parler, du moins à lâcher quelques informations qui pourraient s'avérer gênantes pour l'ancien président de la République. L'objectif est clair : multiplier les attaques, les sous-entendus afin, que Chirac ou Sarkozy arrête la machine judiciaire.
Dans ce rapport de 52 pages, Villepin a multiplié les allusions en direction de Jacques Chirac pour bien signifier qu'il n'a pas l'intention de porter le chapeau, seul. Le meilleur exemple est la référence au compte japonais de Jacques Chirac. Dans le rapport remis par Dominique de Ville aux juges, dont le Canard Enchaîné a pu consulter une copie, l'ancien Premier ministre déclare que "les personnes évoquées dans les listings Clearstream pourraient être des prête-noms comme dans l'affaire de la DGSE dite affaire japonaise". Ici, Villepin tente d'éclairer l'affaire Clearstream en faisant une comparaison avec une autre affaire, qui touche Jacques Chirac cette fois-ci.
En 2001, la DGSE découvre que Jacques Chirac a un compte en banque au Japon qui est alimenté régulièrement avec des fonds dont la provenance est suspecte. Chirac a toujours démenti l'existence de ce compte et la justice n'a jamais vraiment enquêté. En guise de réponse, l'entourage de Chirac dont faisait partie Villepin, expliquait que ce compte avait du être ouvert sous un prête-nom.
La référence à ce compte japonais est donc un message indirect adressé par Villepin à Jacques Chirac. Contrairement à Alain Juppé, Villepin n'a pas l'intention de payer pour les autres. En cas de condamnation, il aurait le sentiment que le pacte entre lui et Chirac est rompu. Il pourrait alors se mettre à parler de toutes les affaires dont il a eu connaissance du temps où il était le plus proche collaborateur de Jacques Chirac, à commencer par l'existence de ce compte japonais.
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