Revue de presse · 15 nov. 2007 à 21:09
Aujourd'hui, le conseil constitutionnel se réunissait pour statuer sur la validité de la loi sur les tests ADN et sur les autorisations des statistiques ethniques. A cette occasion, Jacques Chirac fait son entrée au Conseil constitutionnel. Il y a retrouvé un autre ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing. Retour sur les retrouvailles de ces deux ennemis politiques.
- Libération : Le conseil constitutionnel valide les tests ADN
- Le Figaro : Les Sages disent «oui mais» aux tests ADN
- Le Monde : Le Conseil constitutionnel, plus si sage
Le conseil constitutionnel a pour fonction de vérifier si une loi est bien conforme à la Constitution. Il est composé de 9 membres nommés pour un mandat unique de 9 ans par le président de la République, le président du Sénat et le président de l'Assemblée nationale. En plus de ces 9 membres, on compte aussi les anciens présidents de la République, membres de droit. C'est à ce titre que Valéry Giscard d'Estaing siège à la haute assemblée. Il est rejoint aujourd'hui par Jacques Chirac.
Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing se sont rarement parlés depuis 1976. Cette année-là, Jacques Chirac, alors Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing, claque la porte de Matignon. Les deux hommes ont gouverné ensemble pendant deux ans. Deux années au cours desquelles Valéry Giscard d'Estaing n'aura de cesse de court-circuiter son Premier ministre en multipliant les conseils restreints à l'Elysée.
En 1974, lorsque Giscard d'Estaing est élu président, il doit choisir un Premier ministre "gaulliste" pour s'assurer du soutient de la majorité parlementaire de droite. Il décide alors de nommer Jacques Chirac. Très vite, la relation entre les deux se dégrade : Giscard ne lui fait pas confiance, et Jacques Chirac n'a pas les mains libres. En 1976, Jacques Chirac jette l'éponge et crée un nouveau parti politique, le RPR, pour se préparer à l'élection présidentielle de 1981.
Lors de l'élection présidentielle de 1981, Jacques Chirac se présente contre le président de la République sortant. Il va tout faire pour faire perdre Valéry Giscard d'Estaing. Au premier tour, Jacques Chirac est largement devancé par Giscard et Mitterrand. Le calcul de Jacques Chirac est alors simple : une réélection de Valéry Giscard d'Estaing signifierait la fin de sa carrière politique. En revanche, une élection de Mitterrand mettrait Giscard KO et Jacques Chirac deviendrait le premier opposant et leader incontesté à droite. Pendant l'entre-deux-tours de la présidentielle, il est désormais avéré que Jacques Chirac a rencontré François Mitterrand et à l'issue de ce diner, tous les adhérents du RPR ont reçu un courrier leur demandant de ne pas voter pour Giscard d'Estaing.
Vingt ans plus tard, on estime que Jacques Chirac a fait perdre l'élection présidentielle à Giscard d'Estaing.
Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing se sont donc retrouvés aujourd'hui au Conseil Constitutionnel pour étudier deux projets de loi du gouvernement. Il s'était déjà croisé en juillet dernier dans la même salle du conseil. Jacques Chirac avait été hésitant, presque perdu. En revanche, Giscard d'Estaing, siégeant depuis 2004, est plus au fait du fonctionnement du Conseil constitutionnel. On peut donc s'attendre à une rivalité feutrée entre les deux hommes.
Aujourd'hui, ils ont donc participé au vote avec les 9 autres membres du Conseil Constitutionnel, dont Jean-Louis Debré.
Le Conseil Constitutionnel avait été saisi par les députés socialistes et ceux du MoDem pour examiner la loi sur l'immigration qui instaure les tests ADN et la possibilité de constituer des statistiques ethniques. Le projet de loi sur les tests ADN a été validé par les sages du Conseil constitutionnel, avec certaines réserves. En revanche, ils ont censuré l'article autorisant les statistiques ethniques. Après le projet de loi sur le logement, c'est donc le deuxième projet de loi de Nicolas Sarkozy qui est en partie censuré par le Conseil constitutionnel.
Le Conseil constitutionnel serait-il en train de se politiser ? Jean-Louis Debré est hostile à Nicolas Sarkozy. Mais l'actuel président du Conseil constitutionnel rejette toute accusation de partie pris. Malgré tout, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, s'exprimera demain au micro de RTL pour commenter la décision.
Du jamais vu.
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