Internet et blogs · 10 nov. 2007 à 23:19
Face aux mouvements sociaux qui prennent forme, l'UMP a décidé de répliquer sur Internet en rappelant les promesses du candidat Sarkozy. Le calcul du parti majoritaire de droite est simple : on reproche souvent aux hommes politiques de ne pas tenir leur promesse, l'UMP veut donc montrer que ce qui se passe aujourd'hui avait été annoncé pendant la campagne. D'une certaine manière, l'UMP cherche à opposer les manifestants aux électeurs majoritaires de mai 2007 qui ont choisi Nicolas Sarkozy. Décryptage de la stratégie de communication de l'UMP sur le web.
C'est bien connu, les hommes politiques font beaucoup de promesses pendant la campagne électorale mais, une fois au pouvoir, le principe de réalité s'impose et certaines promesses ne sont pas tenues. Ségolène Royal, candidate PS à la présidentielle de 2007, avait elle-même reconnu, quelques semaines après sa défaite, que certaines de ses propositions n'étaient pas crédibles.
Ces promesses non tenues sont à l'origine d'une grande partie de la défiance des électeurs à l'égard du monde politique. Si l'abstention n'a cessé d'augmenter ces vingt dernières années, c'est en partie parce que les hommes politiques n'ont souvent pas toujours tenu leurs engagements de campagne.
C'était le cas notamment en 1995 quand Alain Juppé avait élaboré un plan de rigueur pénalisant les couches populaires alors que Jacques Chirac s'était engagé à réduire fracture sociale pendant la campagne présidentielle.
Le contexte de 2007 est très différent de celui de 1995. En 1995, les électeurs s'étaient sentis trahis par Jacques Chirac. Cette fois-ci, tout ce qui se passe aujourd'hui, Nicolas Sarkozy l'avait annoncé pendant la campagne présidentielle : réforme des régimes spéciaux, autonomie des universités, non-remplacement d'un départ en retraite sur deux dans la fonction publique. On ne peut donc pas reprocher à Nicolas Sarkozy de faire le contraire de ce qu'il avait annoncé. C'est sur ce point que l'UMP souhaite communiquer pour contrer les mouvements sociaux de novembre en insistant sur les réalisations des promesses de Nicolas Sarkozy.
Sur le site de l'UMP, une page d'accueil provisoire a été créée pour annoncer la mise en ligne d'un tableau de bord de suivi des engagements. Ainsi, Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, présente l'UMP comme un "gardien des promesses et des engagements pris par le président de la République. Il en va de la crédibilité de l'engagement et de la légitimité de l'action". L'objectif affiché est donc clair : montrer que les réformes qui sont contestées sont légitimes. A cet effet, l'UMP a donc mis en ligne un tableau de bord qui récapitule les promesses tenues.
Le tableau de bord reprend les 15 engagements de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle et précise ce qui a déjà été fait : pour chacun des engagements, l'internaute peut consulter une série d'articles composée de deux partis "réalisé" et "à venir". Il faut reconnaître que sur la forme, ce tableau de bord est incontestablement un gage de sérieux. L'UMP joue ainsi la transparence absolue et compte bien ainsi enterrer définitivement le mythe des promesses non tenues.
L'UMP joue le jeu de la transparence et réalise un joli coup médiatique en publiant sur internet le suivi de la mise en oeuvre du programme de Nicolas Sarkozy. Mais l'exercice a ses limites. En politique, la qualité d'une information se mesure au degré d'indépendance de la source. Lorsque l'UMP publie la liste des promesses tenues, ce n'est pas de l'information mais de la communication. Même si les initiateurs du projet peuvent être de bonne foi, le tableau de bord est avant tout un outil de communication au service de Nicolas Sarkozy. L'UMP n'est pas indépendante mais partie prenante. Les informations publiées dans le tableau de bord ne font pas l'objet d'une analyse critique. Seuls des médias indépendants peuvent la faire.
Par exemple, on ne trouve nulle part la trace de l'invalidité partielle par le conseil constitutionnel de la réduction d'impôt sur les intérêts d'emprunt pour ceux qui souhaitent acquérir un logement. En l'occurrence, dans ce cas de figure, il s'agit d'une promesse du candidat Sarkozy qui ne pourra être tenue.
Par conséquent, la stratégie internet de l'UMP pour contrer les mouvements sociaux en rappelant les promesses de campagne est intelligente du point de vue de la communication. Mais chacun doit avoir à l'esprit que cette initiative relève avant tout de la communication et que l'information politique qui y est publiée est forcément partisane.
La communication politique
- 2007, la campagne zapping : pourquoi aucun thème ne s'est imposé ?
- Sarkozy et les médias : l'information neutralisée par la communication politique
- Nouvelleuniversite.gouv.fr : le gouvernement communique sur la réforme des universités
- Faillite, rigueur, guerre : les mots tabous en politique
Les mouvements sociaux
- Grève : le remake de 1995 ?
- Qu'est-ce que les régimes spéciaux de retraite ?
- Fonction publique : un plan de rigueur qui ne dit pas son nom
- Pourquoi les étudiants bloquent-ils les universités ?
- François Fillon se prépare à un mois de novembre noir
Les promesses des candidats
- Economie : les promesses des candidats sont intenables
- Ségolène Royal juge que son pacte présidentiel n'était pas crédible
_____________________________________________________
Politique.net : Clic droit, clic gauche, l'hebdo de la Netpolitique