breve · 1er nov. 2007 à 20:54
Dans la hiérarchie gouvernementale, Christine Boutin n'est que la 12ème des 15 ministres du gouvernement. En charge de la politique de la ville et du logement, la ministre a pourtant vite compris ce qu'attendait Nicolas Sarkozy : travailler les dossiers et être capable d'en rendre compte dans les médias. Depuis la rentrée, Christine Boutin applique à la lettre les recommandations du chef de l'Etat. Elle multiplie les sorties médiatiques, tantôt en délocalisant son ministère (facture de 300 000 euros), ou alors en tentant de récupérer dans son cabinet ministériel, le fondateur de l'association Don Quichotte qui défend les SDF.
Mais depuis plusieurs semaines, la très médiatique ministre du logement doit faire face à un phénomène médiatique qui lui ait moins favorable, les campements située rue de la banque à Paris. Des mal-logés ont installé des tentes à proximité de la bourse pour réclamer un toit alors que l'hiver approche. En choisissant rue de la banque, ces mal-logés ont cherché un lieu symbolique pour pouvoir se faire entendre et exprimer leur désarroi de devoir vivre dans la rue. L'installation de ces tentes rappelle celle du Canal Saint Martin en janvier dernier qui avait permis le vote du droit au logement opposable. Cette fois-ci, les mal-logés bénéficient du soutien de nombreuses personnalités : Guy Bedos, Carole Bouquet, Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Emmanuelle Béart et d'autres.
Il y a quelques semaines, les tentes situées rue de la banque avaient été enlevées par les forces de l'ordre. Les mal-logés s'y étaient de nouveau installés. Ce matin, une centaine de gendarmes et de policiers a été nécessaire pour évacuer de nouveau le campement de fortune des mal-logés de la rue de la Banque, dans le 2ème arrondissement de Paris.
De son côté, Christine Boutin tente de se justifier en affichant sa fermeté. Elle s'est dite déterminée à ne pas tolérer que des campements s'installent dans Paris. La mise en oeuvre du droit au logement opposable, qui va permettre à un mal-logé de faire en recours en justice contre l'Etat s'il n'obtient pas un logement décent, prend plus de temps que prévu. En attendant, des familles entières s'apprêtent à passer l'hiver dehors, faute de place dans les centres d'hébergement dont l'hygiène laisse souvent à désirer.
Au-delà du drame que vivent ces familles, l'épisode "rue de la banque" montre les limites d'une politique qui se veut spectaculaire d'un point de vue médiatique mais nécessairement plus lente dans la mise en oeuvre pratique. A force de multiplier les "gadgets" comme la délocalisation de son ministère, à force de chercher à occuper l'espace médiatique quitte à être malmené en direct par Paul Amar après qu'il ait révélé qu'elle n'a pas voulu débattre avec un représentant de l'association "Droit au logement", Christine Boutin a suscité de nombreuses attentes et est devenue la cible des mal-logés. Ces derniers ont appris à utiliser les médias aussi bien qu'elle.
Il reste maintenant à la ministre d'apporter une réponse à cette situation d'urgence tout en trouvant des solutions sur le long terme pour résoudre la crise du logement. Ce travail de fond ne pourra se faire qu'en sortant de la logique médiatique à court terme.
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