Enquête · 29 oct. 2007 à 23:40
Portrait de Jean-Louis Bianco.
A bientôt 65 ans, Jean-Louis Bianco ne fait pas partie de la nouvelle génération du PS. Il a 20 ans de plus que les quadras qui montent comme Arnaud Montebourg ou Vincent Peillon. Pourtant, il a joué un rôle central pendant la campagne présidentielle de 2007 au côté de Ségolène Royal au point d'être présenté comme un Premier ministre potentiel. Depuis la défaite, il est resté fidèle à la présidente de Poitou-Charentes et, à ce titre, pourrait entrer à la direction du PS en cas de victoire de Ségolène Royal au prochain congrès du parti. (Série 7/20)
Pendant un mois, Politique.net propose une série de 20 portraits de personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Jean-Louis Bianco est né le 12 janvier 1943 à Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine. Fils d'un immigré italien qui a fui l'Italie de Mussolini, Jean-Louis Bianco a fait ses études secondaires au lycée Janson de Sailly dans le XVIe arrondissement de Paris. C'est là qu'il fit la connaissance de Jacques Attali. Après son bac, Jean-Louis Bianco poursuit des études prestigieuses : Sciences Po, l'Ecole Nationale d'Administration en 1969. En 1971, il entre dans la haute administration en tant qu'auditeur au conseil d'Etat. En 1978, il monte en grade et devient maître des requêtes au conseil d'Etat. Mais très vite, Jean-Louis Bianco est rattrapé par la politique.
En 1982, le secrétaire général de l'Elysée, celui qui gère l'agenda du président, les visites, et organise toute la vie du palais de l'Elysée, s'appelle Pierre Bérégovoy. Mais ce dernier souhaite entrer au gouvernement, François Mitterrand doit donc lui trouver un remplaçant. Le nom de Jean-Louis Bianco est alors proposé à François Mitterrand par Jacques Attali, son camarade du lycée Janson de Sailly. A 39 ans, Jean-Louis Bianco fait une entrée fracassante dans la vie politique en devenant secrétaire général de l'Elysée. Pendant 9 ans, ce qui constitue un record de longévité à ce poste, Jean-Louis Bianco va être l'un des plus proches collaborateurs de Mitterrand.
En 1992, il quitte le palais de l'Elysée pour entrer au gouvernement. Il devient ministre des Affaires sociales et de l'Intégration dans le gouvernement d'Edith Cresson. L'année suivante, il devient ministre de l'Équipement, du Logement et des Transports dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy.
Après la défaite des socialistes aux législatives de 1993, Jean-Louis Bianco consacre son énergie à son enracinement local. Il fait toute sa carrière dans le département des Alpes-de-Haute-Provence : conseiller général, maire de Digne-les-Bains, puis conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
En 1997, il est élu député pour la première fois dans la 1ere circonscription des Alpes-de-Haute-Provence. En 2002 et 2007, il est réélu à chaque fois de justesse (50,79 % en 2002, et 52,32 % en 2007 malgré un ballotage défavorable).
Député, président du conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, Jean-Louis Bianco pensait pouvoir revenir au pouvoir avec la victoire de la gauche aux législatives de 1997. Mais lorsque Lionel Jospin devient Premier ministre, il n'est pas nommé au gouvernement. A Jacques Attali, il avait confié son amertume d'avoir été mis à l'écart. Officiellement, Lionel Jospin, qui avait annoncé le droit d'inventaire des années Mitterrand, estimait que Jean-Louis Bianco était trop proche de l'ancien président de la République. En réalité, le poids politique du député des Alpes-de-Haute-Provence était assez faible au PS à cette époque.
Pendant sa traversée du désert, Jean-Louis Bianco se replie sur son fief électoral des Alpes-de-Haute-Provence. Parallèlement à ses activités politiques, Jean-Louis Bianco gère un patrimoine personnel important de près de 3 millions d'euros au point d'être assujetti à l'Impôt de Solidarité sur la Fortune. Il est notamment co-propriétaire d'une entreprise spécialisée dans la fourniture de tubes et de poutrelles pour les travaux publics. Cette entreprise, nommée Stat, est une filiale française du groupe italien Bianco.
La campagne présidentielle de 2007 offre un retour politique spectaculaire à Jean-Louis Bianco sur la scène nationale. Ségolène Royal cherche des soutiens au Parti Socialiste en vue de la primaire en 2006. Très vite, Jean-Louis Bianco lui offre ses services, sentant que la présidente de la région Poitou-Charentes peut bousculer les éléphants du PS, Jospin, Fabius, DSK. Pour Ségolène Royal, le soutien de Jean-Louis Bianco s'avère important. Pilier de la Mitterrandie, il connaît par coeur le Parti Socialiste.
Directeur de campagne de la candidate pendant la présidentielle, il va exercer la fonction de vieux sage en rectifiant les multiples erreurs et improvisations de Ségolène Royal dans les médias.
Malgré la défaite de la candidate, Jean-Louis Bianco a réussi son retour politique sur la scène nationale à l'occasion de cette présidentielle. Si Ségolène Royal devient Premier secrétaire du Parti Socialiste au congrès de 2008, Jean-Louis Bianco pourrait être nommé numéro 2 du parti.
La situation du Parti Socialiste
- Qui sont les éléphants du PS ?
- Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ?
- Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants
- Ségolène Royal, les raisons d'une défaite qu'elle ne reconnaît pas
Les électrons libres
- Benoit Hamon, le fondateur du Nouveau Parti Socialiste
- Arnaud Montebourg, le trublion du PS
- Gaëtan Gorce, un homme politique discret qui s'affirme
- Manuel Valls, un social-libéral au Parti Socialiste
- Vincent Peillon, un docteur en philosophie qui veut devenir Premier secrétaire du PS
Les proches de Ségolène Royal
- Jean-Marc Ayrault, l'incontournable président du groupe socialiste à l'Assemblée
- Jean-Louis Bianco, la seconde jeunesse du Secrétaire général de Mitterrand
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