Enquête · 23 oct. 2007 à 22:28
Portrait de Vincent Peillon.
A 47 ans, Vincent Peillon est une personnalité à part au PS. Discret, calme, ce docteur en philosophie apparaît décalé par rapport à un monde politique où les rapports de force et les conflits de personne sont souvent très violents. Pourtant, Vincent Peillon est considéré comme un Premier secrétaire potentiel pour le prochain congrès socialiste en 2008 si les candidats probables à la présidentielle (Royal et Delanoë) décident de laisser la place à un Premier secrétaire de transition. (Série 5/20)
Pendant un mois, Politique.net propose une série de 20 portraits de personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Vincent Peillon est né le 7 juillet 1960 à Suresnes dans les Hauts-de-Seine. Après des études de philosophie, il obtient l'Agrégation et poursuit par une thèse. Docteur en philosophie, il enseigne cette discipline pendant une dizaine d'années, entre 1984 et 1997. Mais parallèlement à son métier d'enseignant, Vincent Peillon met un pied en politique, au côté d'Henri Emmanuelli.
En 1992, il devient assistant d'Henri Emmanuelli, président de l'Assemblée Nationale. Deux ans plus tard, il devient membre du bureau national du PS et délégué auprès du premier secrétaire, Lionel Jospin de 1995 à 1997. Calme, modéré, Vincent Peillon est apprécié pour le sérieux de son travail.
En 1997, lors des législatives anticipées, Vincent Peillon profite du raz-de-marée de la gauche en étant élu député de la 3ème circonscription de la Somme. Pendant son mandat, il préside une mission d'information sur la délinquance financière et les paradis fiscaux en Europe. Avec Arnaud Montebourg et André Vallini, il va enquêter sur les paradis fiscaux qui blanchissent l'argent sale. Le rapport final a permis à ces trois auteurs, Peillon, Montebourg et Vallini, de se faire remarquer au sein d'une Assemblée composée de plus de 200 députés socialistes.
Mais la vie d'un député est parfois difficile. En 2000, Vincent Peillon cumule les fonctions de député de la Somme et porte-parole du PS. La gauche plurielle vient de voter une loi restreignant l'ouverture de la chasse qui suscite le mécontentement des chasseurs. Le 22 avril 2000, Vincent Peillon est en déplacement dans la Somme. Le député se rend seul dans sa Renault Espace dans la ville d'Ault pour l'inauguration d'une déchetterie. Mais plus d'une centaine de chasseurs l'attend : jets de pierre, coups de pieds dans la voiture, menaces de mort, le député doit être évacué en hélicoptère. Cinq gendarmes sont blessés lors de l'incident.
Parallèlement à ses activités de député, Vincent Peillon gravit les échelons au PS. Membre du bureau national dès 1994, secrétaire national aux études du PS de 1997 à 2000, il exerce la fonction de porte-parole du parti de 2000 à 2002.
Mais au lendemain de la défaite de Lionel Jospin à la présidentielle et de sa propre défaite aux législatives de juin, Vincent Peillon démissionne de son poste de porte-parole. Partisan d'un profond renouvellement au Parti Socialiste, il publie une tribune en octobre 2002 dans Libération intitulée "Pour un Nouveau Parti Socialiste". Quelques mois plus tard, les co-signataires de cette tribune (Montebourg, Dray, Peillon), rejoints par Benoît Hamon, créent un courant au PS, le Nouveau Parti Socialiste (NPS). Lors des congrès du parti de 2003 et 2005, le NPS a tenté de peser dans les débats en déposant ses propres motions. Aujourd'hui, des quatre fondateurs de ce courant (Peillon, Montebourg, Dray, Hamon), Vincent Peillon et Benoît Hamon sont les seuls à être resté au sein du NPS. Julien Dray a rejoint Ségolène Royal et Arnaud Montebourg a créé son propre courant après le congrès du Mans de 2005 qui a vu sa proposition de VIe République rejetée par la direction.
Malgré le sérieux de son travail, Vincent Peillon n'arrive pas à se faire accepter dans sa circonscription de la Somme. En 2002, il perd son siège de député en n'obtenant que 47,54% au second tour. En 2007, il retente de récupérer sa circonscription mais il échoue une nouvelle fois, à une centaine de voix près. Entre ces deux élections législatives, Vincent est tout de même devenu député européen en 2004 grâce à sa position d'éligible sur la liste du PS. Mais ses échecs successifs aux législatives ont quelque peu affaibli la position de Vincent Peillon au sein du Parti Socialiste car la force d'un homme politique se mesure à sa capacité à se faire élire. Toutefois, son mandat de député européen lui permet de garder contact avec la politique nationale.
Lors de la campagne présidentielle de 2007, Vincent Peillon a apporté son soutien à Ségolène Royal dès le mois d'août 2006. En cas de victoire de Ségolène Royal, Peillon se voyait bien Premier Secrétaire du PS, poste qu'il convoite depuis 2005. Afin de le récompenser de son soutien, Ségolène Royal lui confie l'un des trois postes de porte-parole pendant la campagne. Mais dans cette fonction, cet homme politique discret est resté en retrait par rapport au trublion, Arnaud Montebourg.
Après la défaite de Ségolène Royal, Vincent Peillon s'est très peu exprimé. Ne faisant pas partie du premier cercle de la présidente de la région Poitou-Charentes, il a pris ses distances avec elle pour prendre un peu de recul. S'il souhaite une profonde rénovation du parti, il espère surtout être en bonne position pour devenir Premier secrétaire en 2008 si les principaux leaders (Royal, Fabius, Delanoë) décident de se neutraliser en faisant nommer un Premier secrétaire de transition jusqu'en 2010, date de l'investiture socialiste pour désigner le candidat de la présidentielle de 2012.
La situation du Parti Socialiste
- Qui sont les éléphants du PS ?
- Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ?
- Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants
- Ségolène Royal, les raisons d'une défaite qu'elle ne reconnaît pas
La relève
- Benoit Hamon, le fondateur du Nouveau Parti Socialiste
- Arnaud Montebourg, le trublion du PS
- Gaëtan Gorce, un homme politique discret qui s'affirme
- Manuel Valls, un social-libéral au Parti Socialiste
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Quiz : Combien de téléspectateurs ont suivi le débat Mitterrand/Giscard d'Estaing en 1974 ?