Zapping radio · 25 oct. 2007 à 21:12
Les grèves du 18 octobre 2007 ont été un vrai succès pour les syndicats. La mobilisation a été plus forte qu'en 1995. Mais le gouvernement affiche sa fermeté. En 1995, le Premier ministre, Alain Juppé, a du renoncer à la réforme des régimes spéciaux. Nicolas Sarkozy veut réussir là où Juppé a échoué : il y aura bien une réforme des régimes spéciaux, c'est-à-dire un allongement de la durée de cotisation : tous les salariés devront cotiser 40 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein.
Mais dès le lendemain de la grève, l'un des syndicats des conducteurs de train annoncent la suspension de leur mouvement après des négociations. Les conducteurs de la SNCF ont-ils réussi à maintenir leur régime spécial ?
Aujourd'hui, la plupart des salariés doivent cotiser 40 ans pour pouvoir partir en retraite avec une pension à taux plein. L'âge légal de départ à la retraite est fixé à 60 ans. Cependant, certaines entreprises publiques ont leur propre système de financement de retraite. C'est ce qu'on appelle les régimes spéciaux. Les plus connus sont ceux de la SNCF, de la RATP, et ceux d'EDF-GDF. Afin de tenir compte de la pénibilité du travail, les agents de ces entreprises publiques bénéficient d'un certain nombre d'avantages : les salariés de la SNCF cotisent 37,5 années et partent à la retraite entre 50 et 55 ans. Ils bénéficient donc d'un régime spécial, c'est-à-dire d'un dispositif différent de la majorité des salariés.
Le lendemain de la grève, un syndicat du personnel roulant, le FGAAC, annonce qu'il met fin à son mouvement de grève et pour cause, il a obtenu satisfaction sur ses principales revendications : les conducteurs d'aujourd'hui et les futurs embauchés recrutés après le 1er janvier 2009 pourront continuer à partir en retraite plus tôt que les autres cheminots. Aujourd'hui, les conducteurs partent en retraite à 50 ans, les autres cheminots à 55 ans. La réforme prévoyait que tout le monde cotise 40 ans et partent à la retraite à 60 ans. Mais le gouvernement a fait marche arrière en acceptant les conclusions des négociations entre la direction de la SNCF et le syndicat : les conducteurs de train pourront partir plus tôt à la retraite que les autres salariés : 55 ans au lieu des 60 ans prévus.
Certes, ils ont rallongé leur durée du travail de 5 ans (ils doivent désormais travailler jusqu'à 55 ans au lieu de 60 ans) mais leur durée de cotisation n'est pas la même que celle des autres salariés. Cela veut-il dire qu'ils ont gardé leur régime spécial ?
L'information est passée inaperçue, pourtant, Xavier Bertrand a bien reconnu lundi 22 octobre 2007, que les cheminots gardaient un régime spécial. C'était au micro de Nicolas Demorand, dans la matinale de France Inter. Extraits :
- Le journaliste : "En tout cas, les conducteurs de train, Xavier Bertrand, gardent bien un régime spécial ?"
- Xavier Bertrand : "Allez dans le détail s'il vous plait".
- Le journaliste : "Donc ils vont travailler 5 ans de plus mais 5 ans de moins que les autres"
- Xavier Bertrand : "Non mais il y a aujourd'hui la question des bonifications, parce que la pénibilité..."
- Le journaliste : "Mais ça s'appelle un régime spécial ?"
- Xavier Bertrand : "On peut jouer ou pas sur les mots. Donc pour eux ils vont garder ce qu'on appelle des bonifications..."
- Le journaliste : "Il faut pas jouer sur les mots mais les mots sont importants tout de même. C'est un régime spécial ?"
- Xavier Bertrand : "Oui, oui, c'est un régime spécial..."
Le ministre a donc convenu que les conducteurs de la SNCF gardaient bien un régime spécial. Un système de bonifications leur permet de ne pas prendre leur RTT et de garder ce temps pour partir plus tôt en retraite : à 55 ans. C'est comme si aujourd'hui, un enseignant faisait des heures supplémentaires afin de partir plus tôt en retraite. Dans les faits, l'enseignant ne peut pas le faire puisqu'il est sous le coup du régime général (départ en retraite à 60 ans). Mais un conducteur de la SNCF pourra le faire (départ à 55 ans), il a donc bien un régime spécial.
Malgré ce recul, le gouvernement continue à dire qu'il y a une réforme des régimes spéciaux. "Bonifications, régime spécial", tout est une question de vocabulaire.
Les régimes spéciaux de retraite
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Les manifestations
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