Présidentielle américaine · 8 nov. 2007 à 22:46
Nicolas Sarkozy a fait une visite officielle de deux jours aux Etats-Unis au cours de laquelle il a rencontré le président Bush et tenu un discours devant le congrès.
Le président de la République est pro-américain. Toute la difficulté de son voyage était de ne pas en faire trop. Il est dans une phase d'apprentissage en matière de relations internationales, c'est un sujet qu'il maîtrise moins bien que les autres, il n'a pas d'expérience dans ce domaine. Tout en renouvelant son amitié aux Américains, le chef de l'Etat devait éviter d'incarner la caricature de l'atlantiste qu'on a donné de lui pendant la campagne. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy est en décalage par rapport à l'opinion publique en France : il est pro-américain alors que les Français témoignent plus souvent d'un anti-américanisme certain.
De l'avis de certains diplomates, le changement d'orientation de la politique étrangère vis-à-vis des Etats-Unis est risqué. En effet, la politique étrangère d'un pays s'apprécie selon trois données :
- la tradition diplomatique d'un pays qui a été accumulée dans l'histoire du pays
- la nécessité de tenir compte de l'opinion publique
- l'évolution du système international
Or, sur ces trois points, Nicolas Sarkozy prend un risque en soutenant sans réserve les Etats-Unis. Depuis 1958, la tradition diplomatique de la France vis-à-vis des Etats-Unis est celle de l'indépendance nationale, du rejet d'une domination trop forte des Etats-Unis. Cette politique est aujourd'hui remise en cause par Nicolas Sarkozy. De même, par rapport à l'opinion publique française mais aussi européenne, la position de Nicolas Sarkozy dérange car elle ne correspond pas à l'état de l'opinion plus anti-américaine que pro-américaine. Enfin, sur la scène internationale, pendant la guerre froide, un Etat recherchait l'appui des grandes puissances pour se protéger. Aujourd'hui, les Etats cherchent avant tout à acquérir une réelle indépendance. Nicolas Sarkozy va en quelque sorte à contre-courant de cette évolution.
Pendant son discours au congrès, qui a duré 45min, le chef de l'Etat a été applaudi une dizaine de fois. Son discours avait été remanié le matin même de son intervention. Certains passages rédigés par Henri Guaino ont été retirés, notamment ceux sur Guantanamo, à la guerre en Irak, au dérapage. Tout cela a été remanié pour aboutir à un discours plus nuancé. La première partie était consacrée à l'Amérique glorieuse, au rêve américain, la deuxième partie du discours venait nuancer le propos précédent avec des passages sur la nécessité de tenir compte de l'Europe sur la scène internationale. A la fin de son discours, le président de la République a eu le droit à une standing ovation.
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