Revue de presse · 27 nov. 2007 à 21:21
Les grèves contre les régimes spéciaux à peine terminées, le pouvoir exécutif pense déjà à la prochaine réforme de fond : l'assouplissement du marché du travail et la mise en place du contrat de travail unique. Cette réforme est très impopulaire chez les salariés puisque la généralisation du CDI (Contrat à Durée Indéterminée) s'accompagnerait d'une facilitation de licenciement. Sur cette question, le gouvernement a laissé aux partenaires sociaux le soin de négocier jusqu'en décembre. Mais si sur la proposition du contrat de travail unique, syndicats et patronat n'arrivent pas à s'entendre, alors François Fillon aurait recours à la loi.
- Le Figaro : "François Fillon se félicite d'une gestion presque parfaite du conflit"
- Libération : "Fillon félicite le Premier ministre"
- Le Monde : "Contrat de travail : M. Fillon veut une réforme rapide"
Officiellement, dans le conflit sur les régimes spéciaux, il n'y a pas de gagnants, ni de perdants. C'est ce que le gouvernement cherche à expliquer dans les médias. Mais cette posture ne correspond pas réellement au véritable état d'esprit de Nicolas Sarkozy et de François Fillon.
Alors que François Fillon se montrait morose en septembre, estimant que les comptes de l'Etat étaient préoccupants, et après avoir remis en cause sa collaboration avec le Président de la République, voici qu'il se sent gonflé à bloc pour mener à bien la réforme des contrats de travail. L'issue des manifestations contre la fin des régimes spéciaux lui a redonné confiance.
Ainsi, devant les étudiants de la Stockholm School of Economics, il a exposé la façon dont, avec Nicolas Sarkozy, il est parvenu à mettre fin aux grèves des transports. Selon lui, en France, il y a du nouveau : l'opinion publique comme le gouvernement sont bien décidés à mettre en oeuvre les réformes voulues par la majorité des Français. Et d'ajouter que c'est par le dialogue mais surtout la fermeté qu'il est parvenu à imposer cette réforme préparée depuis de longs mois. Il estime également que les délégations syndicales ont accepté de négocier parce qu'elles s'attendaient à d'autres négociations importantes et des réformes plus difficiles.
Le 4 septembre dernier, les négociations entre syndicats et patronat ont commencé. Elles portent sur la modernisation du marché du travail. Le Medef par exemple souhaiterait que l'on soumette aux salariés des CDI et non plus des CDD pour réaliser un projet précis et que l'on puisse recourir à une rupture à l'amiable entre patron et salarié pour éviter les contentieux devant les prud'hommes. Les syndicats, de leur côté, attendent de meilleurs conditions de travail.
Les discussions sont difficiles même si les partenaires sociaux ont trouvé des points d'accord sur certains aspects de la réforme du marché du travail. L'ultime séance de travail est fixée à la fin décembre et tous espèrent trouver un compromis sans avoir recours à l'intervention de l'Etat. Depuis la loi du 31 janvier 2007, le dialogue social entre patronat et syndicat sur les réformes du droit du travail prime. Si le dialogue est rompu, l'Etat doit intervenir.
Manifestement, le gouvernement semble impatient à récupérer le dossier. Sur ce sujet, François Fillon s'est empressé d'affirmer que les négociations s'enlisent. Fort du succès sur les régimes spéciaux, le gouvernement souhaiterait accélérer le calendrier, notamment pour faire accepter le contrat de travail unique. En prenant de cours les syndicats, François Fillon parie sur un passage en force par surprise. Faute de mobilisation suffisante de la part des syndicats, cette mesure pourrait être prise dès le début de l'année 2008. D'ici là, les partenaires sociaux ont encore un mois pour trouver un compromis, guère plus.
La réforme des régimes spéciaux
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