Revue de presse · 12 nov. 2007 à 18:58
Le pouvoir exécutif s'attendait à des turbulences avec la réforme des régimes spéciaux. L'Elysée, Matignon, la majorité parlementaire y sont préparés. Mais le gouvernement n'avait pas prévu les autres conflits : les grèves dans la fonction publique pour contester la baisse des effectifs, les blocages des universités par des étudiants opposés à la réforme des universités, les blocages des ports par des marins-pêcheurs qui manifestent contre la hausse du prix des carburants. Pire, les professionnels de la justice défileront fin novembre pour contester la réforme de la carte judiciaire, et un mouvement des routiers n'est plus à écarter en raison de la hausse continue du prix des carburants.
La liste des mécontentements est impressionnante. Pour l'instant, chacun manifeste dans son coin : les marins-pêcheurs ont manifesté le 6 novembre, les blocages d'université ont débuté la semaine dernière, les cheminots se mettent en grève à partir du 14 novembre, les syndicats enseignants appellent à une journée de grève le 20 novembre. Enfin, les professionnels de la justice devraient manifester le 29 novembre. Mais le gouvernement redoute une jonction de tous ces mouvements disparates. Si officiellement, le pouvoir exécutif affiche sa fermeté, en coulisses, on redoute le scénario catastrophe d'un blocage total de tout le pays par tous les corps de la fonction publique.
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- Régimes spéciaux : les points de contestation (nouvelobs)
6 novembre, 14 novembre, 20 novembre, 29 novembre : les grèves et les manifestations se déroulent pour l'instant en ordre dispersé. Si les revendications sont très différentes (remise en cause des réformes des régimes spéciaux, de l'université, de la carte judiciaire), toutes ont pour point commun un mécontentement vis-à-vis du pouvoir et une volonté d'en découdre avec le gouvernement de François Fillon et Nicolas Sarkozy. La gauche espérait un troisième tour social après ces défaites successives à la présidentielle et aux législatives, il prend forme ces jours-ci.
Face à ces mouvements, le pouvoir exécutif affiche sa fermeté, surtout sur la réforme des régimes spéciaux. Mais aussi déterminé soit-il, le gouvernement ne pourrait pas gérer 4 mouvements sociaux simultanés.
La stratégie du pouvoir est donc claire : insérer la division pour éviter la constitution d'un mouvement social unitaire. Xavier Bertrand, le ministre du travail, a déjà commencé ce travail de sape en obtenant un accord avec un syndicat de cheminots. Mais le pouvoir devra lâcher davantage de lest pour calmer les esprits.
Pour l'instant, les syndicats peinent à maintenir un front uni. Sud Rail et FO cheminots sont prêts à un conflit de longue durée, c'est d'ailleurs tout le sens de la grève de 24h du 14 novembre qui sera reconductible. En revanche, à la CFDT, on veut éviter à tout prix le pourrissement du conflit et l'impasse : à l'heure actuelle, la CFDT de la RATP n'appelle pas à une grève reconductible.
Nicolas Sarkozy et François Fillon ont préparé les esprits en n'écartant pas l'idée d'un conflit qui s'installe dans la durée. Le gouvernement est prêt au rapport de force et ne veut pas reculer, sous peine de ne plus pouvoir rien faire pendant le reste du quinquennat.
Ce week-end, l'UMP tenait un conseil national délocalisé à Pornic. Les députés UMP savent qu'il va falloir tenir bon. Selon Jean-Pierre Raffarin, s'ils ne se sentent pas soutenus par les Français, les syndicats les plus modérés vont lâcher. Mais après plusieurs semaines de conflits, personne ne sait qu'elle sera l'attitude des députés UMP, candidats aux municipales en 2008. L'issue du conflit dépend donc de l'opinion.
Nicolas Sarkozy espère gagner la bataille de l'opinion. Ces derniers jours, il a martelé que les réformes proposées faisaient partie de son programme de gouvernement et qu'il entendait respecter ces promesses de campagne. Officiellement, le pouvoir veut se montrer serein. Il prépare l'opinion à un conflit qui pourrait durer des semaines.
De leur côté, les syndicats réfléchissent à la meilleure stratégie : protester, installer le rapport de force sans rendre le mouvement trop impopulaire aux yeux de l'opinion. Car c'est elle qui aura le dernier mot : si les usagers s'impatientent et dénoncent l'attitude des syndicats, le pouvoir ne reculera pas. En revanche, si l'opinion rejette la faute à un pouvoir autiste, qui n'est pas à l'écoute, alors le gouvernement pourrait revoir sa copie.
Quoi qu'il soit, la période qui s'ouvre mercredi 14 novembre 2007 s'annonce incertaine et coûteuse. Une grève à la RATP et à la SNCF coûte 20 millions d'euros par jour ce qui en fait un argument supplémentaire pour les syndicats afin de pousser le gouvernement à négocier.
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