Eco + Net · 23 oct. 2007 à 22:07
Le constat est partagé par les hommes politiques de tout bord : la France est fortement endettée. L'Etat vit à crédit, aucun gouvernement n'a présenté un budget en équilibre depuis 25 ans, le paiement des intérêts de la dette constitue le deuxième poste de dépense après l'Education nationale. La situation de la France n'est pas une exception en Europe. L'Italie est dans une situation financière plus délicate. Quelle est la différence entre la dette publique et le déficit budgétaire ? Et comment expliquer l'endettement des pays européens ?
La France présente un budget en déficit depuis plus de 25 ans. Les dépenses de l'Etat (administration, éducation, dépenses sociales, etc.) sont plus importantes que les recettes (impôts et charges sociales). Chaque année, le budget voté par le parlement n'est pas en équilibre. En 2007, le budget voté a un trou de 41 milliards d'euros.
Lorsque la France présente un budget annuel en déficit, elle doit emprunter des fonds pour couvrir ses dépenses. Ces emprunts, ainsi que les intérêts de ces emprunts, doivent être remboursés. Tout cet argent emprunté est comptabilisé dans la dette publique. Ainsi, en 2007, la dette de la France s'élève à environ 1 300 milliards d'euros.
Le déficit budgétaire et la dette publique s'expliquent par des dépenses toujours plus importantes. La France n'est pas un cas isolé. Tous les pays européens sont endettés. L'Union Européenne est censée contrôler l'endettement des Etats. Selon le pacte de stabilité, un Etat doit limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB et la dette publique à 60% du PIB. Autrement dit, un Etat peut présenter un déficit budgétaire, c'est-à-dire dépenser plus que ce qu'il possède dans les caisses, à condition que cette somme ne dépasse pas l'équivalent de 3% de la richesse produite.
En réalité, de nombreux Etats dépassent les 3% et les 60%. Selon les derniers chiffres d'Eurostat de 2006, la dette publique de la France atteint 63,9% du PIB. La situation est pire en Allemagne (67,9%). Mais l'Etat le plus endetté en Europe est l'Italie. Sa dette colossale atteint 106,8% du PIB. Cela signifie que l'Italie doit à ses prêteurs l'équivalent d'une année de production.
Selon les derniers chiffres d'Eurostat qui datent de 2005, les principaux postes de dépenses concernent d'abord la protection sociale, viennent ensuite la santé, l'enseignement, la sécurité intérieure, la défense, l'environnement. Parmi les principaux pays européens, la France n'est pas l'Etat le plus dépensier, proportionnellement à sa richesse produite.
Ainsi, l'Allemagne dépense plus pour sa protection sociale (492 milliards d'euros) par rapport à la France (388 milliards d'euros). Le Royaume Uni dépense plus pour la santé (128 milliards d'euros) que la France (126 milliards d'euros). S'agissant de la sécurité intérieure, le Royaume dépense deux fois plus (46 milliards d'euros) que la France (24 milliards d'euros). Il en est de même pour la défense et l'environnement.
En revanche, la France dépense davantage pour l'Education (budget de 106 milliards d'euros) que tous les autres pays européens : Royaume-Uni (104 milliards d'euros), Allemagne (93 milliards d'euros), Italie (67 milliards d'euros), Espagne (40 milliards d'euros).
La France n'est donc pas le pays le plus dépensier. En revanche, il fait partie des pays les plus endettés car sa croissance économique est plus faible que dans les autres pays. Par conséquent, les recettes sont plus faibles en France que dans les autres pays européens.
Les dépenses sont de plus en plus fortes car les besoins augmentent dans tous les domaines. Par exemple, face à la montée du chômage, les populations exigent de l'Etat une meilleure protection, le versement d'indemnités. En termes de sécurité, la montée de la délinquance et le risque des attentats islamistes obligent les Etats à renforcer leur sécurité intérieure. Par ailleurs, les dépenses de santé ne cessent d'augmenter, l'espérance de vie augmente, les maladies sont mieux soignées, on vit plus longtemps. Enfin, les dépenses d'éducation sont également très élevées, les études durent plus longtemps, le niveau d'instruction est meilleur aujourd'hui qu'il y a 50 ans.
L'amélioration des conditions de vie et l'idée que l'Etat doit palier à toutes les difficultés qu'un individu peut rencontrer dans la vie expliquent l'explosion des dépenses. Comme les recettes ne suivent pas, les dettes des différents Etats augmentent.
Dans une économie mondialisée où les entreprises doivent être compétitives, l'Etat ne peut augmenter sans cesse les impôts. Un processus de baisse d'impôts et de charges sur les entreprises est même engagé par de nombreux Etats pour rendre les entreprises encore plus compétitives. Par conséquent, les impôts, donc les recettes, sont en diminution dans de nombreux pays. Comme dans le même temps, les dépenses augmentent, les Etats ne parviennent plus à avoir des budgets équilibrés, les dettes s'envolent.
Economiquement, les solutions existent, mais elles sont socialement difficiles, car impopulaires. L'Etat doit d'abord augmenter les recettes. Pour les hommes politiques de droite, les recettes supplémentaires doivent provenir de la croissance économique : plus la richesse produite augmente, plus les entrées fiscales sont fortes (plus d'impôts payés par de nouveaux salariés, hausse des recettes de la TVA, etc.). Pour les hommes politiques de gauche, les recettes supplémentaires peuvent provenir d'une augmentation des impôts des plus riches.
Parallèlement à ces hausses de recette, l'Etat doit diminuer ses dépenses. Généralement, c'est la solution la plus impopulaire car cela signifie qu'on va diminuer le nombre de fonctionnaires, fermer des services publics, diminuer l'offre d'éducation, moins rembourser les dépenses de santé.
Les pays anglo-saxons ont déjà emprunté cette voie. Les monopoles d'Etat ont disparu, de plus en plus de secteurs tombent dans le secteur privé (les transports en Angleterre, la santé aux Etats-Unis). Revers de la médaille : la notion de service public n'existe quasiment plus, les inégalités se creusent entre ceux qui peuvent payer ces services et ceux qui n'ont pas les moyens d'y avoir accès.
*** Source : statistiques Eurostat 2005
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